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Adieu, Docteur Bah ! (Par Tierno Monénembo)

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[dropcap]C[/dropcap]elui que les Guinéens de Côte d’Ivoire surnommaient affectueusement « Docteur Bah Cocody » nous a quittés ce lundi 18 janvier des suites d’une longue maladie.

Du fait de la différence d’âge, je n’ai pas été un intime de ce médecin de haut vol doublé d’un patriote dévoué et infatigable mais j’ai eu l’occasion de l’apercevoir, parfois même de le croiser et d’apprécier sa passion et sa grandeur d’âme.

A mon arrivée à Abidjan au début des années 70, sa maison aux portes largement ouvertes, passait pour le pied-à terre de l’ensemble de la communauté guinéenne. Chacun pouvait y boire un soda, manger un petit bout et ajouter son grain de sel à la seule conversation qui à l’époque, valait la peine : Sékou Touré ou comment s’en débarrasser (que l’on me permette d’adresser ici un petit clin d’œil à Ionesco !).

Encore une page noire, encore une marque de deuil sur le triste visage de notre Guinée aux dirigeants, semeurs de mort.  De Sékou Touré à Alpha Condé en passant par Lansana Conté, Dadis Camara et Sékouba Konaté, combien de dizaines de milliers de victimes avons-nous à pleurer ?

A vos chiffres, statisticiens des pendus et des électrocutés !

En attendant, je voudrais saisir cette douloureuse occasion pour rendre hommage aux victimes directes ou indirectes de la dictature cruelle et ininterrompue qui nous ronge depuis 1958. En particulier aux médecins, la catégorie professionnelle qui, des prisons politiques, au dur chemin de l’exil a payé le prix le plus cher pour notre honneur et pour notre liberté.

A tout seigneur, tout honneur, mes pensées vont d’abord au docteur Charles Diané qui, avec son magnifique livre, La Guinée enchaînée, fut le premier de nos compatriotes à publier un brulot contre la dictature sanguinaire de Sékou Touré.

Tout de suite, après, je m’incline devant la vénérable mémoire des docteurs Maréga, Alpha Oumar Barry, Alpha Oumar Diallo, Baba Kourouma, Taran Diallo et les autres victimes directes ou indirectes du Camp Boiro.

Je salue les docteurs Najib Accar et Saïdou Conté. Najib Accar fut le premier ministre de la santé de ce pays. Chirurgien exceptionnel et chaud partisan, de l’Indépendance nationale, Saïdou Conté fut aussi un excellent ministre de l’Education Nationale. Rien ni personne ne doit les faire oublier !

Dans les années 70, un bon nombre de médecins qui exerçaient dans la sous-région, provenaient de Guinée. Ces sommités, admirées par leurs confrères locaux, n’ont jamais failli à leur devoir patriotique.  Ils ont tous autant que faire se peut, participé aux luttes pour l’avènement de la démocratie et pour le parachèvement de la formation nationale. Je pense au docteur Keïta de Bouaké (le père de l’écrivaine guinéo-ivoirienne, Fatou Keïta).

Je pense au docteur Diao Baldé de Dakar, au docteur Rachid Touré du Gabon. Je pense au neurologue docteur Camara du Cameroun, au docteur Hane de Champigny, au docteur Oumar Foura, au docteur Abdoulaye Keïta. Je pense en particulier à mes amis de jeunesse : Camara Abdoulaye Castel, Abou « Pop’lation » Camara et Bakary Diakité dit Général.

Pour terminer, permettez-moi d’émettre un vœu : que l’on donne à l’Hôpital Donka, le nom de Saïdou Conté ; à l’hôpital sino-guinéen, celui de Baba Kourouma ou d’Alpha Oumar Barry ! Enfin, que l’on débaptise Ignace Deen pour le renommer Najib Accar. Le Dahoméen, Ignace Deen n’avait d’autre qualité que celle d’ami et sponsor de Sékou Touré.

Ce qui n’empêcha d’ailleurs pas le monstre, d’arrêter et d’exécuter son fils, Jean-Baptiste.

Tierno Monénembo, in Le Lynx  

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