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Afrique: les femmes au cœur du développement

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En 1798, Malthus théorisait la nécessité de maîtriser la croissance démographique sous peine de buter sur la capacité de notre planète à subvenir aux besoins de tous ses habitants. Deux siècles après, son propos est toujours d’actualité. Entre 2010 et 2050, la population au sud du Sahara va doubler, pour atteindre 1,8 milliards d’habitants. Créer suffisamment d’emplois, permettre à cette population de se nourrir, lui offrir des conditions de vie décentes…, autant de défis auxquels le continent devra faire face. La maîtrise de la démographie est au cœur de ces enjeux. C’est le sens de l’engagement de la France en 2008, à Muskoka, en faveur de l’amélioration de la santé maternelle et infantile et de la planification familiale.

Chaque année, 536 000 femmes meurent en couche – dont la moitié en Afrique. Au-delà de la tragédie irrémédiable de la perte d’une épouse, d’une mère, ces morts affaiblissent durablement les foyers où elles surviennent : en Afrique subsaharienne, les femmes représentent plus de 70% des travailleurs agricoles et elles créent 80% de la production alimentaire ; à l’échelle de la planète, dans un tiers des foyers, elles sont les seules sources de revenus, souvent appuyées par des institutions de microfinance qui font confiance à leurs qualités de gestionnaire ; partout dans le monde, les femmes sont en charge d’une grande partie des travaux non rémunérés comme la collecte de l’eau, l’entretien du foyer, les soins aux personnes âgées ou l’éducation des enfants. Ce dernier point est particulièrement crucial. Les mères sont plus promptes à envoyer leurs enfants à l’école, en particulier leurs filles. Or, plus une jeune fille est éduquée, moins elle aura d’enfants ; ils seront en meilleure santé, et elle sera par ailleurs plus à même de trouver un emploi.

Il y a là une boucle vertueuse au centre de laquelle se trouvent les femmes : en travaillant sur les questions de santé et de planification familiale, mais aussi d’éducation, on influe sur la trajectoire de croissance économique de long terme d’un pays.

C’est le sens du soutien de l’Agence Française de Développement au forfait obstétrical, en Mauritanie, qui donne droit aux femmes enceintes à une échographie, des examens médicaux et, si nécessaire, une césarienne. Cela a permis de diminuer fortement les mortalités maternelle et infantile. C’est aussi la finalité de notre action partout en Afrique en faveur de la scolarisation des filles. Avec de telles actions, on peut enclencher des évolutions extrêmement rapides : alors qu’il aura fallu plus d’un siècle aux Etats-Unis pour que le nombre d’enfants par femme diminue de 6 à 3, cette évolution a pris moins de 20 ans au Maroc ! On crée ainsi les conditions démographiques du décollage économique.

Dans bien des endroits dans le monde, la question de la procréation est extrêmement sensible. Elle se heurte très rapidement à des sensibilités culturelles, en particulier en Afrique, où le fait religieux influence les comportements. Pour élaborer des réponses adaptées, il nous faut travailler main dans la main avec les représentants des communautés religieuses, avec la société civile au sens large, en associant les femmes.

Travailler avec les femmes sur la natalité dans le respect des choix individuels de chacun : c’est à cette condition que nous éloignerons le spectre de Malthus et réussirons le développement de l’Afrique.

Dov Zerah.

Directeur général de l’Agence Française de Développement (AFD)

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