Face à l’interdiction des manifestations de rue dans le pays, la fermeture des médias et la cherté de vie, la société civile guinéenne a instauré une nouvelle méthode pour dénoncer les dérives du Comité national pour le rassemblement pour le développement (CNRD). Il s’agit des Journées T-shirts rouges. Tous les jeudis, des citoyens s’habiteront en rouge pour exprimer leur ras-le-bol contre la junte.
VisionGuiinee s’est entretenu vendredi avec Billo Bah, responsable de la mobilisation du Front national de la défense de la constitution (FNDC). Il affirme que cette démarche des acteurs de la société civile guinéenne vise à se faire entendre en protestant de manière pacifique contre la fermeture des médias, la cherté de la vie, les délestages électriques dans le pays et autres impairs de la transition. Entretien.
VisionGuinee : Parlez-nous de l’initiative des ‘’Jeudis T-shirts rouges’’
A l’issue de la rencontre, nous avons établi un plan de constatations pour nous indigner de ce qui se passe actuellement dans notre pays. Pour un début, nous avons préféré utiliser cette démarche très pacifique qui consiste à faire en sorte que chaque jeudi que les guinéens qui se reconnaissent dans ce combat portent des T-shirts rouges partout où ils sont. Ils n’ont pas besoin de venir au siège du FNDC. Ils peuvent le faire là où ils sont pour revendiquer et publier des photos sur les réseaux sociaux.
Pensez-vous que cette démarche va avoir des impacts ?
C’est un message que nous adressons au CNRD de façon très pacifique. Parce qu’ils sont guinéens comme nous. La gâchette facile n’arrangera absolument rien. La violence n’arrangera absolument rien. Au FNDC, nous n’avons jamais abdiqué dans le combat que nous menons. Nous resterons guinéens et nous restons en Guinée pour le bien du peuple. Nous nous engageons à porter le flambeau. En plus de ce que nous faisons comme démarche citoyenne, souterraine et diplomatique pour aller vers tous ceux qui peuvent accéder au CNRD, utiliser cette stratégie permettra d’attirer l’attention des autorités afin de revoir la situation et revenir à des meilleurs sentiments pour le bien du peuple de Guinée. Le peuple de Guinée souffre, mais le CNRD aussi en souffre parce qu’ils se sont eux-mêmes mis dans une prison.
Pourquoi les acteurs politiques ne sont pas avec vous dans cette initiative ?
Nous avons eu des dynamiques où il y avait des acteurs socio-politiques. Tout comme nous pouvions aussi nous retrouver exclusivement de façon sociale afin de faire des revendications pour que le message puisse aussi passer. C’est une manière pour nous de revoir nos stratégies afin de toucher ceux à qui nous nous adressons.
Que faites-vous pour susciter l’adhésion des guinéens à votre initiative ?
Nous lançons un appel aux guinéens qui se reconnaissent en notre plateforme revendicative contre la fermeture des médias, le délestage récurrent du courant électrique, la cherté de vie et tous les impairs au cours de cette transition de suivre notre mot d’ordre. Si nous ne sommes pas entendus à travers les T-shirts rouges, nous lancerons un ultimatum. Nous comptons faire des manifestations généralisées sur l’étendue du territoire national.
Avez-vous rencontré les chefs religieux pour une sortie de crise ?
Au moment où nous parlons, nous avons adressé des courriers à tous les leaders d’opinions notamment les religieux. Nous saluons la démarche des religieux chrétiens qui ont fait déjà une sortie médiatique. Nous avons également adressé des courriers aux coordinations régionales.
Un dernier mot ?
Nous lançons un appel à tous les guinéens épris de paix, de justice, soucieux de l’avenir de ce pays. Nous sommes à près de 3 ans de retard par rapport aux pays. Nous n’avons absolument rien fait. Trente (30) mois pour rien, 30 mois de délestage, 30 mois sans eau et de cherté de vie. Pour toutes ces raisons, nous demandons à tous de porter des T-shirts rouges tous les jeudis.
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
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