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La fête de la mare de Baro célébrée en grande pompe à Kouroussa

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[dropcap]B[/dropcap]aro est l’une des 11 sous préfectures de Kouroussa qui perpétue depuis le 13è siècle, soit plus de 700 ans, des pratiques d’invocation de la grâce des génies protecteurs. Ce mercredi 27 mai, les fils ressortissants et résidents de cette contrée de la Haute Guinée ont célébré la fête plusieurs fois séculaire.

Baro feteC’était en présence de la préfecture dame de la République, Djènè Kaba Condé et de l’ambassadeur de France, Bertrand Cochery, avec à leurs côtés plusieurs invités et des autorités régionales et locales. Mais avant, et comme toutes fois, c’est une grandiose cérémonie qui est organisée la veille : question pour les organisateurs d’accueillir, dans une ambiance festive, leurs distingués hôtes.

A cet effet, un grand bal leur est offert au stade sous-préfectoral devant une foule nombreuse. Là, le public a droit à la prestation des chasseurs traditionnels couramment appelés les « donzos », au défilé des « sèrès », le tout auréolé par les pas de danse au rythme du « doundoumba », encore appelé la danse des hommes forts. Munis de chicotte et autres machins, ces danseurs énergiques disent magnifier la bravoure des anciens. Durant près de 2 heures d’horloge, le public est tenu en haleine par les intrépides et infatigables prestataires.

La nuit tombée, un film réalisé à Baro en 1985, est projeté par le célèbre cinéaste Cheick Doukouré. La vue dans ce film de certains des siens morts il y a longtemps, fait naître aux Barois une vive émotion et les plonge dans un lointain souvenir. Mais, le public est dispersé par la pluie qui s’abat aussitôt sur le village. Ce n’est pas étonnant cela. ‘‘Ceci est une tradition ici, à Baro. A l’occasion de la célébration de la fête tous les ans, les populations s’attendent à la pluie. Ce qui témoigne de l’aspect sacré de la chose’’, nous siffle à l’oreille un ressortissant venu de Conakry pour invoquer la grâce des génies.

Le lendemain mercredi, une exposition-photos a lieu sur l’esplanade du Centre culturel. Ces photos, elles aussi datent de plus de 20 ans. Là également, les anciens sont ressuscités à travers leurs images. Leurs proches, à la vue de ces images, ne peuvent contenir des larmes. Nostalgie, émoi et mélancolie s’y côtoient et s’y tutoient à souhait. Les invités du Petit musée de dame Fifie Niane, escortés par son célébrissime historien de père, le professeur Djibril Tamsir Niane, se rendent au domicile du doyen de Baro, le sotikèmo, où des prières sont formulées.

De là, l’on se rend à Djinkônô ou la cour royale. Dans cette cour, a vécu le premier chef du village de Baro. Partout, le diplomate Bertrand Cochery et sa suite ont eu droit à un accueil à la dimension de l’hospitalité mandingue, avant de rallier la Place publique où ils sont émerveillés par des chants et danses des populations. Certes, une journée qui deviendrait un projecteur qui fera revivre sur l’écran de l’histoire de Baro les plus émouvantes, décisives et mobilisatrices phases de toutes les populations pour la promotion de leurs cultures et mœurs.

Le sous-préfet, Moussa Traoré saisit l’instant solennel pour exprimer un certain nombre de problèmes qui se posent à sa communauté, dont l’amélioration des conditions d’accueil de la mare pour qu’elle réponde, dit-il, aux attentes de la population tout en contribuant au développement du village. ‘‘Pour ce faire, nous sollicitions son aménagement et la construction des infrastructures d’accueil pour les rendre plus touristiques que par le passé. Le groupement féminin des vendeuses de poissons de Baro sollicitent une chambre frigorifique pour la conservation des poissons frais. Car, c’est ce groupement qui ravitaille tous les villages voisins, y compris ceux des sous préfectures voisines et de Koumana et de Kinièro. Aussi, nous sollicitons l’application du plan de lotissement détaillé de Baro-centre déjà élaboré par une entreprise locale. Sur le plan de l’éducation, nous sollicitons également l’envoi des professeurs de lycée pour la prochaine ouverture des classes’’, exprime-t-il.

Il est 13H à Baro. Le public rallie la mare. Ici, dans les bois centenaires, vit le couple de diables nommés respectivement Bolè Karinka et Bolè Fadima, avec leur fille, Kouraba. Autour de l’autel dans le bosquet, les nécessiteux venus de partout à travers la contrée et même d’ailleurs, font la procession. Ils sont reçus par des prêtres sacrificateurs qui servent de courroie de transmission entre les génies et les communautés. A ces prêtres issus exclusivement de la famille Camara de Baro, les nécessiteux formulent leurs vœux tout en faisant des offrandes et en promettant que s’ils ont la satisfaction dans leurs requêtes formulées, ils reviendront apporter aux génies l’année suivante quelque chose qu’ils ont promis en toute liberté et dont ils sont persuadés d’avoir d’ici là. Avoir un bon mari ou un enfant, avoir un emploi décent, voyager sur l’Occident, bénéficier d’une promotion dans leurs services respectives, voilà entre vœux sont formulés par les uns et les autres. Et des invocations leur sont faites dans ce sens. S’en suivent alors chants et danses aux couleurs du Manding médiéval.

Des pêcheurs venus de partout sont entassés le long de la mare et même à l’autre de côté de la rive. Ils attendent le coup d’envoi qui doit être donné sous peu de temps. Les gardiens de la mare, après concertation avec les autorités, s’acheminent vers le lac et ordonnent la descente dans la mare. Et c’est parti pour la pêche collective. Munis de filets et d’autres matériels de pêche, les populations se lancent donc dans cette activité purement traditionnelle.

A peine, la chance sourit à une première femme qui y sort avec un gros silure. Très émerveillé, l’ambassadeur de France, Bertrand Cochery décide de le prendre contre la « symbolique » somme de 500.000 FG. La fête continue de plus belle sous les notes de tamtam, du n’goni et de doundoun.

Mais la mare de Baro reste menacée. Car, elle est guettée par un probable tarissement si elle n’est pas curée durant les prochaines années. Cela, suite à la dégradation poussée de l’écosystème. Toute chose qui devrait interpeller les autorités à préserver cet acquis de plusieurs siècles et qui pourrait bien être classée parmi le Patrimoine culturel mondial de l’Unesco.

Mady Bangoura, pour VisionGuinee.Info

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1 commentaire
  1. nsiradaraba dit

    Compte rendu d’une tres bonne qualite!!

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