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Athlétisme : Kadiatou Bangoura ou le handicap comme force pour gagner

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Kadiatou Bangoura présente ses médailles sur le terrain de foot de Fria

[dropcap]K[/dropcap]adiatou Bangoura, la vingtaine, élève en classe de terminale au lycée Amical Cabral de Fria, a été piquée par le virus du sport depuis toute petite. Pour rencontrer la meilleure athlète paralympique de Guinée 2017, il faut parcourir la distance de 162 Km qui sépare Conakry et la cité de l’alumine.

Rendez-vous samedi à 8h du matin sur la piste d’athlétisme du terrain Da Bangoura. A Fria, ville qui l’a vue naitre et grandir, Kadiatou est connue de tous. Elle force le respect. L’athlète s’apprête à représenter la Guinée aux XVIèmes Jeux paralympiques prévus du 24 août au 5 septembre à Tokyo, la capitale du Japon.

Des tresses africaines sur la tête avec des médailles autour du cou, vêtue d’un jogging aux couleurs du tricolore guinéen, la sprinteuse déjà multi-médaillée et habituée des podiums, s’échauffe sur une piste poussiéreuse.

Elle caressait le rêve de devenir footballeuse. Une fracture au bras gauche lors d’un match l’éloignera du terrain rectangle. En raison de soins non appropriés qui lui sont administrés par des tradi-praticiens, elle perd l’usage de ce membre supérieur. Un handicap qui la rend inapte à pratiquer le sport roi.

Du football à l’athlétisme

Son rêve de devenir footballeuse brisé, elle refuse de baisser les bras. Malgré son handicap, elle se lance dans l’athlétisme. Une passion qu’elle vit à fond aujourd’hui.

Celle qui défendra les couleurs de la Guinée au Pays du soleil levant, a pris part au Grand prix de Tunis en 2019 et est rentrée à Conakry avec une médaille d’argent sur 400 mètres.

Du 27 au 29 février 2020, au 5eme Meeting international d’handisport de Marrakech, elle se distingue une nouvelle fois en s’offrant une médaille d’or sur 200 mètres et une autre en argent sur 400 mètres. La même année à Dubaï, elle réalise les minimas pour se qualifier aux Jeux paralympiques de Tokyo.

« Aucun athlète guinéen n’a réussi à faire cela. Je suis la seule à avoir atteint ce niveau de performance », s’auto-congratule la coureuse, en fixant des yeux son entraineur, comme pour exprimer sa fierté.

Le quotidien de Kadiatou Bangoura est partagé entre son lycée et les séances d’entraînement. La chinoise Lu Li et le jamaïcain Usain Bolt restent ses modèles dans l’athlétisme.

Pour briller des milles feux aux Jeux paralympiques, elle travaille d’arrache-pied. « De 8h à 16h, je suis au lycée. Après les cours, je viens au terrain pour m’entrainer avec mon coach jusqu’à 19h », résume l’athlète qui a débuté sa carrière en 2017 avec des courses de demi-fond de 1500 mètres avant de se caser dans les sprints de 200 et 400 mètres.

Moyens de bord

L’entraineur Amadou Zida Camara suit de près la carrière de Kadiatou Bangoura. Il soutient, sourire aux lèvres, qu’elle fait la fierté de la Guinée. « Je l’ai prise pour l’encadrer. Elle cumule aujourd’hui des médailles à l’international », confie-t-il, en dressant le bilan de parcours de son athlète.

« Beaucoup me dévisageaient avant. Je me suis battue pour transformer les préjugés en force. Et le travail a fini par payer », concède la Guinéenne qui ajoute que le chemin à parcourir est encore long pour se hisser au sommet.

Alors que son départ est prévu pour fin aout, le soutien de l’Etat tarde à venir. Dans un pays où le football est le sport privilégié, l’athlétisme reste encore un parent pauvre. « Nous sommes abandonnés à nous-mêmes », regrette Kadiatou qui assure que, malgré tout, « on se prépare avec les moyens de bord pour dignement représenter les couleurs guinéennes à Tokyo ». 

MCB

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