Les trois figures politiques majeures de la Guinée, Alpha Condé, ancien président de la République, et les deux anciens Premiers ministres, Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo sont en exil depuis plus de trois ans maintenant. Dans un entretien accordé à VisionGuinee, Boubacar Siddighy Diallo, leader du parti Union pour le Mouvement Populaire (UMP), a été interrogé sur cette situation. Pour lui, le pays n’a jamais été aussi stable qu’en leur absence.

Boubacar Siddigy Diallo déclare que c’est le comportement de ces leaders politiques qui est à l’origine de leur éloignement du pays. ‘’Ce sont eux qui l’ont fait. D’abord, ils savent tous qu’ils traînaient beaucoup de casseroles et, au-delà de ça, ils se transforment en donneurs de leçons. Pire encore, ils étaient devenus ici comme des démons politiques. C’est-à-dire que même dans leur collaboration avec les autres formations politiques, si vous ne partagez pas la même opinion, il faut vous combattre. Ils appliquaient la force sur tout le monde. Finalement, ce n’était plus de la démocratie, ce n’était plus un débat, ce n’était plus une collaboration pour concourir à un développement national. C’était devenu une autodestruction. Leurs partis sont faits de ça. On a toujours avancé dans la complicité, des compromissions, des combats de façon déloyale. Quand l’Etat les appelle, ils passaient un accord, tout devient normal. Les gens sont d’accord. Au nom de la paix, au nom de la cohésion, ils sont d’accord. Mais une fois que leurs intérêts sont touchés, ils ne pensent plus à l’Etat, ni à la cohésion, ni au pays, ni aux hommes, rien. Ils sèment le chaos’’, dénonce l’ancien député.

Un scrutin serait-il crédible sans la participation de Cellou Dalein et Sidya Touré ? A cette interrogation, Boubacar Siddighy Diallo répond que ‘’la crédibilité n’appartient pas à un leader. Quel que soit ce qu’on pense de lui, c’est le peuple qui décide. Aujourd’hui, dans chaque ville, les gens rivalisent d’ardeur pour prouver qu’ils soutiennent la gouvernance du général Mamadi Doumbouya. Pensez-vous qu’on a de l’argent à donner à toutes ces personnes, individuellement, pour que tout le monde sorte de Yomou à Boulbinet pour dire qu’ils soutiennent le général Mamadi Doumbouya ? Non. Pensez-vous que c’est parce qu’il a des armes que les gens ont peur de lui ? Personne n’a peur de personne dans ce pays. Si les gens n’aimaient pas Mamadi, tout le monde allait lui être hostile. Mais pourquoi tout le monde ? Prenez le fief de chaque leader. Dites-moi, dans quel coin de la Guinée aujourd’hui, un de ces leaders est puissant aujourd’hui ? Chacun est originaire d’une ville. Et on a vu dans ces villes combien de fois il y a eu des manifestations pour le soutien du général Mamadi. À Conakry, l’Axe a compris. Tous les grands leaders de l’Axe se sont réunis pour soutenir le général Mamadi Doumbouya’’.

Selon l’ancien député, aucun leader politique n’est indispensable à la stabilité d’un pays. ‘’C’est quel fantasme qui continue à animer l’esprit des gens pour penser que sans Paul et Pierre, la Guinée ne pourra pas être crédible ? Ce ne sont pas deux personnes qui font la crédibilité ou la dignité d’un peuple souverain. Et là, on parle des élections. Hier, on pensait que la France sans le général de Gaulle était foutue, mais de Gaulle est mort il y a longtemps et la France est toujours debout. On pensait que la Guinée, sans Sékou Touré, allait sombrer, que sans Lansana Conté, la Guinée allait sombrer. Mais aujourd’hui, toutes ces personnes sont parties. Il n’y a aucun être humain indispensable à la vie d’une nation. Personne’’, tranche-t-il.

De l’avis de M. Diallo, ‘’la crédibilité dépend des actes que le pays pose. Ce n’est pas parce qu’il y a un leader politique. Hier, qui aurait pu imaginer à la fois Cellou Dalein, Alpha Condé, Sidya Touré, tous exilés du pays et que le pays allait être stable et normal comme ça ? Il y a 5 ans, c’était impossible. Aujourd’hui, c’est ça la réalité. Et il y a plus de paix et de stabilité aujourd’hui dans le pays qu’il y a 5 ans. Quand tous ces gens que certains pensent être l’espoir de la Guinée étaient réunis ici, le pays était dans la pire instabilité. Chaque citoyen doit être un instrument pour le développement de son pays. On ne peut pas se mettre à jeter des pierres ou à détruire l’inexistant parce qu’il y a une personne qu’on n’aime pas qui n’est pas là’’, ajoute-t-il.

Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info

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