[dropcap]A[/dropcap]ccolades, échanges de gentils mots, invocations psalmodiées par des sages du coin, petit attroupement sur la 3e avenue-bis à Manquepas (Kaloum). On pourrait résumer ainsi la visite du président Alpha Condé dans la famille du parlementaire et secrétaire exécutif de l’Union des forces républicaines (UFR), Baïdy Aribot. Eplorée par la perte d’un des siens, le chef de l’Etat était venu lui exprimer sa compassion.
Rien de plus banal serait-on tenté de dire. Il ne se passe pas une semaine sans que l’on ne voie le cortège présidentiel s’ébranler vers une famille mortuaire, pour que le président Alpha Condé y présente des condoléances à un ami, une vieille connaissance, un responsable ou militant de son parti, etc.
Cependant, le contexte politique inciterait à aller au-delà du motif apparent, à lire entre les lignes de ce qui n’est pas forcément un fait divers.
Si généralement l’UFR est perçu aujourd’hui comme un parti proche du pouvoir, il est loisible de constater que depuis un certain temps, ce n’est plus le parfait amour entre les deux camps. En dépit de la nomination de son président, Sidya Touré, aux fonctions de Haut représentant du chef de l’Etat et la présence d’un de ses responsables dans le gouvernement Youla.
En cause ? Les divergences de vue qui se multiplient sur divers sujets (notamment les récents accords politiques), mais aussi et surtout les prises de position du fougueux élu de la commune de Kaloum.
Qu’il s’agisse d’un éventuel troisième mandat pour Alpha Condé ou d’autres questions d’actualité, l’on a souvent vu Baïdy Aribot monter au créneau pour dénoncer l’attitude ou les velléités de certains barons du pouvoir Condé. Comme il avait, il n’y a pas longtemps, fustigé l’interpellation et l’assignation d’un député de l’opposition pour, entre autres, « offense au chef de l’Etat », sans que son immunité n’ait été levé au préalable.
En un mot comme en mille, on peut affirmer que « le courant ne passe plus » entre le pouvoir et l’UFR en général ; entre Alpha Condé et Baïdy Aribot en particulier. Peut-on penser que ce ne sera plus le cas après la rencontre sus-évoquée ?
Rien de moins sûr, même si cette visite du premier au second ressemble à s’y méprendre à une main tendue, à un clin d’œil, à une tentative de renouer ou plutôt préserver une « amitié » bien mal en point. Ceux qui y verraient également en filigrane les très prochaines joutes électorales (communales) n’auraient pas tout à fait tort.
Madjou BAH