[dropcap]C'[/dropcap]est un entretien qui date de plusieurs années qu’a publié vendredi le journaliste Caleb Kolié sur sa page Facebook. L’ancien chef de la junte militaire, le capitaine Moussa Dadis Camara, depuis Ouagadougou où il vit, se souvient dans quelles conditions il a pris le pouvoir à la mort du général Lansana Conté.

Le bouillant capitaine de l’armée explique, à l’entame de l’entrevue, que seul le destin l’a permis de prendre le pouvoir après avoir, dit-il, refusé de renverser le régime Lansana Conté au moment où l’ancien président était malade.

Dadis Camara, qui se déclare dans l’entretien idole de l’armée guinéenne, dit avoir appris la mort du général Conté à 22h avant de rallier le camp Alpha Yaya Diallo où il décide avec sa troupe de publier un communiqué sur les antennes des médias publics dans la soirée du 22 décembre 2008.

“Tout ce qui se passait dans la capitale, c’est moi qui calmait les militaires. Je leur ai dit que si ce n’est pas moi qui prends le pouvoir, je crois que ça sera le feu. Pivi et la troupe ont dit si ce n’est pas le capitaine Dadis, nous allons brûler la ville parce que j’étais leur idole”, explique l’ancien chef de la junte au pouvoir.

Il affirme que d’autres officiers de l’armée lorgnaient le pouvoir à la mort du général Conté. Parmi lesquels figure celui qui sera plus tard le président de la Transition, le général Sékouba Konaté et qui avait pour mission de l’arrêter. “Le général Sékouba était hésitant, il n’a jamais été dans la capitale. En matière de pouvoir militaire, il y a ce qu’on appelle rapport de force. Quand tu vois que ton ami a une grande force de frappe, tu peux même pas tenter de récupérer (le pouvoir) parce qu’il peut ordonner à ses hommes de t’arrêter”, avance Moussa Dadis Camara.

“Les rapports de force étaient tels que Sékouba ne pouvait rien. J’avais tous les parachutistes commandos de Kindia, les rangers qui étaient basés à Soronkoni à Kankan. Tout le camp Alpha Yaya Diallo était avec moi : les blindés, l’infanterie, l’aviation militaire et même la gendarmerie. Donc, Sékouba a été intelligent, il ne s’est pas opposé (à mon choix) sinon il allait perdre. Il a vu qu’en me touchant, il aurait lui-même perdu la vie parce qu’il n’avait qu’une petite force, ce n’était même pas un bataillon. C’était un petit détachement basé à Macenta, pratiquement une section”, a soutenu l’ancien putschiste.

Selon Dadis Camara, une fois au camp Alpha Yaya Diallo, le général Sékouba Konaté s’est rapproché de lui alors que telle n’était pas sa mission au départ. “Quand il a vu la position des gens au camp Alpha Yaya, il s’est ressaisi. Sinon sa mission fondamentale, après tous les renseignements, on l’avait amené au camp c’était pour m’empêcher (de prendre le pouvoir)”, raconte-t-il dans l’entretien.

Finalement, conclut le bouillant capitaine, “il a compris qu’il ne pouvait pas m’arrêter et que s’il tentait, ça allait être infernal parce que mes hommes allaient violemment réagir et moi-même j’allais réagir. Intelligent qu’il était, il a tissé des relations avec moi. Je l’ai approché, j’ai été sincère dans notre amitié”.

Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info

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