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Audit : Et si l’inspecteur général d’Etat était manipulé ?

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[dropcap]L[/dropcap]a publication du rapport des audits continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Mohamed Kourouma, Président directeur général de la société Hamana SA est cité parmi ceux qui doivent de l’argent à l’Etat. Après la phase des contradictions devant l’inspecteur général d’Etat, Oumar Massoud Thiam, l’opérateur économique a été placé en garde à vue durant 3 jours, contre son gré, dit-il. 

PDG HamanaDéboussolé et ne sachant plus à quel saint se vouer, le patron de Hamana SA s’est confié à la presse pendant près de deux heures d’horloge dans la journée du vendredi 22 août 2014.

‘’Je suis opérateur économique évoluant en terre Guinéenne, en Afrique dans les pays comme le Sénégal, la Sierra Leone, l’Angola ; en Suisse et aux Etats-Unis d’Amérique. Le métier que j’exerce exige un climat de confiance entre moi  et mes partenaires évoluant de par le monde. Mais à ce jour, Massoud Oumar Thiam chargé des audits a terni mon image’’, a déploré l’opérateur économique Mohamed Kourouma qui a fondé la société Hamana SA, depuis plusieurs décennies.

La genèse du contentieux…

Tout a commencé en 2007 alors que Lansana Kouyaté venait d’être nommé à la primature. Afin de soulager le panier de la ménagère durant le mois de Ramadan, l’Etat à travers le ministère du commerce a acheté, avec la société Hamana, 7500 tonnes de sucre. A la demande du ministère qui s’est occupé de la vente, avec l’accord du fournisseur, le sucre est stocké dans les locaux de Hamana à Matam.

De retour d’un voyage d’affaires en Angola, Mohamed Kourouma constate un rapprochement contradictoire entre les inspecteurs chargés de la vente et ses magasiniers. Motif évoqué, un bon de livraison a été récusé, au cours du pointage, par les inspecteurs sous prétexte que leur signature a été imitée malgré l’existence du cachet du ministère du commerce sur le document.

Mis devant les faits, le patron de la société Hamana SA s’est engagé régler le bon récusé dont le montant s’élevait à 1 962 600 000 GNF. Ainsi,  un accord de principe sera signé entre les deux parties sur un montant de 1 112 600 000 GNF.  Une copie de l’accord est promise à Mohamed Kourouma qui révèle ne l’avoir jamais reçue.

Le début des embrouilles au au Port de Conakry…

Pendant qu’il est en  discordance avec le ministère du commerce, l’opérateur économique ne baisse pas les bras. Il continue ses activités et importe des containers de marchandises via le Port autonome de Conakry. Mais, à sa grande surprise, après avoir rempli toutes les formalités douanières, Mohamed Kourouma constate que ses containers de marchandises d’une valeur de 2 milliards de Francs Guinéens ont disparu au su et au vu de tous.  Réclamation faite, les agents du dépôt des douanes reconnaissent avoir déplacé sa marchandise. Mais, par erreur, disaient-il.

A la direction générale de la douane où il s’est rendu pour des explications, l’homme d’affaires est prié de prendre contact avec le ministère des finances qui, à son tour, l’annonce que l’argent des containers a été versé dans un compte domicilié à la Banque Centrale. ‘’Aux finances, on m’a conseillé de porter plainte et que si le jugement m’est favorable, je serai payé. C’est ce que j’ai fait’’, se souvient Mohamed Kourouma.

L’arrivée du Conseil national pour la démocratie et le développement…

En 2008, le Général Conté décède. Des putschistes s’emparent du pouvoir et mettent en place une commission chargée de voir clair sur la gestion des deniers publics.  La commission d’audit se saisira du dossier opposant l’Etat et la société Hamana SA.  ‘’On m’a demandé de payer le montant dû. Mais lorsque j’ai présenté l’arrêt de jugement, la commission n’a rien trouvé à  dire. Elle a juste proposé que je paie une partie, 850 000 000 GNF, tout en promettant de procéder à une compensation pour le reste du montant’’, explique l’opérateur économique qui dit être confronté à de sérieuses difficultés financières. ‘’Le dossier a été ensuite transféré à l’agent judiciaire de l’Etat d’alors qui, à son tour a promis de me remettre une copie de l’acte de compensation une fois signé. Cette copie, je ne l’ai jamais reçue. Et depuis aucun sous ne m’a été réclamé. Et le dossier était clos’’, considérait Mohamed Kourouma.

La nouvelle commande de denrées avec Hamana…

En 2011, l’Etat a sollicité auprès de la société Hamana 15 000 tonnes de riz blanc et 21 000 tonnes de sucre. A l’arrivée du sucre, le contrat de fourniture a été établi. La société Hamana s’est chargée de la manutention et du transport, afin d’éviter d’éventuels surestaries. Les deux parties s’entendent qu’au moment du paiement de la facture du sucre, l’Etat remboursera les frais supportés par le fournisseur.

Quant aux 15 000 tonnes de riz, le ministère du commerce a refusé de prendre les documents arguant avoir déjà acheté suffisamment de riz.  Mohamed Kourouma lui se retrouvera dans l’incapacité de dédouaner dans les délais requis la marchandise au Port autonome de Conakry.

Du côté de la douane, on constate le non-paiement des taxes et décide de sanctionner Bolloré qui assurait le transit de la marchandise, en lui sommant d’arrêter ses activités au port.

Acculée par la douane, Bolloré porte plainte contre la société Hamana auprès du Tribunal de Justice qui ordonne la saisie conservatoire de la marchandise pour plus d’une année. A l’ouverture du magasin, il a été constaté que la marchandise est avariée.

‘’Les 15 000 tonnes de riz sont stockées au niveau de l’agence judicaire de l’Etat, pour un montant de 31 500 000 000 GNF. Les 21 700 tonnes de sucre doivent être avec la commission interministérielle instituée à cet effet. La valeur marchande augmentée des frais s’élève à 185 358 396 700 GNF, sans oublier les 2 milliards, valeur des containers enlevés par les douaniers en 2012’’, comptabilise Mohamed Kourouma qui estime le montant cumulé de toutes les affaires le liant à l’Etat à 218 858 396 700 Francs Guinée.

La réouverture du dossier…

Cité dans l’un des rapports d’audits publiés par l’inspecteur général d’Etat, le PDG de Hamana SA est convoqué le 11 août 2014 pour s’expliquer. Avec Massoud Oumar Thiam, Mohamed Kourouma dit avoir trouvé un accord sur le solde qui s’élève à 1 112 600 000 GNF, en faveur de l’Etat.

Pour sanctionner l’accord de principe, un document a été établi et dument signé par les deux parties. ‘’J’ai demandé une copie, mais je ne l’ai pas eue. Et on m’a intimé de payer le montant sur place’’, explique le mis en cause. Pour se défendre, l’opérateur économique présente une décision judiciaire qui condamnait l’Etat à lui versé un montant de 2 milliards GNF, représentant la valeur de la marchandise enlevée au dépôt par des douaniers, tout en faisant comprendre à l’inspecteur général que l’Etat lui doit 185 350 000 000 GNF.

Malgré tout, il formule une doléance pour pouvoir un acompte substantiel au plus tard le jeudi 14 août. Face au niet catégorique de Massoud Oumar Thiam, Mohamed Kourouma est placé en vue à la brigade de gendarmerie du matin jusqu’à 19h, avant d’être conduit à la gendarmerie du marché Niger jusqu’à minuit et libéré tard la même nuit, sous conditions.

‘’Le 13 août, j‘ai mobilisé 146 millions GNF destinés à être versés à la BCRG sur un numéro de compte mis à sa disposition par l’inspecteur général d’Etat. Un numéro de compte qui s’est révèle erroné. C’est finalement le DAF de l’agence judiciaire de l’Etat qui m’a aidé à  verser l’argent’’, précise le patron de Hamana SA.

La main mise d’Alpha Condé ?

Selon les confidences de Massoud Oumar Thiam faites à Mohamed Kourouma, ‘’c’est le président de la république  qui a instruit son arrestation et que l’Etat ne lui doit rien’’. Mais, l’opérateur économique n’y croit pas, selon lui, par expérience du temps du régime de feu Lansana Conté, des Présidents de transition Dadis et Sékouba Konaté, bon nombre de citoyens ont connu la prison à cause de ces agissements pareils, au moment de se rendre compte des faits, le mal est déjà consommé, dit-il.

L’homme d’affaires pense plutôt que l’inspecteur général d’Etat s’est rallié à l’un de ses concurrents pour lui livrer un combat sans merci. ‘’Un contentieux a opposé la société Safricom à Hamana à l’issue duquel Safricom a été condamné au paiement de 21 214 084 350 GNF au profit de la société Hamana, en date du 24 avril 2014’’, martèle le patron de Hamana qui à ce jour est formel. ‘’ Je ne suis pas le seul débiteur de l’Etat, je ne refuse pas non plus de payer mais par contre. Mais je suis le seul à être retenu contre mon gré. C’est un abus de pouvoir de la part de Massoud Oumar Thiam qui n’a pas le droit de m’emprisonner ’’.

Sidy BAH, pour VisionGuinee.Info

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