Boubacar Siddighy Diallo sur la candidature de Doumbouya : ‘’Il n’appartient à aucune créature humaine de dire qu’il n’a pas le droit de se présenter‘’
Boubacar Siddigy Diallo, président du parti l’Union pour le Mouvement Populaire (UMP), a accordé un entretien à la rédacton de VisionGuinee ce lundi 24 février 2025. Cet ancien député de la neuvième législature est revenu sur l’actualité socio-politique, notamment la candidature du général Mamadi Doumbouya. Interrogé sur ce qu’il pense de la candidature du chef de l’Etat à la prochaine élection présidentielle, M. Diallo s’est dit favorable.
VisionGuinee : Travaillez-vous avec le CNRD actuellement ? Si oui, sur quel projet ?
Boubacar Siddigy Diallo : Nous sommes engagés à soutenir le CNRD, parce que, quoi qu’on dise, la Guinée n’appartient pas à une seule entité. Le CNRD, c’est vrai, détient les commandes, mais il a besoin de tous les guinéens. C’est pourquoi, le 5 septembre, le président de la République, le général d’armée Mamadi Doumbouya, a appelé tous les guinéens à s’unir, de Yomou à Boulbinet, pour travailler ensemble et faire la refondation ensemble. Il a même invité tous les partis politiques et toutes les couches socioprofessionnelles, leur expliquant sa vision de refondation. Aujourd’hui, notre parti a compris le message. Nous avons vu la nécessité de travailler ensemble et l’urgence d’être un outil de développement au service de notre pays. Alors, on s’y met.
Pour ce qui est de notre capacité et de notre pouvoir, nous ferons notre part de refondation. Nos relations sont franches, directe. Vous savez, l’armée a la vertu d’être directe, précise et disciplinée. Tout ce que vous voyez dans la vie civile aujourd’hui, dans la vie politique, c’est parce que ce sont des civils. Ils pensent stratégie, ils pensent malin, ils pensent gain. Mais le militaire, lui, a un objectif et se donne tous les moyens pour l’atteindre. C’est ce qui est intéressant dans la collaboration avec le militaire. Avec le CNRD, je crois que la Guinée peut accélérer son développement.
VisionGuinee : Après le 5 septembre, dans son discours du président Mamadi Doumbouya avait promis que ni lui, ni son gouvernement, ni les membres du CNT ne seraient candidats. Aujourd’hui, on constate un peu partout la promotion de sa candidature. Qu’en pensez-vous ?
Boubacar Siddigy Diallo : D’abord, le débat est mal posé par certains guinéens mal intentionnés. Pour poser un débat national, il faut des paramètres. Est-ce que la personne à laquelle on prête des intentions l’a dit ? En Guinée, dans toutes les constitutions, le délit d’intention n’existe pas. Dire que tu as l’intention de faire quelque chose demain et te mettre dans la posture de celui qui a fait l’intention pour le juger, c’est déjà une forfaiture. C’est la première observation. Tant que le général Mamadi Doumbouya ne dit pas qu’il est candidat, on ne peut pas le juger ou spéculer sur sa candidature.
Deuxièmement, prenons la légalité de l’intention. Un guinéen qui dit qu’il est candidat à une élection en République de Guinée doit se conformer aux lois et aux institutions mises en place pour évaluer la régularité de toutes les demandes de candidature. Si ces institutions et ces lois sont conformes à la volonté du citoyen, je ne crois pas que notre citoyen puisse créer un droit contraire et penser être dans la légalité. Si le général Doumbouya veut être candidat, il suivra ce que la loi exige pour que sa candidature soit retenue. Une fois qu’il aura obtempéré à toutes les injonctions légales, il n’appartient à aucune créature humaine de dire qu’il n’a pas le droit de se présenter. C’est déjà de la forfaiture politicienne.
Pour moi, la candidature du général Mamadi Doumbouya ne devrait même pas faire l’objet de débats. Ce que les guinéens doivent demander, exiger du général, c’est qu’il fasse ce qu’il a promis pendant la refondation. Qu’il soit candidat ou non, cela ne devrait pas perturber les gens. Personnellement, je préfère qu’il soit candidat. Pourquoi ? Tous les pays développés l’ont été grâce à l’armée. Tous les grands problèmes de la planète se règlent par l’armée. Tout le monde le sait, même les imbéciles. Alors, si un militaire dit qu’il veut briguer le fauteuil présidentiel, qu’il a fait ses preuves, qu’il est intellectuel, jeune, qu’il a la volonté et qu’il s’est entouré d’une équipe compétente, je ne crois pas que cela soit une nuisance pour le pays. Je ne comprends pas pourquoi certains bavent partout. Le général Mamadi sera candidat, et sa candidature ne brûlera pas le pays.
VisionGuinee : sa candidature ne pourrait-elle pas déstabiliser le pays ?
Boubacar Siddigy Diallo : Non, sa candidature va sauver le pays. Le pays était déjà déstabilisé. Un pays qui n’avait plus le droit de parole ni de vote aux Nations Unies. C’était un pays brisé, humilié, à genoux. Et pourquoi ? Pour le non-paiement de nos cotisations aux Nations Unies. Et combien ? 200 000 dollars. Pourtant, toutes les personnes interpellées aujourd’hui par la CRIEF sont multimillionnaires en dollars. Ce pays était détruit il y a longtemps. Celui qui vient restaurer l’autorité de l’État, rétablir la dignité du pays, enclencher une offensive diplomatique qui nous rend notre fierté et qui est en train de mettre en place un programme économique pour le développement de la Guinée, si certains guinéens, aveuglés par leurs intérêts, pensent qu’il sera un élément déstabilisateur, c’est qu’ils ont une perception démoniaque de la chose publique. Ils ne veulent pas que la Guinée se relève, parce que le chaos les profite.
On a vu ici des gens négocier, trafiquer des positions en sacrifiant des vies humaines. Combien de jeunes sont morts ? Ils ne savent même pas pourquoi ils sont morts. On dit que ce sont des combattants de la liberté, des hommes de la démocratie. Mais les mêmes gens, quand ils disaient aux fils des pauvres de sortir défendre la démocratie, qu’ils ne connaissent pas et qui ne leur sert à rien, étaient assis à l’Assemblée nationale, prolongeant leur mandat parce qu’ils gagnaient de l’argent, des avantages, de l’humilité et du pouvoir. Ils ont dit que le professeur Alpha Condé ne devait pas dépasser le nombre de mandats, qu’il ne devait pas faire trois mandats, etc. Mais pendant ce temps, l’opposition était fortement représentée à l’Assemblée nationale par les plus grandes formations politiques. Et ces mêmes gens avaient un mandat qui avait expiré depuis plus d’un an. Ils continuaient à légiférer dans l’illégalité, à se dire députés dans l’illégalité, à tromper le peuple et à le dresser contre le président pour ne pas faire ce qu’ils faisaient eux-mêmes.
VisionGuinee : quelle devrait être la réaction de la communauté internationale si le général Mamadi Doumbouya est candidat à la présidentielle ?
Boubacar Siddigy Diallo : Aucune communauté internationale n’a le droit d’avoir une vision sur la souveraineté d’un État. La communauté internationale doit se limiter à respecter ce que les pays souverains décident de faire. Ils n’ont pas à intervenir. Quand il y a un processus aux États-Unis, est-ce qu’un pays africain ou du tiers monde a le droit d’interférer dans la politique américaine pour dire que ce président n’est pas bien élu, ou que les élections ne sont pas propres ? Non. Ce que je vois certains pays de la communauté internationale faire en Guinée, c’est ce que les guinéens ne feront jamais chez eux. Tout cela rentre dans le cadre de la restauration de l’autorité de l’État.
Vous voyez ici des partis politiques, des leaders qui veulent commander la Guinée de demain, associer des espions accrédités aux décisions souveraines de la Guinée. C’est-à-dire qu’il y a un problème, on appelle tous les ambassadeurs, on les prend comme témoins, on les met au centre des débats, et ce sont eux qui doivent conduire parce que nous, guinéens, nous ne nous faisons pas confiance. Tous ces acteurs qui ont participé à cela doivent être écartés de la scène politique. C’est aussi simple que cela, sinon ils vendront la dignité de la Guinée à des pays concurrents.
Par Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
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Waouh! Paroles trop fortes, chapeau à vous Mr. Saddighy.