Comprendre l’histoire ainsi que le mode de fonctionnement de la presse et des médias chinois était au cœur d’une conférence animée, la semaine dernière à Beijing, par Xu Tiebing, professeur des relations internationales à l’Université de communication de Chine, à l’attention de journalistes étrangers en formation au China international press communication center (CIPCC).
La Chine est le pays d’invention de l’imprimerie et du bulletin d’information destiné à l’administration. ‘’On est le pays qui a inventé l’imprimerie, il y a plus de 1000 ans. Les autorités utilisent depuis très longtemps des moyens de communication. Il y avait des publications officielles, sociales et culturelles, mais limitées, parce qu’avant 1911, le taux d’alphabétisation était faible. Il variait entre 15 et 30% en raison des conflits, invasions et autres’’, indique Xu Tiebing, professeur des relations internationales à l’Université de communication de Chine.
Depuis 1949, avec la fondation de la République populaire de Chine, un nouveau système a été mis en place avec une réorganisation totale de l’Etat dans tous les domaines, y compris les médias. Le Parti communiste chinois (PCC) contrôle les médias et a mis fin à la politisation ou polarisation entre gauche et droite. ‘’Cela ne veut pas dire la fin des médias. Seulement, ils doivent obéir à des orientations politiques fixées par le PCC’’, renseigne M. Xu Tiebing.
Entre 1950 et 1953, les médias, classiquement contrôlés par des capitaux occidentaux, ont été fermés. Une réforme a été menée pour s’inscrire sur la ligne de fidélité. ‘’Vous pouvez faire ceci ou cela, mais en restant dans le cadre autorisé. Il y a un cadre fixé par le pouvoir politique. On ne veut pas de débordement ou de déviation, car les médias doivent jouer leur rôle d’éducation. L’opinion publique doit s’exprimer, mais dans le cadre fixé par le pouvoir politique’’, explique-t-il.
Le début des années 1960 a été marquée par l’avènement de la radio. Il a fallu attendre les années 70 pour voir l’apparition de la télévision dans les grandes villes chinoises L’internet, dont les débuts remontent aux années 90, était réservé au monde académique. ‘’30 ans après, un milliard de chinois sont connectés’’, avance le professeur Xu.
La presse écrite a connu des hauts et des bas. Le Quotidien du peuple, appartenant au Parti communiste chinois, tirait chaque jour 6 à 8 millions d’exemplaires pendant la période de gloire. De nos jours, il ne tire que 2 millions d’exemplaires. La raison ? ‘’Parce que les gens ont changé d’habitudes. On ne lit plus comme avant. Il y a la radio, la télé, mais c’est l’internet fait plus d’échos’’, précise le spécialiste des relations internationales à l’Université de communication de Chine.
Il souligne que ‘’ce n’est pas le Parti communiste chinois qui dirige les médias. Il fixe des principes pour qu’il n’y pas de débordements. C’est aux fédérations ou associations de professionnaliser leurs médias membres’’.
Outre le Quotidien du peuple, le China Daily et la Clarté font parmi des journaux les plus prisés. De nombreux organes de presse thématiques existent. Le China Media Group (CMG), créé 2018, dispose de 47 chaines de télévision, dont sept chaînes internationales proposant du contenu en six langues ; 17 bandes de fréquences radio ciblant un public chinois et une programmation radio en 44 langues ciblant un public mondial.
En Chine, la radio a perdu son rôle de fournisseur d’informations. Dans les années 60 à 80, elle jouait un rôle de mobilisation, de communication surtout dans les campagnes. ‘’Quand il y a des inondations, par exemple, c’était le moyen de communication. Maintenant, avec l’avènement de l’internet, la radio, dans les villes ou campagnes, est devenu un moyen de diversement. La télé est considérée plus fiable. Elle a un rôle central. L’information avec les images jouent un rôle primordial. On peut même retarder le diner pour regarder des infos. La télé beaucoup de plus d’audiences grâce à l’image, contrairement à la radio et à la presse écrite. Par contre, c’est l’internet qui touche plus de personnes’’.
De Beijing, Ciré BALDE, pour VisionGuinee.Info
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