[dropcap] C[/dropcap]omme un air de pré-campagne flottille sur la Guinée. A mesure que l’échéance de toutes les peurs approche, on sent celui qui tient la barque Guinée voici bientôt quatre ans, frileux, la tête près du bonnet. Toute occasion est belle pour lui, pour en remettre une louche contre ses adversaires politiques. Mais de là à se prendre une gamelle dans sa propre figure, il y a un pas qu’on peut franchir, mais à ses risques et périls.

Finalement, avec lui, jusqu’au trognon, rien de nouveau sous le soleil. Oui, d’un iota, pour rien au monde, sa personne, sa hargne dédaigneuse contre la motte d’anciens PM et ministres, son discours irrémédiablement va-t’en guerre, son mépris viscéral débordant jusque dans sa propre maison politique, ne se mueront. Il nous sert la même tarte depuis quatre ans, il soumet nos oreilles et nos esprits au même supplice, à la même punition, depuis quatre ans. L’homme ne se dépouillera jamais de son vieil homme.

La politique, c’est son dada, la politique, c’est ce qu’il aime faire, ses moindres faits et gestes, ses moindres initiatives et actes, sont inspirés, sous-tendus, guidés par de mobiles politiques à forte saveur électoraliste.

Pour lui, tout part de la politique, tout se ramène à elle. Sa seule obsession, sa seule monomanie, c’est la seule quête qui vaille, le Graal en 2015, vogue la galère, rien ne saurait résister à la bourrasque du Mistral qui a commencé à se déchaîner des pieds du conquistador qu’il est, aveuglé par une soif incoercible de victoire.

Sous ses fourches caudines à satiété, à jamais, ceux qui ont décidé de se mettre en travers de son chemin, de sa cavalcade. Il croque, il croquera continûment, du Cellou Dalein Diallo, du Sidya Touré, du Lansana Kouyaté et de tout le bataclan, il les peindra à l’infini comme étant les fossoyeurs, comme ceux qui ont agenouillé ce pays, comme ceux qui ont grugé feu Général Lansana Conté, oui le ridicule ne tue pas, celui auquel il colla tous les noms d’oiseaux, celui dont il était le souffre-douleur, celui dont il était la hantise, celui qu’il combatta sans concession, qu’il en vienne à dire que celui-là n’était pas mauvais, mais plutôt ceux qui l’auraient fourvoyé, est bigrement aberrant et surréaliste.

Qu’il en vienne aussi à vouloir se dédouaner et se dédire, en affirmant qu’il ne saurait rattraper plus de cinquante ans de retard monstrueux, causé et laissé par cette motte d’anciens démolisseurs de la Guinée, est tout aussi surréaliste.

N’était-ce pas lui qui prétendait du haut de ses quarante ans de lutte politique acharnée, qu’il était l’homme providentiel à même de tirer la Guinée de la décrépitude dans laquelle elle a été ainsi précipitée par ces naufrageurs d’anciens PM, vers les cimes de la félicité en cinq petites années ? Où en est-il aujourd’hui ? Qu’a-t-il fait si ce n’est de la Mamaya politique ? Que peut-il prétendre faire d’extraordinaire avec un Premier Ministre à lui, qui n’a pas cassé la patte à un canard, qui n’a ni vision ni ambition, qui fait comme lui, organiser de la Mamaya aux quatre coins de Moriya pour célébrer la confiance renouvelée par son mentor à des fils du terroir. Que peut-il prétendre atteindre si c’est lui-même qui encourage et promeut la médiocrité au détriment de la compétence, quand il nomme à des postes rien que pour assouvir sa boulimie de victoire en 2015 ?

Mais tout ça, c’est du rutabaga, de là à aller narguer jusque chez eux ceux qui ont souffert le martyr pour lui, ceux qui ont subi toutes les avanies du monde pour lui, cela sonne comme le Pas de Clerc d’un homme au bout du rouleau, d’un homme dont le soleil décline, c’est simplement se tirer une balle dans ses pieds.

Par Aboubacar Diallo

Chronique quotidienne diffusée sur radio Espace