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Menaces sur la liberté de la presse en Guinée : le recul est effarant !

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[dropcap]L[/dropcap]oin de toute polémique stérile, il faut faire le point avec lucidité sur la situation des journalistes et de la presse dans notre pays. Les importantes avancées sur le plan législatif, héritage du régime Lansana Conté et de la transition militaire, font l’objet de nombreux assauts de la part du régime du président Condé. L’heure est au rassemblement pour la défense de ces acquis.

Une des réalités qu’on aura du mal à comprendre, même longtemps après le départ du Professeur Alpha Condé du pouvoir, est son aberration aigüe pour la presse. Non seulement celle de son pays, où il affirme qu’il n’y a pas de journalistes, mais aussi à l’international où reporters, correspondants et animateurs provoquent souvent son irritation. Cette situation est incompréhensible plusieurs égards.

D’abord parce que l’homme, diplômé de droit public est censé comprendre le rôle considérable de la liberté de la presse dans la construction de l’État de droit dans un pays fragile comme le nôtre.  D’ailleurs, ne s’y est-il pas exercé lui-même dans sa jeunesse pour véhiculer ses messages et surtout son espoir pour une Afrique démocratique ? Son idylle avec l’hebdomadaire français Charlie Hebdo est connu de tous.

Ensuite, parce qu’il a un long passé d’opposant au régime répressifs successifs de la Guinée indépendante. Sous le Général Lansana Conté par exemple, l’actuel maître absolu du pays n’a dû son existence politique pendant longtemps qu’à cette presse décomplexée qui n’hésitait jamais à braver le courroux du vieux Lion noir en sa faveur. Quid de son séjour à la prison civile de Coronthie, où les associations de défense des droits de l’Homme se sont succédé pendant deux ans, grâce au travail sans relâche de cette mal aimée qu’il n’arrête plus de pourfendre. Pour mémoire, sa première visite après sa sortie de bagne a été effectuée au siège d’un journal.

Enfin parce que le président est un très grand théoricien. Celui d’une Afrique unie, mais aussi démocratique et responsable. Fin connaisseur des dossiers internationaux, il sait mieux que quiconque, le rôle majeur de la presse dans l’avance prise par les pays anglophones du continent sur les francophones. Il discourt sans cesse sur le bénéfice de la révolution numérique, et il est loin d’ignorer son impact sur la circulation de l’information à travers la planète.

Mais l’on est en droit aujourd’hui de s’interroger sur le modèle économique, mais surtout démocratique qu’il entend instaurer en République de Guinée. Admiratif de Paul Kagamé, presqu’extasié devant les nombreuses réalisations économiques du Général rwandais qui ne partage son pouvoir avec personne depuis bientôt un quart de siècle, la tentation d’une autocratie, voire d’une dictature dite éclairée est grande. Ne commerce-t-il pas bien plus aujourd’hui avec la Chine qu’avec ses les pays de ses amis Bolloré et Sorros ?

La libéralisation de la Presse écrite dès 1991 et celle de l’audiovisuel en 2005 sont des héritages du feu Général Conté. La dépénalisation des délits de presse, et l’adoption d’une loi organique portant droit d’accès à l’information publique sont des accomplissements majeurs de la junte militaire qui lui a succédé. Autant dire que l’accession au pouvoir de cet universitaire a suscité beaucoup d’espoir chez les professionnels de la presse guinéenne.

Mais la désillusion de l’ensemble de la corporation est cinglante. Non seulement il refuse catégoriquement de promulguer la loi sur l’accès à l’information du 24 novembre 2010, mais les attaques de son régime contre la presse indépendante de son pays se font désormais au grand jour. En espace de quelques jours, deux stations de radiodiffusion ont été suspendues en toute illégalité. Des journalistes interpelés par la gendarmerie pour des délits non constitués. D’autres ont reçu des menaces de morts. Une quinzaines d’hommes et de femmes de médias ont par la suite été sauvagement molestés par ces mêmes gendarmes. Aucune convocation, aucune enquête officielle n’a été ouverte pour faire la lumière sur ces graves dérives antidémocratiques.

Et comme cerise sur le gâteau, c’est un autre journaliste qui vient de voir ses droits constitutionnels violés par la gendarmerie et la justice de son pays. Comment en effet comprendre que l’arsenal pénal soit mis branle contre un journaliste, pour un présumé délit commis par voie de presse ? L’étudiant en première année de droit sait qu’une loi particulière, de surcroit une loi organique, l’emporte sur une loi générale.

Au soir du 21 décembre 2020, on risque fort de retenir du passage de ce professeur de droit plus son acharnement à restreindre les libertés fondamentales de ses concitoyens que mêmes ses nombreux voyages dont l’utilité et les bénéfices restent à démontrer.

Mohamed MARA, dans la Plume sur radio Espace FM

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1 commentaire
  1. SORY dit

    Aaah…ouait… Au temps de Lansana Conté et la Transition militaire,les journalistes Étaient libres et insultaient racontant toutes les mensonges sur Conté , Dadis ou encore Konaté,,,,,
    Quel menteur ce Mara, On connaissait les relations de L.Conté ou Dadis avec les journalistes ou autres syndicalistes.
    Ce pseudo-journaliste ment comme la plus part de ses semblables. en Guinée.

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