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A bas les coups d’Etat ! Vive les coups d’Etat !

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[dropcap]L[/dropcap]e comportement antidémocratique des despotes qui se sont servis de la démocratie pour accéder au pouvoir va favoriser et légitimer le retour des coups d’État militaires dans l’Afrique Occidentale ‘’Française’’.

Il suffit de regarder la liesse populaire qui a accompagné les putschistes jusqu’à la résidence du désormais ex-président malien, IBK pour s’en rendre compte. Il est certain qu’aujourd’hui, s’il y avait un coup d’État en Guinée, les putschistes seraient accueillis comme le CNDD de Dadis Camara l’avaient été en 2008.

Pourtant, au début des années 2000 et bien avant, les populations de l’Afrique de l’Ouest en avaient assez de ces coups d’État et des pouvoirs militaires. Elles rêvaient de pouvoir civil, de démocratie et d’alternance pacifique qu’elles considéraient à juste titre comme gage de stabilité et de progrès. Elles ont alors manifesté et parfois recouru même à la force pour les obtenir.

Cependant, l’arrivée à la tête de nos États de l’Afrique francophone d’individus qui se croient providentiels et incontournables a fait perdre à beaucoup l’espoir de l’instauration d’une véritable démocratie et d’une alternance paisible et crédible. Alors les populations ont repris les rues pour essayer de chasser ces imposteurs et usurpateurs de démocratie.

L’on se rappelle de la défaite humiliante d’Abdoulaye Wade au Sénégal en 2012 lorsqu’il s’était obstiné à obtenir de façon illégitime un troisième mandat avec la complicité de sa cour constitutionnelle. Il y a aussi le cas plus récent de Blaise Compaoré qui en 2014 a voulu défier la volonté populaire pour se maintenir au pouvoir après 27 ans de règne sans partage.

Chez nous en Guinée, nous avons connu le pouvoir du CNDD qui avait bénéficié du soutien populaire au lendemain du coup d’État sur le cadavre du général Conté. Cependant, pour avoir simplement émis du doute sur leur promesse de transférer le pouvoir aux civils, Dadis et le CNDD ont rapidement perdu la légitimité sur laquelle reposait leur pouvoir qui n’avait pourtant aucune base légale car né d’un coup d’État. Ayant ainsi perdu sa légitimité, le CNDD a voulu alors imposer son autorité par la force, et face à la défiance populaire, il s’est servi de la violence. Malheureusement, les tueries du 28 Septembre 2009n’avaient servi qu’à délégitimer davantage le pouvoir des putschistes du CNDD. Nous connaissons tous la suite : Dadis est toujours en exil forcé au Burkina.

Aujourd’hui, Alpha Condé, après « s’être battu pour l’instauration de la démocratie » en Guinée, est en train de perdre toute légitimité aux yeux de la majorité de la population. Cependant, fort de sa mainmise sur l’armée, la police, la gendarmerie et les finances de l’État, il est en train de combler ce déficit de légitimité par la corruption, la division, la force et la violence de l’État. Chaque élection qu’il organise est précédée de violence et de morts et les résultats sont toujours suivis par plus de violence et de morts.

Pour revenir au coup d’État qui a mis fin au régime d’IBK, beaucoup d’observateurs le condamnent parce qu’il porte atteinte à la légalité. Cependant, ils oublient que c’est IBK qui avait entamé le processus de délégitimation de son pouvoir lorsqu’il a imposé contre le choix populaire, son propre choix de députés à travers une cour constitutionnelle à sa solde. Peut-être qu’on devrait élargir la définition et le sens des mots « coup d’État » pour inclure les changements de constitution ainsi que tout acte illégitime visant à confisquer le pouvoir contre la volonté populaire. Si telle définition était prise en compte, il est clair qu’Alpha Condé et Alassanne Ouattara auraient reçu les mêmes condamnations que les putschistes du Mali.

La légalité et la légitimité sont fondamentales pour asseoir tout pouvoir politique. La légitimité est encore plus importante pour un pouvoir civil que la légalité, car c’est la légitimité qui confère à tout pouvoir la force nécessaire pour s’imposer même sur ceux qui possèdent les armes. Sans légitimité, rien n’empêcherait aux détenteurs d’armes de guerre de déposer les chefs d’État à chaque fois que ça leur plairait.

Au lieu de lire sans véritablement comprendre « Le Prince de Machiavel », nos chefs d’État devraient plutôt chercher à comprendre et à tenir compte des aspirations de leur peuple et essayer de leur mieux de les satisfaire.

Abdoulaye J BARRY
ajbarry@live.com
Portland, OR USA

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