Pendant que l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) a plus que jamais besoin de cohésion, de clairvoyance stratégique et d’unité, le camp Cellou Dalein Diallo semble s’engager dans une voie hasardeuse, dictée par l’orgueil et des calculs personnels à courte vue.

En choisissant de faire appel contre la décision de justice réhabilitant Ousmane Gaoual Diallo dans ses droits de membre du parti, ce clan expose le parti à une paralysie aux conséquences potentiellement désastreuses.

Cette décision, que même un étudiant de première année de droit aurait évitée, se révèle être un piège procédural dont les conséquences sont déjà palpables. Une source proche du dossier résume l’absurdité de la situation : « Dès lors où l’UFDG a fait appel, l’appel a un effet suspensif. » Ce qui signifie que la réintégration d’Ousmane Gaoual est gelée, certes. Mais, plus grave encore, l’UFDG est plongée dans une impasse institutionnelle. Etant donné que tant que la procédure suit son cours, le parti est littéralement empêché de fonctionner.

Ainsi, à quelques semaines d’un congrès crucial annoncé pour le 6 juillet 2025, les activités statutaires de l’UFDG se retrouvent bloquées, suspendues à une décision judiciaire dont le calendrier ne dépend plus du politique, mais du judiciaire. Une paralysie totale orchestrée par ceux-là mêmes qui prétendent incarner la légitimité.

Le droit contre le politique, une stratégie perdante

Un spécialiste, visiblement consterné par la tournure des événements, éclaire davantage les risques encourus : « Cette procédure est désormais entre les mains de la cour d’appel, où le dossier est arrivé sous le numéro RG 573/2025. Le premier président peut, sur demande de l’une des parties, prononcer un sursis à exécution, voire imposer des mesures d’urgence dans le cadre du référé. »

Traduction simple, l’UFDG n’a plus la main sur son propre destin, et pour un bon moment à l’allure des choses. En confiant à la justice une affaire qui aurait pu – et dû – être réglée politiquement, le camp Cellou s’est volontairement dépouillé de toute son influence.

Un règlement de comptes politique maquillé en procédure

Au fond, cette manœuvre juridico-politique révèle un malaise plus profond. Le refus obstiné de toute réconciliation interne. Le geste d’Ousmane Gaoual, qui n’a cessé d’afficher une volonté de dialogue et de main tendue, a été méprisé. Ce rejet n’est pas seulement une erreur de jugement, il est symptomatique d’une stratégie fondée sur l’exclusion systématique de toute voix dissonante. Une logique dangereuse pour un parti politique censé incarner les aspirations démocratiques d’une large frange de la population guinéenne.

Ce n’est plus une simple faute tactique. C’est un choix lourd de conséquences, dicté par des rancunes personnelles et une volonté manifeste de garder le contrôle à tout prix, quitte à fracturer durablement l’unité du parti. Comment peut-on prétendre rassembler la nation si l’on est incapable de tolérer la diversité au sein de sa propre famille politique ?

Le risque de l’implosion programmée

Pendant que cette question taraude les esprits, si rien n’est fait rapidement pour rectifier le tir, l’UFDG court vers une implosion. Déjà affaibli par des années de luttes internes, le parti s’enferme désormais dans une posture défensive, incapable d’assumer ses contradictions, incapable de gérer ses propres tensions, et surtout incapable de sortir des logiques claniques.

A force de privilégier les fidélités aveugles sur les compétences, les règlements de comptes sur les arbitrages consensuels, le camp Cellou Dalein Diallo sacrifie l’intérêt général du parti sur l’autel d’ambitions personnelles. Une posture qui, il faut le dire sans détour, ne fait que révéler l’isolement croissant et incapacité de Dalein à rassembler autour de lui.

Moustapha Diallo