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Quelques leçons politiques de l’affaire Ousmane Gaoual-Diouldé Tane

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Gaoual free[dropcap]L[/dropcap]e député Ousmane Gaoual a été placé sous mandat de dépôt le 10 août et incarcéré comme un vulgaire malfrat à la maison centrale de Conakry. Le conflit l’opposant au PDG de TANE au pire des cas se serait soldé par une simple amende dans le cadre d’une justice impartiale et équitable. La gestion de cette affaire par différents acteurs institutionnels et politiques montre un mépris total des fondements de l’État de droit et de la primauté de l’autorité de la loi.

La justice est la grande perdante

En aucune façon l’immunité parlementaire qui est consacrée par les lois de la République n’a été respectée. Pour faire bonne figure, le procureur qualifie de « flagrant délit » une chaude dispute entre deux citoyens pour tout simplement passer outre à posteriori la disposition constitutionnelle de l’immunité parlementaire dont bénéficie l’un des protagonistes de la dispute. Ainsi, l’instrumentalisation de la justice est manifeste pour régler les comptes à un adversaire du pouvoir politique en place. Sous cet angle, le plaignant se voit entraîner dans une logique politicienne qui n’est pas de son ressort. La célérité avec laquelle, les forces de l’ordre sont intervenues dans le scénario, en tirant nuitamment aux alentours du domicile du député et par la suite en perquisitionnant les lieux le lendemain (certainement pour rechercher l’arme du flagrant délit) démontre l’existence d’une justice aux ordres et à double vitesse. La suspension des financements de l’Union Européenne du volet « réformes de la justice »  est ainsi justifiée.

L’assemblée nationale dévaluée 

Ravalée à une caisse d’enregistrement par la non participation des députés de l’opposition aux débats parlementaires depuis le mois de mars 2015 , elle est dévaluée par le silence du bureau de cette institution devant la violation du droit des parlementaires. Kory Koundiano en abdiquant devant ses responsabilités a scié la branche sur laquelle ses députés sont perchés. Cette couardise a permis au procureur Sidiki Keita d’empiéter sur l’indispensable séparation des pouvoirs et a créé aussi une  jurisprudence qui pourrait être utilisée contre n’importe lequel des députés ,y compris ceux de la mouvance présidentielle. Alpha Condé a réussi à travers cet acte à dompter encore davantage son parlement et à y imposer son ordre. Après Ousmane Gaoual, ce sera au tour de quel autre député récalcitrant aux yeux du pouvoir d’ être jeté en prison, Saikou Yaya Barry  de l’UFR ? Jean Marc Telliano du RDIG ? Ou pourquoi pas Ousmane Kaba ? Ou Kory Koundiano ? Tous les deux du RPG-Arc-en-ciel .

La classe politique guinéenne en question

Les débats pour ou contre Ousmane Gaoual reflètent une réalité déconcertante dans le paysage politique guinéen. Certains justifient leur indifférence parce qu’ils estiment que l’attitude du député UFDG de Gaoual est répréhensible. Certes, mais ils oublient que l’acte de juger est du domaine exclusif de la justice (la vraie) et que la présomption d’innocence est un droit inaliénable . Il est évident que la mentalité des « tribunaux populaires du PDG-RDA » a encore beaucoup d’émules. Toutefois, l’État de droit proclamé dans notre constitution est notre référent unique. Il n’appartient pas à la classe politique de trancher le différend « Ousmane Gaoual-Tané », par conséquent l’action politique ne doit chercher qu’à conforter l’application stricte des règles de droit de manière impartiale ,équitable et libre. Se battre pour le respect des droits des autres, c’est se battre pour le respect de ses propres droits. En Guinée, peu de responsables politiques en font le principe directeur de leur engagement publique. C’est le règne de la jungle où tous les coups sont permis . C’est la raison principale du désastre de notre pays. Cette vérité est aussi bien valable pour ceux qui sont dans l’opposition que pour ceux qui sont dans la mouvance présidentielle.

A la maison centrale, Ousmane Gaoual a dû apercevoir Baba Alimou , Thierno Sadou ou le Général Nouhou Thiam qui croupissent en prison depuis plus de quatre années. L’histoire d’une pétition en faveur de ces détenus, lui est certainement revenue à l’esprit. Quoiqu’il ait pu faire, dans les circonstances actuelles, il mérite d’être soutenu pour le respect strict de ses droits de parlementaire et de justiciable.

Au moment de terminer ces lignes, la nouvelle de sa condamnation à 18 mois d’emprisonnement avec sursis est tombée. Cet épée de Damoclès au dessus de sa tête, ne doit pas l’empêcher de faire son travail de parlementaire critique et courageux. Il lui appartient de montrer qu’il saura surmonter cette nouvelle épreuve avec panache.

Bah Oury, Vice-président de l’UFDG

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1 commentaire
  1. Diallo dit

    Justice guinéenne à bas!

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