Accompagné de plusieurs membres de son parquet, Charles Wright était jeudi à la morgue de l’hôpital Ignace Deen. Le procureur général de la Cour d’appel de Conakry tenait à s’enquérir des circonstances de réception du corps de Thierno Mamadou Diallo, tué mercredi soir à Hamdallaye.
‘’C’est sur les médias tôt ce matin que j’ai appris avec amertume le décès d’un jeune du nom de Thierno, âgé de 19 ans, qui est mort dans des circonstances non encore élucidées. Mais ce qui m’a tiqué tout de suite, c’est que cela a vraiment été éclairé à travers l’intervention du médecin légiste. Lorsque j’entends sur les médias que le corps de la victime a été abandonné, c’est vraiment écœurant et révoltant. Je voudrais dire ici que ce n’est pas de gaieté de cœur quelles que soient les circonstances du décès, que l’on me dise qu’un guinéen a perdu la vie’’, a expliqué Charles Wright à sa sortie de la morgue.
‘’Quand vous parlez, chaque mot a son importance. Lorsque vous entendez qu’il y a des cas de morts, ça veut dire que si vous ne pouvez pas participer de manière humaine à l’apaisement de la douleur de la famille epleurée, vous devez éviter de faire de la surenchère inutile. Dire qu’on a abandonné le corps, il n’a pas été accepté, tout ça pour quelle but pour que quelle finalité ? J’ai entendu le frère de la victime parler, ce n’est pas comme ça. Lorsqu’il y a une situation, il y a des canaux auxquels vous devez vous référer. Dès lors qu’il y a perte en vie humaine, il faut que chacun sache que c’est l’autorité judiciaire qui est responsable de pouvoir communiquer et de vous donner les informations qui sont claires. On a dit que RFI a tenté de me joindre, mais en vain. Comment voudriez-vous qu’on communique sur une chose si on ne vient pas à la source ? La preuve est que nous sommes là pour recueillir les éléments d’informations, nous permettant de donner des orientations’’, a-t-il soutenu.
Le magistrat annonce que le procureur de la République près le Tribunal de première de Dixinn a déjà reçu des instructions du parquet général afin de saisir la briade de recherches pour déterminer pour l’instant la cause du décès. ‘’La réquisition vient d’être déposée. Le travail va être fait par des médecins légistes et pour l’instant, je demande à tout le monde de ne pas faire la surenchère, de laisser les experts faire leur travail’’.
A l’issue de ce travail, précise M. Wright, ‘’lorsque ils vont nous déposer le rapport, je promets à la presse que ce rapport, à la limite du secret de l’enquête, sera mis à la portée de l’ensemble de l’opinion publique, nationale et internationale. Il faut dire une chose, l’on ne peut pas faire l’opinion publique, une opinion de réquisition face à des forces de défense et de sécurité. Ce sont des policiers ou des militaires qui tuent ? Déclaration sur la base de quoi ? Mon parquet s’est inscrit dans une logique qui n’est égale qu’à la logique de la vérité : lutter contre l’impunité’’.
Il garantit que ‘’si le rapport d’autopsie justifie avec précision les causes de décès, je vous donne ma parole que les auteurs seront poursuivis. Si c’est vrai que ce sont les forces de défense et de sécurité qui ont fait cela ou que c’est qui ce soit, c’est aux enquêteurs qu’il revient le travail, mais je ne veux pas que l’on raisonne par analogie’’.
‘’Nous ne sommes pas là pour faire de la publicité. Nous présentons toutes nos condoléances à la famille éplorée. Nous venons nous-mêmes de voir le corps. Nous ne sommes pas des experts pour tirer une conclusion hâtive par rapport aux causes du décès. Le parquet général communiquera en bonne et due forme. Pour le moment, le corps ne peut pas être restitué à la famille. Il faut que le travail d’expertise soit fait et j’ai dit à toute la famille que la prise en charge des frais funéraires et autres, nous nous en occuperons parce que le ministère public ne représente pas l’Etat, mais la société. Lorsqu’un membre de cette société est touché, c’est comme si c’est nous qui sommes touchés’’, souligne le procureur général.
Avant de promettre qu’à partir du mardi prochain, ‘’nous rendrons les éléments de cette enquête. Ce n’est pas Thierno quiest touché, c’est le ministère public qui est touché avec Thierno. Quel que soit ce qui a eu, ceux qui disent que c’est par suite de balle, j’attends que l’autopsie révèle cela. Si c’est le cas, nous prendrons toutes les dispositions nécessaires pour pouvoir l’offrir une inhumation digne de nom, mais aussi que justice soit rendue conformément à la loi’’.
Abdoulaye Bella DIALLO, pour VisionGuinee.Info
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