40 ans de lutte pour la démocratie ? Mon œil ! Il est vraiment temps que l’on dégonfle ce ballon de mensonges, cette fable, cette légende qui fait de l’homme de Pinet un combattant de la démocratie.
Alpha Condé n’a pas passé 40 années à lutter pour la démocratisation de notre pays. Il a plutôt passé 40 années à courir après le pouvoir. S’il se battait réellement pour la démocratie, à son arrivée au pouvoir, il se serait comporté en démocrate comme Nelson Mandela. Son souci aurait été de garantir à son peuple les fruits de la démocratie au lieu de le diviser en se servant des uns tout en méprisant les autres.
Malheureusement, ce qui l’a toujours intéressé c’est la Présidence. À cet effet, il n’a vraiment débarqué en Guinée qu’à la suite de l’instauration du multipartisme par le CTRN (Comité Transitoire de Redressement National) en 1990. Plusieurs témoignages existent d’ailleurs selon lesquels Alpha Condé avait été simplement coopté pour servir de leader à un mouvement dont l’objectif était de se venger de Lansana Conté après les évènements de 1985 et le fameux « Wo fataara » de ce dernier.
Sinon, quels sont les mouvements où les manifestations auxquelles Alpha Condé a pris part de 1990 à 2010. Il ne venait en Guinée que lors des campagnes électorales et après sa défaite, il repartait d’où il venait tout en laissant les guinéens dans leur misère quotidienne. La seule manifestation importante qu’il a organisée et à laquelle il a pris part pour défier le pouvoir de Conté, c’est celle de 1991 au Stade de Coleah.
Malheureusement, à l’arrivée de la police, il se serait enfui par les murs pour aller se réfugier à l’ambassade du Sénégal. Il y demeurera pendant 45 jours avant d’être exfiltré par les services d’Abdou Diouf. Pendant ce temps, ses militants qui étaient venus l’accueillir se faisaient violenter par la police, et d’autres croupiront dans les prisons de Conté pendant longtemps.
Je me demande s’il a d’ailleurs une quelconque considération pour ses militants au-delà de les traiter simplement comme un bétail électoral. Sinon comment comprendre que ceux qui contre lesquels il se « battait » hier soient ceux qui le sont plus proches aujourd’hui ? Que ceux qui ont passé des années de galère avec lui soient ceux qui sont oubliés aujourd’hui ?
Comment comprendre aussi qu’au jour des élections de 1998, pendant que ses militants se battaient pour faire de lui le président, Alpha Condé se retrouve à la frontière de la Guinée avec la Côte d’Ivoire et plus précisément à Pinet qui est situé à plus de 1000 km de la capitale ? Tout le mythe, toute cette légende autour de sa prétendue lutte pour la démocratie en Guinée ne se nourrit que de cette arrestation et de ses 20 mois d’emprisonnement. C’est cette détention qui le rendra célèbre et qui fera de lui le principal opposant à Lansana Conté.
Où était Alpha Condé le jour du 28 septembre 2009 lorsque tous les opposants au régime de Dadis étaient réunis au Stade du 28 septembre ? Comme d’habitude, il se pavanait en Occident pour vilipender le régime de Conakry tout en se faisant le portevoix de cette opposition qui se faisait bastonner et massacrer par le CNDD. Ironiquement, depuis son accession à la présidence, il n’a jamais cherché à condamner les coupables et à réhabiliter les victimes de la sauvagerie de ce jour.
Alpha ne s’est jamais battu pour ce pays. Il ne se battait que pour Alpha Condé. Le résultat est là, sous nos yeux. Un pays mal géré et plus divisé qu’au temps des régimes précédents qui étaient pourtant considérés comme des dictatures. Un pays où la violence de l’Etat envers ses citoyens est presque quotidienne. Un pays où des citoyens sont négligés et humiliés constamment pendant que des bandits à col blanc exhibent avec arrogance et insolence les butins de leur vol.
Si Alpha Condé s’était battu pour la démocratie pour son pays, il n’allait pas contribuer à alimenter ces folies de 3ème mandat. Il aurait rapidement mis fin à ces spéculations pour le respect qu’il doit à la constitution pour laquelle, des centaines de personnes sont mortes entre 2006 et 2007. Il aurait mis fin aux agitations des « koudeistes » qui n’ont aucun respect pour la mémoire de tous ces jeunes tombés au combat pour mettre fin à la transition militaire.
Ces jeunes de l’Axe et d’ailleurs qu’Alpha Condé regarde avec mépris aujourd’hui ont plus de combat politique en eux que lui qui lâchement se sert des services de sécurité pour étouffer leurs revendications légitimes. Ces jeunes qu’il livre aujourd’hui à la médisance et à la calomnie de journalistes affamés ont plus de courage en eux qu’il ne pourrait en rêver.
SonSon dédain pour eux ne s’explique que par le fait que ceux-ci demeurent l’un des plus grands obstacles à son rêve : celui de régner sans partage et de rester à la tête du pays tant qu’il sera en vie. Cette jeunesse pleine de rêve et d’ambition est notre seul rempart contre une nouvelle dictature. C’est la forteresse qui sert à protéger notre démocratie encore tâtonnante qu’Alpha Condé voudrait prendre en otage. À nous de la soutenir.
Abdoulaye Barry
Portland, OR
USA