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Alpha Condé, en chef rebelle dans les quartiers de Conakry

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[dropcap]C’[/dropcap]est une notoriété qu’un président de la  république soit  gardé. Qu’il ait des gardes du corps, ou « bodyguard »,  qui assurent sa sécurité. Cependant, ne serait-il pas triste, effrayant,  pitoyable, compromettant,  qu’un chef de l’Etat entame une grande marche dans sa propre ville, accompagné d’un bataillon de militaires, lourdement armés, prêts à tirer sur tout sujet  suspicieux ?

Alpha conde marcheBien souvent, l’humilité nous paraît vaguement souhaitable, mais pas véritablement attrayante. L’humilité n’est pas un dénigrement de soi, c’est un trait de caractère où s’allient la force, la liberté, la confiance.

La grande parade militaire du président Alpha Condé dans les quartiers de Conakry, la semaine dernière, est plutôt une démonstration  du dénigrement de soi, qu’une attitude humble pour démentir des rumeurs qui planaient le doute sur son état de santé, pendant son séjour en Tunisie.

Observons l’image, et essayons de cerner quelque chose, sans préjuger que nous  apprécions  ou non, le président. Portons l’attention seulement sur l’image, en faisant abstraction de toute autre  sensation  troublante. On a l’impression d’assister à la parade d’une rébellion armée et son chef rebelle, Alpha Condé, heureux et satisfaits d’avoir repoussé l’ennemi au front.

 Il y a peut-être l’évidence que le président Alpha Condé n’était pas hospitalisé en Tunisie. Ni qu’il aurait reçu des soins d’un quelconque médecin tunisien. Mais rien ne prouve que le président ne soit pas malade, ou troublé.

Qu’un chef de l’Etat utilise de gros moyens sécuritaires, démagogiques et  populistes, pour démentir les rumeurs véhiculées par la presse  sur son état de santé, le fait dépasse l’entendement. De simples rumeurs de la presse, s’il vous plaît !

Ce trouble psychologique du président Alpha Condé est,  depuis son arrivée au pouvoir en 2010, une réelle menace pour la Guinée. Le blocage institutionnel que connait le pays,  est une conséquence de la peur chronique que vit son président. La peur chronique occasionne un blocage mental qui met fin à toute idée de progrès. Elle dénature l’homme, le rend très susceptible même face à ses propres avantages.

Le fait que le président  voit des ennemis sortir  de tous les côtés,  et le grand  malheur qu’il ne comprend pas  que  l’ennemi, ce n’est pas la personne qui nous hait, mais celle que nous haïssons, Alpha Condé n’est pas à l’abri de plonger son pays dans l’abîme social et politique. Sa haine envers une bonne majorité de guinéens,  fait de lui,  le président le plus impopulaire depuis  l’indépendance de la Guinée  en 1958.

Pourtant, les choses ne sont pas si compliquées. La relation entre Alpha Condé et son peuple,  est bien comparable à celle d’un suspect de crime  et le détective  de la brigade criminelle.  Le suspect  ne verrait  plus le détective à ses trousses, dès qu’une preuve de sa  culpabilité est établie. Alpha Condé aurait beaucoup moins peur, ou aurait beaucoup moins  besoin d’une garde de sécurité pléthorique, dès qu’il aurait accepté de se plier aux principes de la démocratie.  Sans la satisfaction de cette condition, le chef de l’Etat douterait toujours de soi-même, et ne ménagerait aucun effort pour ressembler, de plus en plus,  à un chef de guerre dans un pays qui n’en a pas besoin.

Lansana Conté se promenait aussi avec un bataillon de militaires lourdement armés, mais, en ce temps, c’était un « pays sans Etat ». Maintenant que la Guinée est un Etat,  est-il raisonnable d’adapter l’attitude d’un « pays sans Etat » ?

Naby Laye Camara

Bruxelles

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