Blocage des réseaux sociaux : la junte assure que “d’autres pays prennent des mesures plus radicales”
Plus de 24 heures après la sortie médiatique des diplomates accrédités en Guinée, déplorant les restrictions liées à l’accès aux réseaux sociaux et à internet, le porte-parole du gouvernement s’est invité sur le plateau de la télévision nationale pour justifier les mesures prises par les autorités de la transition.
Ousmane Gaoual Diallo dit à qui veut l’entendre l’Etat est en droit de prendre les mesures qui s’imposent pour “mieux maîtriser ces applications et permettre à nos concitoyens de continuer de jouir librement de l’internet en toute sécurité”. VisionGuinee vous propose les extraits de son intervention sur la RTG.
“Il y a beaucoup de supputations et de commentaires. C’est une question simple. La question des réseaux sociaux et de l’internet, on peut la traiter sur trois segments. Le premier, le plus important, est une question de sécurité. Ce n’est pas pour les maîtriser. Aucun Etat ne laisse l’ensemble de son système d’information sans maîtrise, sans le comprendre, sans pouvoir le contrôler. C’est quelque chose qui est vitale comme contrôler nos frontières , nos eaux territoriales et tout le pays, non pas pour les restreindre, mais pour en avoir la maîtrise pour, au cas échéant, réagir. C’est important. Là-dessus, les réseaux sociaux sont fondamentaux.
Sur le plan économique, l’Etat guinéen a déboursé des sommes très importantes, 235 millions de dollars pour construire l’autoroute de l’information qu’on appelle le Backbone. 80% de la capacité de ce réseau sont absorbés par les applications des réseaux sociaux WhatsApp, Facebook, Twitter, Instagram, etc. Ils absorbent une grande capacité avec un chiffre d’affaires généré dans le secteur de plus de 1 milliard 200 millions de dollars par an sur lequel l’Etat touche moins de 10%. L’Etat guinéen touche moins de 100 millions de dollars chaque année alors que ses infrastructures permettent de générer plus de 1 milliard 200 millions de dollars. C’est très peu pour l’Etat guinéen. Il faut donc avoir une bonne maitrise de l’utilisation de la capacité de consommation de données pour que l’Etat puisse accroître ses revenus.
Des pays européen et américains appliquent sur les sociétés qui construisent ces applications une taxe forfaitaire de plusieurs milliards de dollars. L’Europe peut prélever quasiment 32 milliards de dollars sur ces entreprises appelées les GAFA (Google, Apple Facebook et Amazon). Des milliards leur sont prélevés pour que les pays modernes puissent faire face au développement et à la modernisation de leurs infrastructures.
Nous, les africains, nous n’avons pas d’abord le pouvoir d’appliquer ce type de prélèvement. Nous allons dans une solution où quelqu’un devra apporter une aide financière conséquente pour l’utilisation de ces applications dans nos infrastructures, qui nous consomment de l’énergie et de capacité. On a besoin de ces ressources pour faire face à la nécessité de développer la connectivité. Il y a une réalité économique à côté de la réalité sécuritaire. Après tout, nous sommes un pays et devons avoir des applications que nous contrôlons, que nous gérons non pas pour limiter ou empêcher l’expression de quelles que libertés que ce soient. Mais l’Etat doit pouvoir contrôler l’ensemble des applications qui sont dans ce pays.
D’autres pays prennent des mesures plus radicales. Il n’y a pas longtemps, les Etats-Unis ont pris la mesure d’interdire quasiment l’utilisation de TikTok sur leur territoire. Pourquoi ? Le gouvernement américain répond qu’il s’agit de questions de sécurité. En France, le gouvernement a décidé d’interdire l’utilisation de WhatsApp à tous ses ministres et un certain nombre de hauts cadres de l’Etat. On évoque des questions sécuritaires.
Cette question touche tous les pays. Et tous les pays s’interrogent sur des applications qui sont absolument hermétiques. Donc, personne n’arrive à y accéder. Les questions économiques ou sécuritaires sont sur la table. Et la Guinée n’est pas en dehors de ça. Nous travaillons pour mieux maîtriser ces applications et permettre à nos concitoyens de continuer de jouir librement de l’internet en toute sécurité.
Tout cela va prendre fin très bientôt. Nous sommes dans une phase très avancée. Des tests très importants sont en train d’être faits. Cela entraine des désagréments pour nos concitoyens que nous comprenons, mais cela devrait être derrière nous comme la crise des hydrocarbures qui avait touché notre pays. Très rapidement, les gens vont retrouver les usages habituels et normaux de l’internet.
Les dommages sont là. Ils touchent tout le monde. L’Etat guinéen perd beaucoup d’argent parce que les applications des impôts, d’échanges interbancaires, d’édition des passeports, de cartes d’identité, les ambassades, tout est perturbé. Les entreprises qui ne vivent que de ça, le système d’enseignement à distance, tout est perturbé. Nous faisons essentiellement le travail avec beaucoup d’efforts pour que tout ceci soit derrière nous rapidement.
Dans quelques jours ou quelques semaines, une fois qu’on aura fini de faire ça, il n’est pas interdit que les tests puissent continuer jusqu’à ce qu’on puisse rôder tout ça. Rassurez-vous les guinéens vont retrouver l’usage habituel de ces réseaux mieux maîtrisés pour que chacun puisse jouir de sa liberté sur ces segments”.
Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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