[dropcap]L[/dropcap]e premier vice-président de l’UFDG, M. Bah Oury, serait attendu à Conakry ce dimanche 24 janvier, après avoir passé plus de 4 années en exil. Déjà, beaucoup de gens se posent la question à savoir, s’il faut lui réserver un accueil digne d’un des membres les plus influents du premier parti d’opposition: un accueil en grande pompe. L’homme mérite-t-il un tel spectacle?

Voyons! Mettons les choses à leurs places. Un professeur enseigne. Un médecin soigne. Un cultivateur cultive. Un conducteur conduit. Un étudiant étudie. Un voleur vole. Un menteur ment. Un traître trahit. Bah Oury a trahi l’UFDG, Bah Oury est un traître.

M. Bah Oury ne peut pas mériter un accueil en grande pompe. Il a non seulement trahi son parti, mais il a aussi et surtout eu la mauvaise idée de vouloir le détruire, le démolir et le faire disparaître au profit des adversaires politiques, en l’occurrence, le parti au pouvoir, le RPG Arc-en-ciel.

Pour une question de procédure démocratique, ou de respect en politique, le premier vice-président de l’UFDG aurait dû démissionner de son parti dès qu’il avait été accusé dans le dossier de tentative d’assassinat du président Alpha Condé, en 2011. Il aurait dû le faire pour mettre son parti à l’écart des soupçons politiques. Démissionner de son parti en attendant qu’il se décharge des accusations du ministère public qui pèsent sur lui, ou de toute manière, jusqu’à ce que toute la lumière soit faite sur le dossier du complot.

Monsieur Bah Oury ne l’a pas fait, ce n’est pas un délit, mais c’est une faute lourde. Un manque de respect éloquent envers son parti.

Autre raison que Bah Oury ne doit rien mériter à sa descente à l’aéroport de Conakry, c’est la manière honteuse comment il a négocié sa libération. Il qualifie son propre parti d’un non-parti, pour tout simplement faire plaisir à Alpha Condé, comme l’une des conditions principales pour sa libération.

Le premier vice-président de l’UFDG doit avoir honte de demander qu’il soit accueilli à Conakry comme un héros. Il avait été condamné par défaut, raison de plus, que son cas était encore plus grave. Il a fui les injonctions du ministère public pour aller s’installer à Paris, en exil. Mais voilà, il a été injustement gracié par un acte présidentiel injuste au grand dam des autres prisonniers, dont Fatou Badiar, qui eux, marquèrent leur présence devant les tribunaux, à Conakry.

N’est-ce pas une véritable honte pour la Guinée qu’un condamné par défaut soit gracié, pendant que les autres condamnés, dans le même dossier, ceux-là même qui ont marqué leur présence devant les tribunaux avec leurs avocats, continuent de purger leurs peines dans les maudites prisons de Conakry? Bon sang !

C’est une irresponsabilité de penser qu’il faut réserver un accueil respectueux à Bah Oury, l’homme au centre du plus grand théâtre politique malsain, affreux, injuste, sans précédent en Guinée.

L’UFDG est un grand parti. Elle n’est pas parfaite. Elle se bat pour le triomphe des valeurs démocratiques avec détermination, et sans distinction de personnalités ou de communautés. Elle pense et raisonne que M. Bah Oury s’est trompé sur la bonne voie à suivre. Accueil en grande pompe ou non, c’est pas l’essentiel. Le respect du statut du parti est plus que fondamental.

M. Bah Oury doit, en principe, rentrer à Conakry de la même manière qu’il y est sorti, il y a 4 ans, c’est-à-dire clandestinement. Il l’aurait bien mérité!

Vive la démocratie en Guinée! Vive la conquête du pouvoir par les seuls moyens légaux de notre Constitution! Nous vaincrons!

Naby Laye Camara
(Bruxelles)