CCIAG : des élus consulaires dénoncent la ‘’mauvaise gestion’’ et appellent à la suspension du président Elhadj Mamadou Baldé et Cie
Elhadj Mamadou Baldé, président de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Artisanat de Guinée (CCIAG), Abdourahamane Kaba et Ousmane Diallo, respectivement trésorier général et trésorier adjoint de la CCIAG ont maille à partir avec la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF).
Ils font l’objet d’inculpations pour des faits de détournement de deniers publics, corruption d’agents publics, abus de fonction, atteinte d’accès et à l’égalité des candidats dans les marchés publics, les concessions et délégations de services publics. Il leur est reproché des montants qui s’élèvent à plus de six (6) milliards de francs guinéens au préjudice de l’Etat guinéen et de particuliers.
Sous contrôle judiciaire depuis leur inculpation, ces trois responsables font l’objet de contestations. Le 10 décembre 2024, Mohamed Lamine Baldé, Moriba Fofana et Dr Saran Keita, élus consulaires, ont adressé une correspondance au président de la Chambre de l’instruction de la CRIEF.
Dans cette lettre, ils expriment leurs préoccupations concernant les documents relatifs à l’Assemblée Générale Ordinaire (AGO) de la CCIAG, prévue pour les 17 et 18 décembre 2024. Les signataires du courrier dénoncent des dysfonctionnements graves et une mauvaise gestion au sein de la CCIAG. Ils indiquent ne pas avoir reçu les conclusions de l’audit de la CCIAG. Ce qui les amène à demander la suspension des responsables inculpés dans l’attente de leur comparution devant la CRIEF.
Graves dysfonctionnements et mauvaise gestion
Au nombre des dysfonctionnements, les élus consulaires évoquent entre autres ‘’l’absence de Plan stratégique et de manuel de procédure, le non-respect du calendrier et du délai de tenue des Assemblées Générales Ordinaires (AGO), le non-respect des résolutions de l’AGO, la non-présentation des PV des AGO précédentes, l’absence des rapports du Commissaire aux comptes et de la Cour des comptes, le non-fonctionnement des Commissions Techniques, la non-validation du budget 2023 par l’Assemblée Générale Ordinaire’’.
Sur la mauvaise gestion, ils déclarent avoir mené des démarches infructueuses auprès du ministère du Commerce, de l’Industrie et des PME, avant de saisir la CRIEF par une plainte en date du 16 mai 2024 pour faits de détournement de deniers publics, corruption, abus d’autorité, conflit d’intérêts, etc.
Dans leur courrier adressé au président de Chambre de l’instruction de la CRIEF, ils rappellent qu’après vérifications et examens, ‘’les sieurs Mamadou Baldé, Abdourahamane Kaba et Ousmane Diallo respectivement, Président, Trésorier Principal et Trésorier Adjoint de la CCIAG, ont été inculpés pour des infractions de détournement de deniers publics, corruption d’agents publics, abus de fonction et atteinte d’accès et à l’égalité des candidats dans les marchés publics, les concessions et délégations de services publics’’.
Observations sur les documents relatifs à l’Assemblée générale
En prélude à l’organisation de l’Assemblée générale de la CCIAG les 17 et 18 décembre prochains, ces élus consulaires affirment avoir reçu du Bureau consulaire national (BCN) une lettre d’Invitation pour l’AGO contenant un Rapport d’activités 2024, un Budget révisé 2024, un Rapport de gestion 2024, un Projet de Plan d’actions 2025, un Projet de budget 2025, un Plan Stratégique de la CCIAG.
Ils dénoncent le fait qu’une copie du Rapport du Commissaire aux Comptes de la CCIAG pour l’exercice 2023, ne leur ait été envoyée jusque-là, précisant le budget ‘’exécuté’’ au cours de l’année 2024 et qui se chiffre à 46.972.336.408 GNF n’a jamais fait l’objet de validation au cours de l’AGO du 24 mai 2024. ‘’Nous constatons avec regret que le budget 2024 n’a jamais été validé au cours de I’AGO du mois de mai 2024, contrairement à ce qui est mentionné au point 6 de la page 3’’.
Selon toujours les élus consulaires ayant saisi le président de la Chambre de l’instruction de la CRIEF, dans le même document, ‘’le Bureau Consulaire National (BCN) affirme, entre autres, que l’AGO du mois de mai 2024 été effectuée avec rigueur et efficacité…, malgré la non-présentation du Plan d’actions et du Budget 2024 aux élus de la CCIAG pour adoption’’. Ils notent que l’absence de validation du Budget 2024 a été mentionnée dans le document.
Projet de Budget 2025 et Plan d’actions 2025
Dans la correspondance adressée à la CRIEF et consultée par VisionGuinee, les requérants estiment que ‘’malgré la transmission des deux documents par le BCN aux élus, qu’il n’y a pas lieu de les soumettre et de les approuver au cours de cette Assemblée Générale Ordinaire programmée dans la mesure où il n’y a pas eu de plan d’actions et le Manuel de Procédure, Rapports du Commissaire aux Comptes et de la Cour des Comptes validés pour les exercices 2022,2023 et 2024, en dépit des exécutions qui en ont résulté’’.
Compte tenu de ce qu’ils qualifient de faits graves qu’ils dénoncent, ils proposent l’ajournement de l’Assemblée Générale Ordinaire programmée pour les 17 et 18 décembre 2024 en attendant l’issue judiciaire de ce dossier ; la suspension des trois (3) ordonnateurs des dépenses déjà inculpés pour des infractions graves afin qu’ils puissent répondre de leurs actes devant la justice. Ils estiment qu’une telle mesure est nécessaire pour éviter de nouveaux dysfonctionnements et garantir la bonne gestion de la CCIAG.
Ils demandent également que les conclusions de l’audit, entamées depuis plus de quatre mois, soient communiquées à toutes les parties concernées. Ils se disent plus que jamais ‘’convaincus que la confirmation et l’application des propositions ci-dessus mentionnées permettront d’assurer le bon fonctionnement de la CCIAG, la protection de l’image de notre Institution, de celle de notre pays et de consolider les efforts louables fournis par les Autorités et notamment par Son Excellence Monsieur le Président de la République, Général d’Armée Mamadi Doumbouya’’.