Il y a des rencontres qui bouleversent. Des moments suspendus dans le tumulte de la vie politique où l’on croise des êtres d’exception. En 2021, j’ai eu le privilège de partager un déjeuner avec Cellou Dalein Diallo dans sa résidence de Dixinn, quelques semaines après la prise du pouvoir par le CNRD. C’était une journée ordinaire, mais elle a laissé en moi une marque indélébile.
J’ai vu un homme profondément humain, entouré de sa famille et de quelques fidèles collaborateurs. Un leader humble, ouvert, droit. Il parlait peu, mais chaque mot portait une sagesse forgée dans l’épreuve. Il écoutait avec attention, répondait avec justesse. Il débattait sans humilier. Il contestait sans insulter. Il divergeait sans rompre.
Ce jour-là, alors que beaucoup auraient cédé à l’amertume ou au repli, j’ai vu Cellou Dalein, debout, digne, envoyer des messages de félicitations aux nouveaux membres du gouvernement. Non pas par faiblesse, mais par respect des institutions, par foi en la République, par volonté sincère d’une transition réussie. Oui, il croyait encore que cette nouvelle page pouvait être différente. Il portait l’espoir.
Aujourd’hui, cet homme est en exil. Non parce qu’il a trahi son pays, mais parce qu’il incarne une idée qui dérange : celle d’une Guinée gouvernée dans la justice, le respect, l’intégrité. Parce qu’il refuse de plier face à l’arbitraire. Parce qu’il est resté fidèle à lui-même, et aux millions de Guinéens qui voient en lui plus qu’un politicien : un repère, une boussole, un père.
Et pourtant, on le réduit au silence. On tente de l’effacer des débats, de le discréditer, de l’écarter des élections. Mais peut-on effacer la voix de tout un peuple ? Peut-on vraiment tourner la page de la Guinée sans celui qui en a été l’une des plus belles lignes ? Peut-on prétendre à la légitimité en excluant celui qui, depuis deux décennies, incarne l’opposition républicaine la plus constante, la plus pacifique, la plus crédible ?
Organiser des élections sans Cellou Dalein Diallo, ce serait voter sans conscience. Ce serait perdre du temps, jeter de l’argent, et creuser un peu plus le fossé entre le peuple et ses institutions. Car sans lui, rien ne sera crédible. Rien ne sera durable. Rien ne sera apaisé.
Il est temps de tourner le dos à la vendetta. De cesser d’humilier les hommes qui ont choisi la voie de l’honneur. Il est temps d’ouvrir les portes du dialogue, sans calcul, sans peur, sans exclusion. La Guinée a besoin de toutes ses forces vives. Elle a besoin de Cellou Dalein.
On peut éloigner un homme du territoire. Mais on ne peut pas l’arracher du cœur de ceux qu’il a inspirés. Cellou Dalein Diallo vit dans le regard de ceux qui espèrent. Il vit dans le silence des blessés, dans les prières des mères, dans la dignité des humbles. Il est loin, oui. Mais il est là. Plus que jamais. Car cet homme, par son parcours, sa dignité et sa constance, continue d’incarner l’espoir de millions de citoyens.
Et tant que cet espoir vivra, la Guinée ne sera pas perdue.
A bon entendeur salut ! D’ici-là, merci de contribuer au débat.
Elhadj Aziz Bah
Entrepreneur, auteur et expert en transformation stratégique
Caroline Du Nord, USA
*Note de l’auteur : Acceptons la pluralité d’idées. Pas d’injures, et rien que d’arguments