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Candidatures indépendantes et organe de gestion des élections : ce qu’il faut savoir pour éviter la confusion

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Soutra

Quand un média vous invite sur un plateau de télévision, et que vous ne disposez pas d’éléments d’information solides, il serait à la fois élégant et professionnel de décliner l’invitation. Car il vaut mieux s’abstenir que de s’exposer au risque de dire tout et son contraire.

Lorsqu’un invité ne dispose pas d’un registre de communication clair, structuré et cohérent, il révèle malgré lui son incompétence et son manque de professionnalisme.

Et, vouloir défendre l’indéfendable, c’est surtout exposer les limites de son propre champ de réflexion. Surtout quand on représente un organisme de la société civile d’envergure nationale, il faut savoir conjuguer intelligence et lucidité, et éviter de transformer un débat public en tribune personnelle ou en défouloir d’humeur.

Deux observations majeures s’imposent sur deux sujets d’intérêt national :

  1. la question des candidatures indépendantes,
  2. et celle de l’indépendance, de la crédibilité et de la transparence des organes chargés de la gestion des élections.

Sur le premier point, notamment les conditions permettant la candidature indépendante à travers un système de parrainage, il faut rappeler que le pays et ses acteurs en sont à leur première expérience. Une telle innovation exige rigueur, pédagogie et transparence.

Sur le second point, la DGE et l’ONASUR, censées organiser et observer les futures élections, en attendant la mise en place de l’institution légalement habilitée suscitent déjà des interrogations légitimes.

Les irrégularités procédurales, techniques, logistiques et humaines qui ont entaché la crédibilité du scrutin référendaire doivent servir de leçon.

Dans ces conditions, tenir une élection en moins de trois mois serait non seulement une aventure incertaine, mais aussi un simple formalisme démocratique.

Et cela, pour deux raisons principales :

Premièrement, le système de parrainage pourrait se transformer en instrument de légitimation du candidat du CNRD ou de tout autre prétendant adoubé par les autorités de la transition.

Les maires élus par le peuple n’étant plus en fonction, et connaissant le niveau d’inféodation des institutions ainsi que la crise de confiance généralisée, il est évident qu’un tel processus, piloté par des délégations spéciales désignées par décret, ne saurait garantir un véritable pluralisme. Dès lors, il est permis de penser que les prochaines élections risquent de n’être qu’une formalité.

Deuxièmement, le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, tutelle des organes électoraux, dispose de ramifications jusque dans les secteurs, districts, quartiers, communes, préfectures et régions.

Dans ce contexte, une candidature soutenue, directement ou indirectement, par la même institution ressemblerait fort à ce qu’on appelle, en français simple : « juge et partie ».

Par ailleurs, une éventuelle candidature de l’actuel Président de la Transition ouvrirait la voie à trois conséquences majeures :

  1. le reniement de la parole donnée, symbole d’un déni d’engagement moral et politique ;
  2. le déchaînement des ambitions personnelles, sources de désordre et de fragmentation du champ politique ;
  3. la dilapidation des ressources publiques, mobilisées à des fins électoralistes au détriment des priorités nationales.

Le Général Mamadi Doumbouya demeure, à ce jour, le seul capable de mettre un terme à l’instrumentalisation d’une transition qu’il avait, au départ, voulue apaisée, inclusive et porteuse d’espoir.

Toutefois, sa candidature viendrait non seulement contrarier cet esprit initial, mais aussi ouvrir la voie à une série de candidatures en cascade : celles de certains ministres, membres du CNT et autres acteurs civilo-militaires affiliés au CNRD.

Une telle dynamique ferait basculer la transition d’un processus de refondation nationale vers une course effrénée aux ambitions personnelles, avec les dérives politiques et institutionnelles que cela implique.

Aly Souleymane Camara
Analyste politique, enseignant à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia – Conakry.

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