[dropcap]L[/dropcap]e grand philosophe grec, Platon, ne s’est pas trompé lorsqu’il raisonna: « C’est nous qui faisons notre destin. Qui sème l’habitude, récolte le comportement. Qui sème le comportement, récolte le caractère. Qui sème le caractère, récolte le destin ».

Nous sommes maîtres de notre destin, c’est une évidence! Que les religions monothéistes croient autrement que le destin de chacun de nous est prédéfini par une puissance divine, c’est un notre domaine. Le dogme. L’irrationnel. L’inexplicable.

L’explicable, c’est que la nature politique du régime de Sékou Touré fut l’une des conséquences de notre choix libre pendant le référendum du 28 septembre 1958.

L’explicable, c’est que toutes les pagailles perpétrées par le capitaine Moussa Dadis Camara et sa bande de militaires en 2008, fut le résultat du manque de patriotisme du général Lansana Conté qui, gravement malade, refusa – pour des raisons égoïstes- de mettre de l’ordre dans les institutions de l’Etat. Lorsqu’il est décédé, et en considérant la faiblesse et le désordre des institutions de l’Etat, un coup de force militaire conduisit facilement au pouvoir, des anarchistes.

Avec le président Alpha Condé, l’explicable se positionne lentement, mais sûrement. A l’âge de 77 ans, le président Alpha Condé ne possède pas encore la sagesse, ou la maturité humaine, ou le patriotisme aveugle pour son pays, pour comprendre, logiquement, que son temps de vie sur terre est presque fini.

Nous ne pouvons pas souhaiter la mort à personne. Ici, il est question d’une personnalité publique qui, à ses 77 ans est absolument consciente de l’écart imminent qui la sépare du seuil de la mort. Et surtout, à cet âge, avec des responsabilités aussi grandes que celles d’un chef de l’Etat.

En cas de vacance de la fonction du président de la république, aujourd’hui, consécutive au décès, ou tout autre empêchement définitif, c’est la grande pagaille qui s’installerait dans le pays. De l’anarchie de toute nature. Aucun guinéen ne serait surpris! Comment peut-on être surpris lorsque la présidence de la république ne pense qu’à ses propres intérêts égoïstes? Alpha Condé ne pense pas un seul instant que les événements qui se sont produits immédiatement après la mort de Lansana Conté, sont susceptibles de se reproduire s’il décédait, lui-même, aujourd’hui.

C’est indéniable! Du côté des institutions, rien ne démontre que la Guinée se porte bien. La classe politique est divisée autour du rôle réel que doivent jouer les institutions du pouvoir politique. Des doutes autour du système électoral. Rien ne démontre que dans l’armée la quiétude est totale. Les tensions ethniques se notent par-ci, par-là.

La politique est un processus par lequel les communautés poursuivent des objectifs communs et abordent leurs conflits dans le cadre des institutions. Autrement dit, il ne suffit pas seulement d’atteindre des objectifs communs, mais aussi et surtout, il faut savoir résoudre les conflits qui éclatent dans la poursuite de ces objectifs.

Le programme politique du président Alpha Condé prévoit de construire la Guinée comme un château de cartes, aussitôt construit, aussitôt détruit. Les guinéens ne doivent plus mettre la charrue devant les bœufs. Ils en ont marre. Si Alpha Condé, avec son grand âge, n’éprouve aucun sentiment de patriotisme pour son pays, et qu’il préfère que la Guinée sombre dans la violence après sa mort (logiquement très proche), et bien, aux guinéens d’ouvrir les yeux et d’agir avant qu’il ne soit trop tard.

Naby Laye Camara