[dropcap]L[/dropcap]a crise qui secoue l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) est loin de trouver un dénouement. A l’allure où vont les choses, elle risque fort d’ébranler la cohésion au sein du parti. Pro-Cellou et les pro-Bah Oury semblent avoir affûter leurs armes pour une longue bataille.

Cet affront qui s’est transporté sur la place publique domine l’actualité. A telle enseigne que l’on se demande si lUfdg va-t-elle résister à la tempête qui la guette?

Ce ne sont pas les mises en garde contre toute tentative de déstabilisation de la cohésion au sein du parti qui vont prendre le dessus. Non plus les suspensions du téméraire Mamadou Barry et du secrétaire fédéral d’Allemagne accusés de poser des actes subversifs, qui vont calmer les candidats à la lutte intestine qui couvent le parti depuis les premières heures de l’exil de Bah Oury.

Quand son Vice-président, Fodé Oussou Fofana fait une sortie médiatique et annonce que désormais la direction nationale de l’Ufdg va prendre ‘‘ses responsabilités’’, en déclarant: «tous ceux qui veulent aller chez M. Alpha Condé, partez maintenant, la porte est grandement ouverte Nous le disons ici clairement, la direction nationale du parti ne tolérera pas d’indiscipline au sein du parti. Ça va être valable pour tous les militants et les responsables du parti».

Ce qui met au silence, c’est son cas particulier avec son concurrent de Vice-président, Bah Oury. Lui Fodé Oussou Fofana ayant rempli le fauteuil à la place de l’exilé a gardé la main et s’est même vu confier le très convoité poste de président du groupe parlementaire les libéraux démocrates après les législatives du 28 septembre 2013. Ces prestiges et ces avantages accordés à un pro-Cellou de la trempe de Fodé Oussou ne peuvent faire que des ovationneurs. Il y en a qui laissent exploser leur colère de voir des faveurs énormes arrachées aux pro-Bah Oury.

Le malaise est profond. Les occasions de l’exprimer se sont présentées surtout quand Cellou Dalein Diallo, plus technocrate que politique est rendu responsable de tous les ratés électoraux enregistrés depuis les scrutins présidentiels de juin et novembre 2010. Les toisés lancés par les pro-Bah Oury sont souvent pris pour pure expression démocratique dans les réunions. Il arrive même que Bah Oury l’écrive dans ses messages ou que certains de lieutenants le répètent lors des meetings comme dans les assemblées hebdomadaires.

Ces dégoûtés que l’on retrouve dans certains compartiments du parti sont rongés par un dépit envieux de la présence prolongée d’un président qu’ils croyaient éphémère. Ils rajoutent à la rancœur et versent dans les invectives. C’est pour tout cela que Cellou Dalein Diallo commence à cravacher dur en usant des prérogatives que lui confère son statut de président du parti.

Procédurier, il laisse le soin aux membres du bureau exécutif de prendre la responsabilité qui leur sied. Lui ne faisant qu’entériner la décision en y apposant sa signature. Et le vice-président Fodé Oussou Fofana, tout-désigné pour l’annoncer à la presse, ameuter les réseaux sociaux et l’appuyer par des commentaires souvent aux relents de règlements de comptes ciblés. «Qui que tu sois, quelle que soit la fonction que tu occupes, si tu ne respectes pas le règlement intérieur et les statuts du parti, nous te mettrons dehors et tu vas rejoindre M. Alpha Condé. Si vous n’êtes pas de l’UFDG et que vous avez l’intention de perturber l’harmonie, la cohésion, vous nous trouverez sur votre chemin. Personne ne sera toléré. L’UFDG ne se laissera pas faire. Si tu n’es pas bien pour l’UFDG, nous t’exclurons».

Les déclarations de Fodé Oussou Fofana ne sont pas fortuites. Elles visent à prévenir Bah Oury et tous ses inconditionnels retranchés à l’intérieur de la structure du parti qui avaient bien perçu son message d’exil appelant à «ouvrir le débat» à l’interne pour trouver des solutions.

Pour eux, cette menace de la direction nationale du parti ne repose pas «sur un fondement légal en rapport avec la procédure en vigueur au sein de l’UFDG». C’est une équipe de communication mise en place par les pro-Bah Oury qui entre en scène et prophétise «que rapidement des solutions idoines vont être trouvées sans effriter l’unité et la cohésion au sein de l’UFDG».

Cependant, cette crise opérée au sein du plus grand parti d’opposition se présente non pas comme un vent qui passe, mais en véritable coup pouvant faire s’éclater l’Ufdg comme naguère l’Ufd de laquelle est née l’Ufdg. En plus et pour boucler la boucle, l’idée de création d’un nouveau parti faîtier animerait certaines têtes pensantes de cette famille politique. Avec pour objectif, fédérer des petits partis et fonder une mouvance autour de Cellou Dalein Diallo.

Si cette alternative se réalisait, l’Ufdg version Bah Oury s’en sortirait relégué à sa place de parti cabine téléphonique à défaut de s’estomper carrément. Son fondateur n’ayant ni la grandeur d’esprit, ni le cœur, ni le dos large, encore moins la peau épaisse de rassembleur. Des qualités qui ont fait de Cellou Dalein Diallo le plus charismatique des leaders politiques guinéens après Sékou Touré, Barry Diawadou, Siradiou Diallo et Ba Mamadou.

Abdoul Malick Diallo