[dropcap]C'[/dropcap]est une marque de faiblesse indescriptible qui caractérise certains politiciens guinéens. Ils sont si maladroits qu’ils ne comprennent pas pourquoi ils sont dans l’opposition. Et si embrouillés qu’ils mettent une différence impossible entre l’opposition politique et l’opposition républicaine, deux expressions, mais un seul sens.

Aboubacar Sylla, le leader du parti UFC (Union des Forces du Changement), est dans le flou. Il affirme qu’il quitte l’opposition républicaine, mais qu’il demeure dans l’opposition politique.

Un politicien doit avoir une personnalité descriptible. Qu’on soit capable de lui dire qu’il est ainsi derrière ses idées, quelle que soit la ‘’tempête’’ des pressions politiques ou électorales.

L’opposition politique est un ensemble de partis qui s’opposent au pouvoir central. L’opposition républicaine, c’est l’opposition politique dans le sens rationnel de son combat, qui est la défense de la république et de ses valeurs.

L’opposition, c’est l’opposition. L’accent ‘’républicaine’’ de l’opposition politique n’est que le sens de son combat. Cela dit, dire qu’on quitte l’opposition républicaine et qu’on demeure dans l’opposition politique, c’est un langage de confusion, un flou qui cache une autre réalité.

La décision de quitter l’opposition républicaine, c’est bien celle de quitter l’opposition politique. Monsieur Aboubacar Sylla ne doit pas entretenir le flou là-dessus. Il reproche à l’ensemble des mouvements de l’opposition d’être inefficaces dans leur lutte politique contre le pouvoir central.

Mais pour un homme de principes, ou un politicien intelligent, ayant la conclusion dans la tête, il ne faut pas tourner autour du pot, les vraies causes des maigres résultats politiques face au pouvoir central s’expliquent autrement.

Si la Guinée était dans une situation de processus démocratique transparent, juste et respectueux des lois, il y aurait eu une marge d’angle de compréhension à l’égard des questionnements d’Aboubacar Sylla. Mais nous sommes dans une situation de processus démocratique chaotique, où Alpha Condé et son pouvoir utilisent injustement tous les appareils de l’Etat à des fins personnels.

Quelle est cette opposition politique au monde qui sera capable de briller par ses résultats, face à un pouvoir qui utilise tous les moyens de l’Etat, matériels et humains, dans le seul but de conserver le pouvoir ? Il n’y en a pas.

Même aux Etats-Unis, en France ou en Angleterre, etc., un parti au pouvoir qui abuserait tous les appareils de l’Etat pour gouverner, aucun parti de l’opposition ne parviendrait à briller par ses résultats.

Alpha Condé-opposant, aujourd’hui président de la République, était nul face à Lansana Conté. Pourquoi ? Parce que Conté utilisait injustement tous les appareils de l’Etat à des fins personnels.

En Guinée aujourd’hui, tout opposant politique doit comprendre cet enjeu politique et mettre de l’eau dans son vin. Ne pas le faire, et croire que la faiblesse entière de son camp est due à une mauvaise préparation, ou de méthode de travail très peu efficace, on doit absolument avoir un trou dans la conscience nous empêchant de percevoir la réalité politique dans son effectivité.

Cependant, une chose reste claire, on ne mettra pas de l’eau dans son vin si l’on est retenu et convaincu par un tiers de ne pas le faire.

Aboubacar Sylla veut rejoindre le pouvoir central, à l’instar de Sidya Touré ? Il est libre. Quant aux partis de l’opposition politique ou l’opposition républicaine, rien comme actions toxiques de la part des politiciens sans-principes peut les détourner de leurs objectifs, à savoir le démantèlement du pouvoir autoritaire d’Alpha Condé, et la mise en place d’un processus démocratique solide et consolidé en Guinée.

Naby Laye CAMARA
Depuis Bruxelles (Belgique)