[dropcap]L[/dropcap]e 28 septembre 2015, six ans auront passé depuis que des militaires, sans doute ivres d’un pouvoir confisqué trop longtemps, ont ouvert le feu sur une foule de manifestants pacifiques réunis au stade de Conakry.
Ces militaires ont commis de terribles crimes, tuant 157 personnes, blessant des dizaines d’autres et violant, au cœur de la capitale guinéenne, une centaine de femmes, certaines emmenées de force et réduites à l’esclavage sexuel pendant plusieurs semaines.
Mon fils, Mohamed Ali Conte, professeur d’histoire, était parmi ceux qui avaient choisi de sortir dans la rue pour rappeler à un homme, le capitaine Moussa Dadis Camara, sa promesse de ne pas se présenter à l’élection présidentielle, une élection attendue par l’ensemble de la population après cinquante ans de dictature. Le 2 octobre 2009, son corps nous a été remis parmi plusieurs dizaines d’autres, un sac en plastique autour du coup dissimulant mal l’impact de la balle qui l’avait frappé. Très vite, pourtant, mes pensées sont allées à tous ceux qui n’ont jamais été retrouvés, probablement enfouis à la hâte dans quelque terrain vague ou camp militaire de la capitale, pour tenter d’amoindrir un bilan terrifiant.
Depuis, le combat pour la vérité et la justice est devenu le quotidien partagé des victimes, des avocats et des associations engagées à leurs côtés. Avec le soutien de la FIDH et de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme (OGDH), nous avons accompagné quatre cents victimes devant les trois juges d’instruction chargés d’établir les faits. Ensemble, nous avons pu rassembler et transmettre de très nombreux témoignages et informations qui devront permettre à la justice de remplir sa mission. Si l’instruction a longtemps été laborieuse, l’impulsion du nouveau ministre de la Justice, M. Cheik Sako, a permis des progrès importants et quatorze personnes sont désormais inculpées, dont l’ancien chef de l’État putschiste Moussa Dadis Camara, aujourd’hui au Burkina Faso dans un exil qui ne dit pas son nom.
L’étau judiciaire se resserre
Officier subalterne, celui-ci avait réussi, à la mort de Lansana Conté en 2008, à passer en quelques heures du ravitaillement en essence de l’armée à la tête d’une junte militaire hétéroclite, dont le massacre du 28 septembre 2009 restera le principal fait d’armes. Alors que l’étau judiciaire s’est considérablement resserré au cours des derniers mois, Moussa Dadis Camara a annoncé dans un même élan son retour en Guinée et sa candidature à l’élection présidentielle du 11 octobre. L’un comme l’autre ont été contrariés, en dépit d’une alliance scabreuse avec un parti politique dont les militants avaient pourtant payé un lourd tribut au stade de Conakry. Moussa Dadis Camara semble donc avoir abattu sa dernière carte, en laquelle il comptait pour négocier son impunité… Lire la suite sur Jeune Afrique.
IL faut que Dadis et ces complices paye le mal qu’ils ont fait aux peuples de guinée.