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Au nom du peuple qu’on trompe !

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Soutra

À chaque veille d’élection en Guinée, un étrange scénario se répète, presque à l’identique. Les acteurs changent parfois de visages, les slogans se renouvellent, les alliances se font et se défont, mais le décor reste le même : celui d’une comédie politique jouée au nom du peuple.

Le peuple, ce mot sacré, devient alors le bouclier de toutes les impostures, le refuge de toutes les ambitions personnelles, et le prétexte des plus grandes manipulations. On parle, on promet, on jure, on pleure presque… au nom du peuple.

Mais en vérité, combien parmi ceux qui se réclament du peuple le servent vraiment ? Combien mesurent la souffrance silencieuse des familles, la détresse de la jeunesse, la misère des campagnes oubliées, ou la désespérance de cette nation qui cherche encore sa voie ?

L’histoire politique récente de la Guinée ressemble à une succession d’occasions manquées.

À chaque tournant, les mêmes discours ressurgissent : l’unité, le changement, la refondation, la rupture… Des mots qui sonnent creux dès lors qu’ils ne reposent sur aucune sincérité, aucune vision, aucun courage moral.

La démagogie a remplacé la vérité, l’imposture s’est substituée à la conviction, et le mensonge, savamment répété, finit par se faire passer pour un projet de société.

Aujourd’hui encore, à l’approche de cette élection cruciale, les tambours de la manipulation résonnent déjà. On ressuscite les vieilles fractures ethniques, on distribue de faux espoirs, on achète les consciences, on travestit les faits… toujours au nom du peuple.

Et pourtant, ce peuple qu’on invoque sans cesse n’est jamais consulté, encore moins respecté. Il subit, observe, et parfois se résigne — mais il comprend. Car malgré la pauvreté, malgré la désinformation, malgré la peur, la conscience populaire s’éveille lentement.

Le vrai combat n’est plus entre les partis, ni entre les hommes, mais entre la vérité et le mensonge. Entre ceux qui veulent réellement construire la Guinée, et ceux qui veulent simplement la consommer.

Entre ceux qui croient en un destin collectif, et ceux qui ne rêvent que d’un pouvoir personnel.

Il est temps que cesse cette hypocrisie nationale qui consiste à se servir du peuple pour mieux le tromper.

Il est temps que la politique retrouve sa noblesse, que le leadership se fonde sur la compétence, le courage et la probité, non sur la ruse ou la manipulation. Car au nom du peuple, on ne devrait plus mentir.

Au nom du peuple, on devrait dire la vérité, même quand elle dérange. Au nom du peuple, on devrait refuser les compromissions, les trahisons, les calculs et les mascarades. Au nom du peuple, on devrait reconstruire la confiance, la dignité et l’espoir.

La Guinée n’a pas besoin d’illusions de plus. Elle a besoin d’hommes et de femmes lucides, sincères, patriotes — qui aiment ce pays non pas pour ce qu’il peut leur offrir, mais pour ce qu’ils peuvent lui donner. Car le peuple n’est pas un slogan. C’est une conscience.

Et cette conscience, tôt ou tard, finira par parler — au nom d’elle-même.

Boubacar Dieng

Soutra
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