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Après les critiques contre le Bloc Libéral, Aliou Bah dénonce les volte-face de l’opposition

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Aliou[dropcap]A[/dropcap]u regard de toutes les agitations, les polémiques et calomnies, chaque acteur de ce processus a le devoir de livrer sa part de vérité pour rétablir les faits et éventuellement projeter la Guinée conformément à sa vision d’avenir et de son appréciation des phénomènes.

Quels sont les faits, le contexte et les enjeux en question ?

Après la grande manifestation du 16 août 2016, le président de la République a adressé une invitation au chef de file de l’opposition républicaine Elhadj Cellou Dalein Diallo qui a immédiatement convoqué une réunion des leaders de l’opposition républicaine (OR) qui ont ensemble examiné l’invitation et lui ont donné mandat de répondre pour porter essentiellement deux messages au président Alpha Condé :

– Réaffirmer toutes les revendications de l’OR, le convaincre de leur justesse et de l’intérêt pour la Guinée qu’elles soient prise en compte;

– Exiger du président de la République qu’il s’engage et engage les institutions à tout mettre en œuvre pour leur application stricte et intégrale (les archives des prises de position des uns et des autres en font foi).

Le lendemain de la rencontre, à l’occasion d’une plénière convoquée a cet effet, un compte rendu fidèle a été fait par le président de l’UFDG à la satisfaction générale de tous les partis présents autour de la table.

Par la suite, après la réception de l’invitation du ministre de l’administration du territoire, M. Bouréma Condé, pour l’ouverture du dialogue, il a été question de composer une délégation de cinq membres de l’OR pour nous représenter avec un mandat clair et défini et manière consensuelle : Discuter d’un chronogramme d’exécution des accords du 20 août. Ni plus ni moins.

Comment ce mandat a été exécuté ?

Au lieu que la priorité ne soit fixée sur la définition d’un chronogramme, il a été plutôt question de remettre sur la table en débat tous les acquis précédents. Ainsi, l’opposition a mis la mouvance et le gouvernement dans une position tellement confortable qu’ils ne pouvaient que s’en féliciter. Alors, ce qui a été obtenu au prix du sang (accords et engagement du président) a été rendu sur un plateau d’or. Ce qui est de fait une erreur stratégique et une bêtise politique dont les conséquences seront inestimables.

Il faut surtout noter que ce dialogue, plus que les précédents, a été caractérisé par le plus grand nombre de volte-face de la part de l’opposition autour de la table:

– Elle avait exigé un présidium neutre en récusant Maitre Cheick Sako pour soutenir tout de suite après la nomination du Général Bouréma Condé comme président du cadre du dialogue; le principe convenu était qu’aucun membre du gouvernement ne devait être accepté comme président du dialogue.

– Elle avait exigé deux facilitateurs (un choisi par l’opposition et l’autre par la mouvance présidentielle)

– Elle avait exigé l’arrêt des travaux par la CENI jusqu’à la fin du dialogue pour abandonner cette exigence par la suite.

– Elle avait exigé le respect de la loi et des accords, sur la question des élections locales, et accepté par la suite un aménagement illégal qui prive les électeurs de leurs droits d’élire directement leurs chefs de quartier et de district

– Elle avait exigé l’adoption de la loi sur la nouvelle CENI au cours de la session budgétaire pour suggérer elle-même finalement sa discussion au cours de la session des lois, qui commence en avril et qui vient après les élections.

Il faut préciser que ces volte-face se font toujours brutalement dans la salle, le plus souvent, sans consultations préalables des autres membres de la délégation et des autres leaders de l’opposition républicaine.

Il faut préciser aussi que l’exigence que la loi sur la nouvelle CENI soit adoptée au cours de la session budgétaire qui a lieu avant les élections locales se justifiait par la nécessité de s’assurer l’application effective de cet accord après les élections et pour tester éventuellement la bonne foi de la majorité présidentielle à l’assemblée nationale.

Nul n’a besoin de rappeler que les dialogues politiques guinéens sous Alpha Condé se ressemblent étrangement :

– Ils sont toujours convoqués après l’invitation du chef de file de l’opposition à Sekoutouréyah durant des moments de grandes tensions. Cette invitation fait souvent suite à des mois de réclamations et de manifestations meurtrières ;

– Ils ont toujours lieu à la veille des élections;

– Les accords sont toujours les mêmes et ne sont jamais appliqués après les élections;

– Les accords sont souvent caractérisés par les revirements spectaculaires de l’opposition républicaine (polémiquer sur la position de l’UFR dans les démembrements de la CENI et accepter cet état de fait aujourd’hui ou marquer son désaccord sur les initiatives de la CENI sur le terrain et dire après qu’elle a fait son mieux) ;

– Les mêmes accords sont connus d’avance grâce aux indiscrétions de certains membres de la mouvance présidentielle, etc.

Tous ces éléments réunis sont de nature à créer la suspicion entre autres.

Au regard de ces faits, tout porte à croire qu’il y a toujours un agenda défini avant le dialogue, un accord secret formalisé dont le dialogue ne servira que d’un faire-valoir pour une signature en cérémonie officielle. Tout ceci semble être une vaste comédie.

Sur la question particulière des élections locales et les fondements légaux des élections des chefs de district ou de quartier, voici essentiellement ce que nos textes disent :

ARTICLE 38 : Les campagnes électorales sont déclarées ouvertes pour les conseils de district et de quartier sept (7) jours francs avant la date du scrutin.

ARTICLE 62 : Les électeurs sont convoqués par décret du Président de la République publié au Journal Officiel de la République de Guinée quarante (40) jours avant le scrutin pour l’élection des districts et quartiers.

En cas d’annulation, les électeurs sont convoqués pour de nouvelles élections qui ont lieu soixante (60) jours après l’annulation.

ARTICLE 98 : Conformément aux dispositions de l’article 135 alinéa 2 de la Constitution, qui dispose que «…la création des collectivités locales et leur réorganisation relèvent du domaine de la loi », les districts et les quartiers sont des sections des collectivités locales.

A ce titre, elles s’administrent par des conseils élus.

ARTICLE 100 : Les conseillers sont élus :

– Au scrutin majoritaire uninominal à un tour pour les districts,

– Au scrutin de liste à la représentation proportionnelle pour les quartiers et les districts.

ARTICLE 109 : La campagne pour l’élection du conseil de quartier dure sept (7) jours avant la date du scrutin.

Aucun candidat ou liste de candidats ne doit faire campagne sous le couvert d’un parti politique ou de toute autre organisation gouvernementale ou non gouvernementale (ONG).

Donc on comprendra aisément que ce sont des sections de base qui s’administrent par des conseils élus (Article 98 de la Loi électorale)

Alors, à travers cette entente qui sera formalisée en accord, ils veulent rendre le suffrage indirect; toute chose contraire à l’article 2 de la Constitution qui énonce que  «… le suffrage est universel, direct, égal et secret..». Or, toute loi contraire à la Constitution est nulle et de nul effet (Article 2 alinéa 7 de la Constitution).

Donc qui a trahi qui et pour quelle conséquence sur l’avenir de notre démocratie ?

D’abord, l’esprit de la loi qui a voulu à travers ces relais, que les citoyens à la base aient l’opportunité de participer à la gestion des affaires de la citée et de contribuer au choix des grandes orientations de l’Etat, a été trahi.

Le législateur a pensé que de façon directe ou indirecte, les populations doivent avoir la possibilité d’influencer le fonctionnement des institutions dans le cadre de la démocratie participative et d’œuvrer activement au développement de leurs circonscriptions respectives.

En conséquence, ces accords remettront en cause ce grand acquis démocratique. Le consensus obtenu par l’opposition sur la nature et les termes du mandat dans ce dialogue a été trahi. Ceux qui ont cru et sont restés fidèles à cette ligne ont été trahis.

Accepter de modifier la loi sur l’élection des responsables locaux, c’est de prendre le risque que le président de la République nomme les députés en fonction des résultats de la présidentielle un jour.

Quelle sera la crédibilité de ceux qui signent aujourd’hui ces accords, de s’opposer un jour à Alpha Condé lorsqu’il sera tenté éventuellement de modifier la constitution pour un troisième mandat ?

Tout porte à croire que son objectif est ainsi atteint: amener l’opposition à donner le premier exemple de la forfaiture, la décrédibiliser aux yeux de l’opinion publique nationale, la rendre plus faible en créant la division en son sein, éliminer le reste de ce que nous avons comme société civile pour détruire ainsi tout contre pouvoir.

Voilà comment le boulevard des dérives dictatoriales se dégagent.

S’il y a un vainqueur dans ces accords, sur le court terme, ce sont les deux plus grands partis politiques de la Guinée. Sur le moyen terme, c’est le président Alpha Condé et sa mouvance qui vont se pérenniser au pouvoir. Et le perdant, sur le long terme, sera la Guinée, son peuple dans sa grande majorité et sa démocratie embryonnaire.

Et le Bloc Libéral dans tout ça ?

Le BL et son président ont fait l’objet d’une vaste campagne de calomnies, d’insultes et de diffamations de toute part. Ce qui nous rend d’ailleurs plus endurants dans cette lutte, dans notre conviction et vers les objectifs que nous nous sommes fixés.

Faire du BL une cible, c’est faire preuve de mauvaise foi, de courte mémoire, de manipulation de l’opinion publique et surtout un moyen de vouloir détourner l’attention sur une forfaiture et une erreur politique suicidaire.

Pour notre part, nous resterons constants sur les valeurs et principes qui représentent la boussole qui guide notre combat.

Nous avons été mis en minorité et c’est pourquoi, comme cela avait été le cas de la COEP [Coordination de l’opposition extraparlementaire] dont nous avons pourtant contribué à fonder, nous avons décidé de respecter le choix de la majorité tout en nous réservant le droit de marquer notre singularité et tirer la conséquence de notre position.

Il faut juste rappeler qu’à l’assemblée nationale, nos amis députés de l’opposition se plaignent quand leurs collègues de la mouvance refusent au nom de ce principe de la majorité de tenir compte de leurs propositions.

Une majorité peut être négative et conduire à des échecs comme c’est le cas en présence et une minorité peut être éclairée et combattue également. Le temps et l’histoire seront les meilleurs juges.

Ainsi fonctionne la démocratie avec ses principes et contraintes. Alors obligation est faite aux autres de respecter aussi cela.

La politique est trop noble pour qu’on la transforme en tribune d’expression de la haine, des insultes, des offenses et des calomnies. Nous n’avons de comptes à régler avec personne. Nous suivons juste notre chemin. Celui qui correspond aux aspirations de tous ceux qui sont démocrates dans l’âme, dans les actes et qui œuvrent dans le sens de l’intérêt de tous les guinéens.

En séjour aux Etats-Unis, Aliou BAH

Directeur de communication du BL

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