[dropcap]I[/dropcap]naugurée en grande pompe par le chef de l’Etat Alpha Condé et son ami Vincent Bolloré, le 12 juin dernier, la Bleue zone  de Kaloum (centre administratif), reste toujours en chantier, a constaté notre reporter. Bâti sur une superficie de 4 hectares, le domaine mis en valeur par le groupe Bolloré doit abriter, selon les officiels, diverses activités sportives et culturelles. Il possède un centre de santé, un centre d’écoute pour les jeunes, une école où des cours de e-learning seront dispensés, des salles de télé à écrans géants, des cybers, ainsi que des ateliers pour artisans…

Quelques jours après l’inauguration, le constat de notre reporter sur le site révèle d’autres réalités. A l’entrée principale du domaine qui abrite la Blue zone, deux vigiles sont postés là, contrôlant toute personne qui veut y entrer. A 20 m, des soudeurs restent concentrés à l’intérieur sur leur travail. ‘’Vous voyez, tout se passe bien ici. Chacun fait son travail, et ça marche’’, confie avec joie, le  soudeur, Moussa Konaté.

Plus loin, dans l’une des maisons bleues en construction, une dizaine de maçons élèvent des murs qui partagent le bâtiment en compartiment. La conversation était difficile avec les maçons. Le bruit aigu des bêches qui se heurtent aux graviers, de marteaux au niveau des murs, de la machine qui mélange le béton, ne facilitait pas la communication.

Ce qui reste entendu avec un ouvrier sous anonymat, ‘’les travaux se poursuivent, mais il reste beaucoup à faire. Le Président s’est précipité pour inaugurer cet édifice’’, ménage-t-il, à basse voix.

Rencontrés à l’enceinte de la cour, deux jeunes venus visiter les lieux se disent être choqués de la ‘’précipitation’’ et de la ‘’la fuite en avant’’ des autorités quant à l’inauguration de la Blue zone de Kaloum.

Visiblement dégoûté, Ousmane Camara, âgé d’une trentaine d’années se désenchaîne : ‘’je suis très déçu aujourd’hui, parce que je n’avais pas assisté à l’inauguration. Mais ce que je viens de voir c’est vraiment écœurant. On entend par inauguration, un espace qui est totalement finit. Mais regardez combien de fois les gens sont encore à l’œuvre pour les travaux ? Je pense qu’il ne faut pas aller vite au besoin. Il fallait prendre tout son temps pour faire bien les travaux jusqu’à la fin. Il faut qu’on arrête la démagogie dans ce pays ! Ce que je vois, c’est vraiment décevant. C’est ça la vérité.’’

Abondant dans le même sens, Aboubacar Sidiki, enchaîne : ‘’je suis vraiment déçu. Il faut qu’on arrête de se foutre du guinéen et qu’on se dise la vérité. Si c’est ce qu’on appelle inauguration, je me demande ce qu’on appelle en Guinée travail. Vous voyez, les machines qui crépitent partout ici, ce qui témoigne que rien n’a été fait pour que ça soit inauguré. On vient faire du pipo pour faire croire aux gens qu’on travaille. C’est vraiment du tape-à-l’œil. C’est bien beau ces initiatives, mais j’estime que les jeunes de Kaloum ont l’électricité chez eux. On devrait plutôt faire ça en banlieue’’, a-t-il fait remarquer.

Un investissement estimé à plus 3 millions d’euros, soit environ 30 milliards de francs guinéens, a été effectué pour la réalisation de la Blue zone de Kaloum. Lors de l’inauguration de l’édifice, le PDG du groupe Bolloré, Vincent a rappelé que 500 personnes ont travaillé pendant deux mois pour la réalisation de la Blue zone de Kaloum.

Aliou Diallo

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