Il aura fallu presque trois ans avant que le mirage devienne réalité. Trois ans de tensions et de bras de fer politique… Pour que tout soit prêt pour l’élection du 24 septembre en Guinée, le pouvoir et l’opposition ont mis de l’eau dans leur vin. Et c’est tout un pays qui retient son souffle.
Après l’accord miraculeux du 3 juillet, la Guinée va-t-elle voter sereinement le 24 septembre ? Tout ne tient qu’à un fil, et le fichier des élections législatives est toujours au cœur d’un bras de fer entre l’opposition et le pouvoir guinéens.
On imagine l’inquiétude du médiateur de l’ONU, Saïd Djinnit. Il y a deux mois, il a arraché un compromis. D’un côté, l’opposition s’est résolue à laisser Waymark poursuivre le recensement électoral, bien que cet opérateur sud-africain ait été choisi en avril 2011 sans appel d’offres. De l’autre, le pouvoir a accepté que Waymark soit placé sous la surveillance d’un comité d’’’experts électoraux’’ et que les Guinéens de l’étranger puissent voter. L’accord est astucieux, mais il manque un ingrédient : la confiance entre les deux camps. Et jusqu’à l’installation des députés, tout peut déraper.
Un bilan pour Alpha Condé
Depuis la présidentielle de 2010, c’est manifeste. Nombre de Malinkés de Haute-Guinée se reconnaissent dans le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) du président Alpha Condé, et beaucoup de Peuls de Moyenne-Guinée dans l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de l’opposant Cellou Dalein Diallo. Du coup, dans ces deux régions, les listes d’électeurs sont scrutées à la loupe. Fin août, l’opposition a constaté que le nombre des bureaux de vote et des inscrits augmentait en Haute-Guinée, alors qu’il stagnait, voire diminuait dans son fief de Moyenne-Guinée. Aussitôt, elle a interpellé la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et exigé une correction des listes et une nouvelle répartition des bureaux de vote. Elle a même menacé de reprendre ses marches. Cette année, les violents heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont fait plusieurs dizaines de morts. À Conakry, tout le monde retient son souffle et espère que les dernières propositions de compromis vont être acceptées par les deux camps. ‘’Notre souhait, dit Cellou Dalein Diallo, c’est d’aller aux élections, pas à l’affrontement.’’
Pourquoi tant de tensions ? À cause du fichier, bien sûr, mais pas seulement. À l’origine, les législatives devaient avoir lieu au début de 2011, juste après la présidentielle de novembre 2010. Mais Alpha Condé avait eu tant de mal à battre Cellou Dalein Diallo (52,5 % au second tour, après un premier tour où il n’avait obtenu que 18,2 % des voix) qu’il a soupçonné l’opérateur français Sagem d’avoir sous-inscrit les Malinkés de Haute-Guinée et sur-inscrit les Peuls de Moyenne-Guinée. Exit donc Sagem. Le temps de recruter Waymark et de remanier les listes… les mois ont passé. Surtout, l’opposition s’est requinquée et a menacé de boycotter un scrutin décrit comme biaisé. La communauté internationale s’en est mêlée, et les négociations ont traîné. Lire la suite sur Jeuneafrique.com