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A la découverte du fortin de Boké, le chemin de non-retour des esclaves…

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Situé à la porte du port négrier de la Basse Côte au bord de Rio Nunez, le musée régional de Boké est le temple de l’histoire de la pénétration coloniale française dans notre pays. Dans ce monument, est gardée la précieuse histoire de René Caillié qui pour traverser la Guinée a dû changer de religion. 

De René Caillé à Ibn Abdallah

Dans la cour du musée, un des guides du musée régional de Boké se prête à nos questions et nous fait visiter le monument de René Caillé, le premier explorateur français qui, selon lui, a obtenu ‘’la bénédiction de la Basse Côte pour s’enquérir de l’histoire de cette partie de la Guinée’’.

En consultant la carte géométrique, selon Amadou Traoré, ‘’René Caillé a trouvé le Sénégal. De là-bas, il a découvert qu’il y a deux religions à savoir le christianisme et l’islam. Et entre ces deux religions, c’est l’islam qui dominait. C’est en ce moment qu’il s’est intéressé à la religion musulmane et a cherché à apprendre des versets coraniques’’.

‘’C’est cette rue appelée René Caillié. Il l’a empruntée pour traverser la Guinée. En optant d’aller au Fouta Djallon, il a dû changer de nom pour se surnommer Ibn Abdallah. C’est avec ce nom arabe que le Fouta l’a accueilli. Après avoir visité tous les sites historiques de cette région, il a continué vers Dinguiraye. Il a par la suite emprunté le fleuve Niger en avril 1827 pour arriver à Tombouctou et Tanger en 1828 qui étaient des carrefours de dépotoirs d’esclaves’’, relate le guide.

A l’intérieur du musée, un portrait de René Caillé en boubou accueille les visiteurs. ‘’Ce sont les habits qu’il a portés pour traverser la Guinée’’, apostrophe-t-il.

Construit en 1860, ce bâtiment servait de campement pour le commandant du cercle de la pénétration coloniale. ‘’Il a été érigé en 4 pièces. La première case, c’est celle de surveillance. La deuxième, c’est pour les archives. Et la troisième pièce, c’est la réception. Et la quatrième, c’est la case sous-terraine où transitaient les esclaves clandestins’’.

Reserve de l’histoire…

Avant de pénétrer dans le bâtiment, Amadou Traoré énumère des consignes qu’il faut respecter à la lettre. La première : interdiction de formelle de filmer ou de prendre des photos. Notre matos ragé, il nous fait visiter des ‘’pièces sacrées des 4 communautés à savoir les Baga, les Landouma, les Mikhforé et les Nalou’’.

Dans la première salle, on y découvre un tabouret qui, selon notre interlocuteur, était utilisé lors du transfert de la chefferie traditionnelle. ‘’De nos jours, ces tabourets sont appelés Kibanyi. Nous gardons ici l’un des premiers fusils utilisés lors des combats entre les noirs et les blancs. Là, vous avez un masque sacré de la communauté Nalou appelée Banjounyi [le premier dieu des nalous]. Il y a aussi un chapeau de danse de la communauté Landouma. Cette communauté n’a qu’une seule principale danse appelée danse de Tiriba. Au cours de cette danse, on portait ce masque pour couvrir le visage. Regardez, lorsque le commandant du cercle a procédé à la construction, il est allé dans les bras de mer pour chercher ces roches qui ont été taillées. C’est pourquoi, de nos jours, ce bâtiment a fait 144 ans sans qu’il n’y ait de fissures internes ou externes. A côté, vous avez le premier fer à repasser africain. Voyez les sofas, ce sont eux qui représentent la première sécurité africaine’’, explique-t-il.

Plus loin est posé le Koromi, masque sacré de la communauté Landouma. ‘’Il était utilisé non seulement pour détecter un meurtre, un voleur ou un sorcier. Avant l’arrivée des blancs, il y avait la médecine traditionnelle en Afrique. D’où ce tabouret pour les écorces et les feuilles pour la purification. Aussi, vous avez le Yombofissa, c’est ce masque sacré que les bagas et Nalou utilisaient au cours de la danse des résistants. Le Nimba, c’est le masque sacré de la communauté baga utilisait à l’occasion de la sortie de la jeunesse. Le Nimba fétiche intervient dans les couples pour des problèmes de grossesse. Et l’autre Nimba est utilisé pour la sauvegarde de la vie des enfants. Lorsque la diarrhée persistait chez les enfants, des vomissements, c’est ce masque qu’on utilisait comme remède’’, renseigne-t-il.

Ici, fait-il remarquer, ‘’nous avons les premiers instruments de pêche, la poterie. Et la première monnaie africaine le Kenzé. Jusqu’à présent, elle a une valeur chez la communauté Toma. Sans ça, il n’y a pas de mariage chez les Tomas. Le premier jouet africain appelé Wari. Ça, c’est le tamtam utilisait dans les champs pour la motivation des travailleurs. En fin, il y a le premier moyen de communication africain, il transmet des messages, annonce des actes de naissance, décès, mariage de village en village’’.

Cave souterraine

La porte en fer continue de résister au temps. ‘’C’est ici transitaient les esclaves clandestins qu’on capturait. Mêmes certains tirailleurs sénégalais étaient là. Rien n’a été modifié au niveau de cette cavale, sauf la peinture, après 144 ans. La première salle renfermait des esclaves. Après avoir capturé une dizaine de personnes, on les gardait ici jusqu’à ce qu’on aperçoive un bateau. La deuxième salle, lorsqu’ils étaient prêts à être embarqués, on les enchainait. La troisième salle était réservée aux récalcitrants capturés par la force. Les chaines qui sont là, après 144 ans, restent intactes. La dernière salle, c’est celle des tortures’’, énumère le guide.

Après ces salles, conclut-il ‘’c’est le chemin de non-retour des esclaves. Ils passaient par ce chemin de non-retour long de 380 mètres enchainés. C’est le chemin qui mène au port négrier de la Basse Côte qui se trouve au bras de la mer’’.

Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info

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