[dropcap]A [/dropcap]l’issue de la session extraordinaire du Conseil des ministres sur le drame de la plage de Taouyah survenu mardi 29 juillet, Alpha Condé a reçu quitus le 30 juillet 2014 de se rendre aux Etats-Unis à l’invitation du président Barack Obama.
«Au cours de la session, il a été évoqué, l’opportunité pour le Chef de l’Etat, à se rendre, dans ces moments de deuil national, au Sommet Afrique-USA de Washington du 3 au 8 août 2014. Après maintes réflexions et des divers avis reçus des personnalités morales, le Conseil des Ministres a, à l’unanimité, demandé, au nom de la jeunesse guinéenne et au nom du peuple guinéen endeuillé, au Président de la République d’honorer de sa présence ce haut sommet des Chefs d’Etat Africains et américain, qui débattra, justement, des problématiques de la Jeunesse et de l’avenir de la nouvelle génération», lit-on dans le compte rendu publié à cet effet.
Quid des responsabilités. Sous d’autres cieux, les membres du gouvernement auraient vite fait de démissionner au lieu d’accorder à l’unanimité au chef de l’Exécutif le permis immoral de se dérober de ses responsabilités directes vis-à-vis de ses concitoyens en ces instants de deuil que lui-même a décrété. Quoi de plus cher pour un chef d’Etat que d’être aux côtés des siens à un moment aussi important de la vie d’une nation comme l’ont fait ses voisins du Liberia et de la Sierra Leone? Plus loin de chez nous Jacob Zuma le sud-africain avait abandonné discours et mondanités le jeudi 16 août 2012 pour rejoindre les siens à l’annonce de la tuerie qui a fait 34 morts dans les rangs des travailleurs des mines en grève. Idem pour Barack Obama avait arrêté ses vacances pour venir au chevet de la Nouvelle Orléans frappée par l’ouragan Katrina le 29 août 2010 (…). Et alors?
Chez nous, on argue que le président a décrété une semaine de deuil national. C’est bien cela. Mais ça, c’est aussi du classique. Ç’aurait été un acte consolateur si ce même président qui a rendu visite aux familles des victimes et invité à assumer leurs responsabilités, avait assumé la sienne en restant au pays observer le deuil comme le font ses homologues du monde entier.
Ç’aurait été encore bon pour le moral et une belle leçon d’éthique si la compassion et le temps de deuil avaient primé sur les voyages présidentiels. Mais comme s’il n’y avait pas deuil dans son pays, le chef de l’Etat s’est envolé en catimini pour rencontrer ses pairs aux Etats-Unis pendant que sa Guinée natale est meurtrie dans sa chair.
Est-ce ça la morale d’Etat? Est-ce ça le changement promis? C’est décevant ! La célébration du nouvel an le 1er janvier de 2014 à la plage de Lambanyi avait fait au moins 6 morts et des blessés. Ordre avait été donné de fermer les plages.
La rebelote de la plage de Taouyah est le résultat d’une situation précédente mal gérée. Comme c’est le cas dans plusieurs situations du genre, elle donne l’impression de n’avoir point servi de leçon, ni aux autorités, ni à la société, ni à l’Agence guinéenne de spectacles, organe régulateur des manifestations culturelles, encore moins aux artistes que le public est venu acclamer.
Pour ce qui est du président, décréter une semaine de deuil sans rester au chevet des familles éplorées, est une dérobade. Etre absent de son pays en ces moments pénibles, ni Obama encore moins Mandela ne l’auraient fait. Alpha Condé a posé un acte qui n’est autre qu’un manquement grave à son devoir de chef de l’Etat.
D. Alpha