Accusé d’avoir détourné des centaines de milliards de francs guinéens, Ibrahima Kourouma nie et réclame une confrontation avec l’inspection générale d’Etat
L’ancien ministre Ibrahima Kourouma est poursuivi pour détournement de deniers publics et enrichissement illicite devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). A l’audience de ce mercredi 22 janvier, il lui a été notifié qu’il est notamment accusé d’avoir détourné des fonds publics quand il était à tête du département de l’enseignement pré-universitaire et l’alphabétisation.
Le juge audiencier lui a annoncé qu’il est poursuivi un montant de 232 milliards 109 millions 400 mille 449 francs guinéens et un autre montant de 225 milliards 942 millions 780 mille 253 francs guinéens, décaissés pour les dépenses des examens, rentrées scolaires, construction et rénovation des infrastructures scolaires pour la période allant de 2011 à 2014.
‘’L’accusation est de l’inspection générale de l’Etat. Mais je voudrais préciser, Monsieur le président, qu’il n’y a jamais eu de contradiction. Je n’ai jamais été appelé pour une confrontation quelconque. Je suis ordonnateur. Tout ce qui se fait comme dépenses n’est pas de moi’’, réagit l’ancien ministre qui rejette en bloc les faits à lui reprochés.
Dans l’ordonnance de renvoi, rappelle-t-il, ‘’on nous parle de pièces justificatives. Ce n’est pas l’ordonnateur qui a les pièces justificatives. L’article 65 de la loi organique qui réforme les finances est très clair. Il y a une incompatibilité entre le ministre ordonnateur et le pool financier. Ce sont eux qui font les dépenses’’.
Il affirme que ‘’ces montants dits non justifiés, c’est parce qu’on n’a pas frappé la bonne porte. Ceux qui doivent justifier n’ont pas été touchés. Il n’y a pas de pièces justificatives. Les pièces ne peuvent pas manquer. Mais je n’ai pas eu de contradiction. Il n’y a pas eu d’opposition, il n’y a pas eu de rencontre, il n’y a pas eu d’affrontement, rien. J’estime que c’est un rapport provisoire au niveau de l’inspection. Parce que le rapport est définitif au niveau de l’inspection, il faut qu’il y ait la contradiction. Mais il n’y en a jamais eu. Je n’ai jamais été appelé. Moi, ça ne fait pas un mois que j’ai vu ça pour dire : ‘voici ce qu’on vous reproche à votre gestion’. Il n’y a pas un mois’.
Pour les accusations dont il fait l’objet soient valides, Ibrahima Kourouma estime qu’il ‘’faut forcément qu’il y ait confrontation. Qu’on nous mette en face des gens et qu’on puisse expliquer clairement ce qu’il y a. Puisqu’on parle de pièces justificatives. Donc, ce montant-là qu’on estime, 223 milliards, il faut qu’on accepte qu’il y ait une confrontation. Jamais, je n’ai été appelé. Même à l’instruction, on ne m’en a jamais parlé. Vous avez la possibilité de regarder le rapport d’instruction. Si on me l’avait parlé pendant l’instruction, on aurait vu. Mais on ne m’en a jamais parlé’’,
A qui veut l’entendre, il dit que ‘’ce n’est pas à moi de justifier une dépense. Ce sont les services techniques, le pool financier, ce sont eux qui sont tous les jours au quotidien dans les dépenses. Ils ont les archives, les pièces justificatives, qui peuvent expliquer ce qui se passe. Mais si on demande au ministre de justifier avec des pièces, ça, je ne sais pas. Donc, de ce fait, je continue de rester sur ma position et dire que je ne suis pas (…). Je rejette en bloc ce montant qu’on me dit avoir été détourné parce qu’on a besoin de justificatifs.
Et j’estime qu’il faut qu’il y ait une confrontation entre l’inspection qui déclare cette situation et nous pour qu’on ait un document final’’.
Selon l’ordonnance de renvoi, il est reproché à l’ancien ministre de n’avoir pas justifié l’utilisation de 4 milliards 468 millions 604 mille 107 francs guinéens relatifs aux ‘’indemnités d’examens, frais de réunions et conférences liées à l’organisation des examens nationaux, couverture des dépenses relatives à l’organisation des ateliers préparatoires des examens nationaux, couverture des dépenses relatives aux contrôles et suivis, évaluations des programmes et au paiement des indemnités de mission’’.
Pour sa défense, le prévenu assure que ‘’tout ce qui est lié aux examens nationaux, l’ordonnateur principal et le directeur du service des examens, il a en son sein un pool financier. C’est lui qui pilote les examens, tant sur le plan de la pratique que sur le plan financier. Il est ordonnateur, il est celui qui paye les primes, il est le principal responsable des examens’’.
‘’Donc, à ce niveau, concernant les examens, à commencer par les ateliers régionaux, jusqu’à la proclamation des résultats, c’est le directeur du service des examens qui pilote sur tous les plans, financièrement et de façon technique aussi. Donc, ces montants dont on parle sont des montants qui peuvent être justifiés par les différents services techniques’’, coupe-t-il court.
Après avoir entendu Ibrahima Kourouma, le juge a décidé de rejeter la demande de mise en liberté provisoire formulée par les avocats de l’ancien ministre, avant de renvoyer l’affaire au 29 janvier 2025 pour la suite des débats.
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
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