[dropcap]L[/dropcap]e chef de l’Etat guinéen, face à la presse, ce mardi 9 septembre 2014, annonce avec assurance, qu’il n’y aura pas de guerre civile en Guinée.
Sans trop dire, c’est cela le but de la politique. Qu’il n’y ait pas de guerre civile, ni de troubles intérieurs. Que l’effort de tous garantisse la sécurité de la population et du territoire. Que l’effort de tous garantisse le niveau de vie des citoyens. La politique s’occupe de comment les personnes organisent leurs communautés, avec l’objectif de traiter collectivement les problèmes auxquels elles sont confrontées.
Cependant, comme dans toute entreprise humaine, il y a le bon, et le mauvais. Le positif, et le négatif. Les bons moments, et les mauvais. Une bonne politique ne conduira jamais aux mauvaises actions. De mauvaises politiques ne construisent jamais de bonnes actions.
Etre optimiste est une bonne qualité psychologique. Que le président Alpha soit animé d’un optimisme manifeste que la Guinée ne connaîtra jamais la guerre civile, c’est une prouesse politique que j’admire. Parce que les prévisions négatives nous conduisent de manière inconsciente vers leur satisfaction.
En fait, si j’admire l’optimisme en politique, c’est parce que je crois aussi fermement aux bases sur lesquelles il se repose. Un optimisme motivé par une bonne politique, n’est pas le même que celui motivé par une mauvaise politique.
L’optimisme du président Alpha Condé est motivé par son assurance d’avoir discipliné l’armée guinéenne. C’est vrai ! Je déteste toute la politique du président, mais pas celle sur la reforme de l’armée. Je n’exagère pas, je me limite seulement de constater, que depuis quelque temps, l’armée n’est plus invitée dans le maintien de l’ordre dans la cité. C’est un bon acquis pour qui connait nos hommes en treillis.
Toutefois, il est extrêmement important de faire la différence entre une guerre civile et des troubles intérieurs dans un Etat. Une guerre civile oppose généralement les forces armées régulières à des groupes armés non réguliers, ou à des groupes armées entre eux. Des troubles intérieurs sont des émeutes, des violences sporadiques, généralement entre civiles, ou entre civiles et des forces de sécurité.
Que la Guinée ne connaîtra jamais une guerre civile, c’est une affirmation qu’il faille observer avec prudence. Car, lorsque des troubles intérieurs évoluent et durent dans le temps, ils peuvent avoir les mêmes conséquences que dans une situation de guerre civile. Et surtout, quand le doute s’installe du côté des forces de sécurité du maintien de l’ordre, ou qu’une franche de l’armée décide de soutenir la cause des émeutiers.
Aujourd’hui en Guinée, rien ne prouve que le président Alpha Condé fait de la bonne politique. Les mauvaise actions sont nombreuses et se succèdent dans le pays. La démagogie et le mensonge sont à tous les niveaux. La gestion de la maladie Ebola aurait été beaucoup plus efficace, si la gouvernance d’Alpha Condé n’avait pas misé sur une politique de fanfaronnade et de démagogie. La gestion des prochaines échéances électorales sont minimisées par le pouvoir, qui ne fournit aucun effort politique pour que l’ordre constitutionnel soit respecté. Le refus du gouvernement de prendre des mesures judiciaires, dans le cadre des tueries perpétrées par les forces de l’ordre contre les manifestants en 2013, est une autre facette de la supercherie du gouvernement de Conakry.
Des actions négatives qui ne sont pas favorables à l’apaisement de la tension politique et sociale en Guinée. Seule une volonté politique, et sans condition du chef de l’Etat, pourra éviter à la Guinée des troubles intérieurs graves, synonymes de guerre civile.
Naby Laye Camara
Bruxelles