[dropcap]L[/dropcap]e chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo, a appelé les populations à la mobilisation pour mettre fin aux « dérives » du président Alpha Condé, lors de l’assemblée générale ordinaire de l’UFDG, qui s’est tenue le samedi dernier au siège du parti à Commandaya.
L’opposition qui devrait dévoiler le chronogramme de ses manifestations, au moment où nous allions sous presse, va-t-elle franchir le Rubicon qui sépare les manifestations publiques telles que consacrées par les lois de la République, à des actions visant à demander purement et simplement le départ du président ? La question vaut son pesant, quand on sait que les deux camps s’apprêtent à se lancer dans une véritable épreuve de force, maintenant que le ramadan est terminé.
Le président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo a profité de l’A.G. de son parti qui s’est déroulée le samedi dernier à Commandaya, pour inviter ses militants et sympathisants à se mobiliser, pour la réussite des manifestations que l’opposition projette dans les jours à venir. L’appel de Cellou Dalein Diallo, a été adressé à tous les Guinéens, qui ne semblent pas trouver leur compte dans la gouvernance actuelle.
« Tous les guinéens vont se mobiliser très prochainement pour dire qu’on en a marre. L’opposition républicaine maintient sa décision de manifester et dans quelques jours, vous aurez la date précise et le type de manifestations qu’on va organiser », a expliqué Cellou Dalein Diallo à la foule de militants fortement mobilisée pour l’occasion.
Sur les raisons qui motivent ces actions de désobéissance civile que l’opposition se prépare à organiser, le chef de file l’opposition a déroulé une longue litanie de griefs à l’encontre de la gouvernance actuelle. « Je suis convaincu que c’est toute la Guinée qui va se lever pour dire qu’on est fatigué de la misère imposée, du détournement des deniers publics. On est fatigué de la stigmatisation ethnique et de la division. Il faut que les Guinéens se mobilisent pour exiger le départ d’Alpha Condé, parce qu’il ne respecte pas la Loi, il ne respecte pas la Constitution, il ne respecte pas les accords politiques », a-t-il déploré.
Puis Dalein de regretter que le processus démocratique soit simplement dévoyé par la volonté du chef de l’État. « Nous sommes toujours en face d’un Parti-État, dont les agents sont mobilisés pour organiser une fraude massive à l’occasion des élections, incapables d’assurer la sécurité des Guinéens, incapables de rassembler, de réconcilier la Guinée, d’améliorer les conditions de vie des citoyens », a rouspété Cellou Dalein.
L’heure serait donc grave, avec ces nouvelles menaces proférées par l’opposition, qui ne semble pas parler dans le vide. Cette fois, elle promet de se faire entendre par un pouvoir resté jusque-là autiste.
Face à ces manifestations qui se précisent de plus en plus, le pouvoir tente de jouer à l’apaisement. C’est ainsi que le porte-parole du gouvernement Albert Damantang Camara a annoncé récemment l’ouverture du cadre de dialogue inter guinéen. Son homologue de la Justice, par ailleurs président de l’ancien cadre de dialogue, a dans le même sillage, confirmé cette annonce, le lundi 4 Juillet lors de la clôture des travaux de l’Assemblée, qui venait de boucler ainsi sa session des lois, après trois mois de travaux. L’opposition ne semble pas cependant prêter une oreille attentive à ce qui ressemble bien à des billevesées.
Et son porte-parole, Aboubacar Sylla, se prononçant sur la question, sur Gangan FM, la semaine dernière, n’a pas manqué de rappeler que de telles annonces n’étaient pas de nature à rassurer son camp. « Ce genre d’annonce, nous sommes vraiment habitués. C’est vraiment une coïncidence, quand on sait que tout le temps que nous menacions de descendre dans les rues après le ramadan, le gouvernement ne disait rien, et ne nous adressait même pas la parole, sauf à la fin du mois de ramadan. Donc nous ne prenons pas tout ça au sérieux. On attend leur lettre d’invitation, et nous répondrons éventuellement à leur appel, mais on n’engagera rien si les précédents accords ne sont pas évacués… », a-t-il souligné.
Entre une opposition désabusée et un pouvoir réputé pour ses impairs, qui aura le dernier mot ? Attendons de voir.
Aliou Sow, dans Le Démocrate