[dropcap]E[/dropcap]n Russie où il a conféré avec des étudiants guinéens, le président Alpha Condé a révélé comment la Guinée a pu construire le barrage hydroélectrique de Kaleta doté d’une puissance de 240 mégawatts.

‘’Comment on a pu construire le barrage de Kaleta ?’’, demande-t-il à l’assistance à qui il fait des révélations : ‘’Rio Tinto avait la mine de Simandou. Pendant des années, la société n’a jamais voulu avancer. Simandou contient du fer presque magnétique. Ils avaient une autre mine dont la teneur en fer est moins importante. Pendant ce temps, grâce au Simandou, ils gagnaient de l’argent en bourse’’.

‘’En ayant Simandou dans son portefeuille, les actions de Rio Tinto montaient. Vous savez, lorsque vous avez un permis minier, pour avoir une concession, vous devez rendre la moitié de votre bloc. Ils avaient Simandou 1, 2, 3 et 4 alors qu’ils ne devaient avoir que deux blocs’’, explique-t-il.

Négociations avec Rio Tinto

Pendant la transition militaire, le gouvernement a demandé à négocier. Ce que les responsables de Rio Tinto ont refusé, selon Alpha Condé. ‘’Ils ont dit ‘nous négocierons lorsqu’il y aura des gens plus fréquentables au pouvoir’. Ils ont refusé. Et le gouvernement a donné les blocs de  Simandou 1 et 2 à un trafiquant diamantaire. Celui-là s’est précipité pour vendre 51% à Vale, une société brésilienne’’, raconte-t-il.

‘’Quand j’ai été élu, ils sont venus me voir pour négocier, j’ai dit non. Ils pensaient que je n’allais pas gagner [l’élection] parce que j’étais le moins fréquentable. J’ai refusé de discuter avec eux. En février, je les ai fait venir parce que je savais que leur permis expirait en mars [2011]. Si on ne le renouvelle pas, ils allaient perdre’’, poursuit le chef de l’Etat.

Le face-à-face avec Rio Tinto

‘’Je leur ai dit ‘vous avez vendu des actions à Chinalco sans l’autorisation de la Guinée. Pour ça, vous allez payer une pénalité de 700 millions de dollars si vous voulez qu’on discute’. En plus, j’ai dit qu’ils doivent donner 15% d’actions à la Guinée bien que le nouveau code minier n’avait pas été voté’’, précise le numéro un guinéen. La compagnie minière s’exécute.

Peu de temps après, le Fonds monétaire international, aux dires du chef de l’Etat, devait verser à la Guinée 30 millions de dollars. ‘’Mais il ne l’a pas fait. Il a dit qu’on a de l’argent et qu’on a même bouffé les 700 millions de dollars [versés par Rio Tinto]’’, se souvient-il.

Au FMI, il affirme avoir posé ses conditions. ‘’J’ai dit que je vais payer 27% pour la construction de Kaleta. C’est non discutable. Ensuite, je vais commander des groupes de 100 mégawatts’’, assure le président Condé. Quid du reste de l’argent ? ‘’C’est le FMI qui devait décider comment l’utiliser’’, souligne-t-il, précisant que le montant avait été mis dans un compte.

Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info

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