La très brûlante actualité remet au gout du jour la problématique de l’Unité Africaine et les principaux questionnements, à notre sens, y afférents. La déconfiture, la destruction et la déconstruction restant de réelles menaces qui, a la limite, pourraient entraver l’intégration politique en Afrique. Et la balkanisation du continent bloque, au plan des faits, le développement et la croissance des pays africains.
D’ailleurs l’accentuation de la turbulence politique en Afrique et sa montée en cuirasse exige des peuples, des Etats et des gouvernements de notre continent un autre réalisme pour faire face aux nouveaux effets du capitalisme et de la mondialisation. Car le niveau des agitations enregistrées, leur récurrence et leur fréquence interpellent les Africains. Demain pourrait ne pas exister. Or nos peuples aspirent, en ce XXIe siècle, à s’émanciper et à s’épanouir. Comment admettre le niveau atteint par les partenaires multilatéraux qui décident, sans nuance, des lignes d’action retenues par des gouvernements en Afrique ? La Banque Mondiale, le FMI et l’Union Européenne, par exemple, exercent une autorité visible et lisible sur nos orientations politiques respectives ou décident, souvent, de la musique à jouer.
En fait l’Occident continue, sans pudeur, à tirer des avantages substantiels de nos matières premières et de nos ressources. Il ne serait pas inopportun de revisiter les fondamentaux qui encadrent la pratique du partenariat d’avec l’0ccident, les Nations Unies et l’ensemble de ses systèmes. Sans oublier la coopération technique multilatérale. L’Afrique devrait, à son tour, recadrer ses structures panafricaines et son système en matière d’intégration africaine.
Malheureusement cinquante deux années d’exercice de la souveraineté n’ont pu, par exemple, aider à l’amorçage et à la durabilité du développement à la base. Au moment où l’électoralisme se propage à un rythme galopant. Or la création de richesses nationales et la promotion de l’emploi restent une deuxième priorité. . Certains effets nés de la conflictualité en Afrique, ses corollaires qui restent le désordre et l’impuissance des organisations internationales africaines, doivent conduire, maintenant à reconsidérer la diplomatie déployée par l’Afrique. Car les faits révèlent, selon toute vraisemblance, que les rapports de force économiques sont déterminants en coopération internationale. Même si la mondialisation déploie, de façon évidente, l’hégémonisme mis en opération par l’Occident. Peut être que l’Occident, en nous enfermant de manière continue dans le culte des symboliques charriées par l’existence de l’Etat-Nation, réussit à consolider son hégémonisme. Ce qui lui permet, toujours, de tirer profit de nos ressources. L’Asie s’est ressaisie et a engagé des ruptures profondes qui contribuent à la consolidation d’un leadership parfait. Par contre, l’Afrique patauge ou n’arrive, guère, à couper les amarres de l’exploitation de l’homme par l’homme.
N’est-il pas temps d’amorcer une politique d’intégration africaine réaliste, cohérente et souveraine capable, à court terme, de hâter un fédéralisme qui ne mettrait en berne la souveraineté des Etats membres ? Qui ne retarderait la promotion, à moyen terme, de l’intégration économique et militaire. Et qui aiderait, sans risque à la réalité de l’unité africaine. D’autant que l’atomisation ayant cours, renforce, de manière effective, la balkanisation et empêche le lancement d’un confédéralisme africain fort.
Certes, les ensembles économiques sous régionaux et régionaux ont déclenché, véritablement, le début d’une ligne de cohérence économique, l’esquisse d’un fédéralisme africain et la mise en action d’un système de pertinence institutionnel citoyen et diplomatique de grande échelle. Cependant l’Occident n’arrête, par son hégémonisme ambiant et tentaculaire, de perpétuer son diktat. Comment rompre d’avec les liens dans lesquels, malheureusement, le capitalisme enferme l’Afrique ? Il est plus que temps, en attendant de réussir l’intégration africaine, de recadrer la pratique politique en Afrique en innovant la méthodologie. En l’adaptant surtout, à l’espoir et à l’espérance des peuples. Car l’absence effective de corrélation entre les moyens et les besoins demeure, aux yeux des populations du continent, un prétexte. Le niveau des ressources, au plan des dotations factorielles, n’autorise plus que la croissance ne soit pas amorcée et que la pauvreté demeure, comme une nuit sans aube, l’unique ligne d’horizon depuis toujours.
Cette raison, l’innovation de la méthodologie en intégration politique africaine s’entend, convoque toutes les consciences africaines à engager, après l’autodétermination des peuples du continent intervenue depuis 1960, une réflexion pour reformer certains procédés choisis en vue d’encadrer la pratique institutionnelle.
En somme l’Afrique a pris des initiatives salutaires pour promouvoir son intégration politique. Elle devrait inviter, maintenant, les gouvernements à reconsidérer, après cinquante années consacrées à la reconstruction, leur approche en encadrement de la gouvernance et surtout, en développement. La cruelle pesanteur d’un social désarticulé, l’absence d’un futur pour les générations montantes et l’institutionnalisation du chaos politique commandent une autre conduite pour que l’intégration africaine soit une réalité.
Il est même osé et téméraire, devant l’inexistence d’un minimum social visible et lisible resté structurel, de parler d’emploi et de travail. Notons le fait qu’au Sénégal, 20% de la population active travaillent ; retenons de plus, que presque 60% de la population n’ont pas encore 40 ans. Signalons également, la situation, du marché du travail qui n’offre, point plus de 10% d’emplois. Sans oublier d’observer le cas que le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) ne parvient guère, à se muer en salaire minimum interprofessionnel de croissance(SMIC).
De tels renseignements statistiques, du reste, très éloquents justifient la nécessité, pour les pays africains, de quitter la bureaucratie, de reformer l’emploi des ressources financières, de restructurer la politique de croissance et de développement. En essayant, au cours des 20 prochaines années, de se consacrer au renforcement de la bonne gouvernance qui suppose, selon notre humble avis, une redéfinition des procédés de l’encadrement de l’intégration politique africaine. C’est-à-dire, quitter la panne qui empêche, naturellement, l’Afrique de prendre en charge son développement. *
Comment s’expliquer l’improbable développement de l’Afrique, après, plus de 50 ans d’indépendance ?
Le fait de l’impasse des stratégies déployées en Afrique, demeure, dans une grande mesure, une cause. La non maîtrise de la gouvernance, aussi, est une deuxième cause. Enfin, l’accentuation de l’atomisation devenue un mur qui ne permet à l’Afrique de réussir aucune intégration. Il faudrait profiler, de nouveau, les ensembles, recadrer les techniques afférentes à la création de richesses et choisir un système de pertinence politique qui soit de nature à éradiquer la balkanisation. Voilà des actes qui aideraient à gagner en adéquation.
L’expérience de l’Union Africaine, par exemple, édifie sur la complexité de l’intégration politique en Afrique. Mais les exigences des africains nous somment, pour éviter la déconstruction des pré-requis obtenus entre 1960 et 2012, de marquer une pause et mettre en action une autre prospective économique et sociale. Délivrer les peuples africains de l’exploitation entretenue par les capitalistes et amorcer la croissance pour promouvoir une nucléarisation des moyens d’action constituent des voies pouvant rendre probable la réussite de notre développement. D’autant que certains assauts enregistrés en Afrique entre 2011 et 2012 indiquent la nécessité impérieuse de réduire, enfin, toute la volonté de l’0ccident de reconquérir le continent africain. La spirale de la violence, le péril de la déconstruction et l’intensité de la colère des peuples africains seraient à stopper. Pour éviter, une nouvelle fois, la naissance d’un mouvement du désordre et de la déconstruction. Sachons que, comme nous l’indique le sage, « là où il n’ya pas de bois, le feu parvient à s’éteindre ».
Il convient d’emprunter le changement sans verser dans une tendance visant l’ostracisme. Sans tomber, non plus, dans un mimétisme sauvage et féroce. Maintenir le partenariat international, consolider les acquis en coopération technique internationale sont utiles. Mais éradiquer la satellisation systémique, de façon systématique, constitue, une priorité, aujourd’hui, en politique étrangère. Penser que « des lézards deviendront des dragons » relève de l’utopisme.
Par contre, donner à l’Union Africaine une fonction confédérale dans un fédéralisme institutionnel qui ne menacerait, dans aucun cas, les souverainetés nationales, est une des voies de recours qui contribuerait à la viabilité et à la fiabilité de l’intégration politique africaine.
GuineeConakry.info