[dropcap]P[/dropcap]our faire plaisir aux enseignants qui réclament une augmentation de salaires, le président Alpha Condé va devoir faire deux sacrifices ultimes au risque de mettre en colère la majorité de ses compatriotes. Explications…
Depuis plusieurs semaines, la capitale guinéenne et plusieurs villes de l’intérieur du pays connaissent des manifestations. Au-delà de la grève qui a paralysé le secteur de l’éducation, les tumultes politiques ont fortement impacté les activités économiques. Les recettes fiscales et non fiscales de l’Etat ont fortement baissé.
Face au déséquilibre budgétaire crée par l’augmentation des salaires des travailleurs de 40%, le Gouvernement guinéen pourrait envisager dans les prochains jours une augmentation du prix du carburant à la pompe pour juguler le gap. L’augmentation des salaires à hauteur de 40% représente à-peu-près 628 milliards de francs guinéens. Ce qui n’était pas prévu dans la loi des finances 2018.Pour combler ce déficit, Alpha Condé compte jouer sur deux mécanismes.
Le premier consiste à réduire les subventions que l’Etat accorde à certains services, notamment le secteur pétrolier. Au mois de janvier 2018, l’Etat a eu une moins-value de 53 milliards, en février 63 milliards, en mars a enregistré une moins-value de 97 milliards. Le gouvernement n’exclue pas de réduire cette subvention. Ce qui aurait pour conséquence immédiate l’augmentation du prix du carburant à la pompe.
La deuxième alternative pour le pouvoir d’Alpha Condé consiste à réduire certaines dépenses prévues dans la loi des finances. Le Ministre du Budget Doumbouya, pourrait procéder à une sorte d’input sur l’ensemble des budgets des départements ministériels. Chaque Ministère pourrait voir son budget diminuer au niveau du titre 3 relatif aux dépenses et services. La société Electricité De Guinée (EDG) qui est devenue un « gouffre » financier pour l’Etat est dans le collimateur du Ministère du Budget. La subvention que l’Etat accorde à cette entreprise, qui s’occupe du secteur de l’énergie, pourrait connaître une baisse drastique. Ce qui induirait une aggravation de la desserte en électricité, surtout dans la capitale Conakry. En cette période d’étiage, la production au niveau du barrage Kaleta est en baisse et oblige le recours aux centrales de Tombo pour combler le déficit.
Entre l’augmentation du prix du carburant à la pompe et la diminution des subventions que l’Etat accorde à certains services, Alpha Condé aura un choix difficile à faire. Toute augmentation du prix du carburant à la pompe supposerait une flambée des prix dans les différents marchés. Réduire la subvention accordée à EDG, augmenterait les coupures d’électricité à Conakry. Et revoilà les manifestations à Conakry contre les coupures d’électricité.
Autant dire, après le « casse-tête » des enseignants, le repos n’est pas pour demain pour le président Condé qui risque de s’enliser dans une crise sans fin.
SOUARE Mamadou Hassimiou, pour Africaguinee.com