Malgré les avancées médicales, la mortalité liée aux infections néonatales demeure préoccupante. Dans un entretien accordé à notre rédaction, le docteur Mouctar Sow, pédiatre, revient sur les causes de ces infections, les moyens de prévention et les options thérapeutiques. Il insiste sur l’importance d’une prise en charge immédiate dès l’apparition des premiers symptômes.
VisionGuinee : Parlez-nous des infections néonatales ?
Dr Mouctar Sow : On entend par infection néonatale la pénétration et le développement d’un agent pathogène dans l’organisme du nouveau-né, survenant entre 0 et 28 jours de vie. Elles peuvent se manifester par un tableau clinique varié. Sur le plan épidémiologique, les infections néonatales concernent 1 à 2 % des naissances, soit 10 à 15 % des nouveau-nés admis dans une unité de soins intensifs.
Quand on parle d’infection néonatale, certaines personnes pensent directement aux infections sexuellement transmissibles. Que répondez-vous ?
Oui. Pas seulement cela. Mais il faut retenir que les infections transmises à l’enfant avant ou pendant l’accouchement peuvent être liées à des infections sexuellement transmissibles chez la mère. Si une mère est infectée par une IST (infection sexuellement transmissible), l’enfant peut contracter une infection néonatale comme une pneumonie ou une conjonctivite. Certaines IST comme le VIH ou la syphilis peuvent être transmises à l’enfant à la naissance. C’est ce qu’on appelle une transmission verticale. La chlamydia, la gonorrhée, le VIH, l’herpès simplex sont des types de germes ou parasites qui peuvent coloniser la voie génitale et entraîner des infections chez la maman. Si la maman n’est pas dépistée à temps et n’a pas reçu de traitement approprié, l’enfant peut contracter cette infection soit dans le ventre (on parle alors d’infection in utero), soit pendant ou après l’accouchement. Donc oui, les infections sexuellement transmissibles peuvent être l’une des causes des infections chez le noveau-né.
À vous entendre, une femme enceinte doit régulièrement suivre un traitement ?
Le couple gestant doit consulter un médecin surtout si la femme est enceinte. La femme doit effectuer des consultations prénatales régulières, qui permettent de dépister les pathologies infectieuses et de les prendre en charge, si nécessaire, afin de minimiser les risques de contamination de la mère à l’enfant.
Quelles sont les causes des infections chez le nouveau-né ?
On a des infections bactériennes telles que le streptocoque B (fréquent en Europe), le streptocoque D, l’haemophilus influenzae, le pneumocoque, la listeria monocytogene, les méningocoques, le staphylocoque, et l’Escherichia coli. Dans nos pays en développement, l’Escherichia coli est le plus souvent incriminé dans les infections néonatales. Il y a aussi des causes virales telles que le VIH et l’hépatite B. On retrouve également des infections parasitaires comme le paludisme, qui peut être à l’origine d’un paludisme congénital ou néonatal. Le toxoplasma gondii est aussi une cause infectieuse parasitaire chez le nouveau-né. Enfin, il y a les infections fongiques, que nos mamans appellent généralement « macrou », causées par le candida albicans.
Comment les infections se manifestent-t-elle chez le nourrisson ?
Chez le nourrisson, les infections peuvent se manifester de manière variable et souvent non spécifique. Les symptômes peuvent être : la fièvre ou l’hypothermie, la somnolence, le manque d’appétit, un trouble de la respiration ou une tachypnée, la diarrhée, une éruption cutanée, et une température corporelle instable.
Comment prévenir ces infections et quel traitement faut-il suivre ?
La prévention chez le nouveau-né peut se faire en amont. Elle passe par la détection et la correction des facteurs favorisant l’infection materno-fœtale, avant, pendant et après la naissance. Il est important que les femmes enceintes consultent régulièrement leur médecin pour un dépistage des IST, et, si nécessaire, suivent un traitement approprié pour réduire le risque de transmission à l’enfant (…). Il faut aussi assurer l’information, l’éducation et la sensibilisation des couples gestants. Il faut retenir que toute infection néonatale probable ou certaine impose un traitement sans délai, qui varie en fonction du germe en cause et de l’état clinique de l’enfant.
Y a-t-il un risque de mortalité chez les nouveau-nés ?
Bien sûr. Si l’infection n’est pas traitée précocement et que la prise en charge n’est pas rapide et bien conduite selon le germe responsable, le risque de mortalité peut être élevé.
Merci docteur.
Djiwo BARRY, pour VisionGuinee.Info
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