[dropcap]D[/dropcap]epuis début 2017 le climat socio-politique se détériore, les crises s’imbriquent et couvent au sommet de l’Etat. Au regard de ce qui passe aujourd’hui dans notre pays, une explosion de violence mettant en péril la stabilité des institutions et la paix sociale n’est pas exclue si le statu quo devrait perdurer.
Le Président Alpha Condé devrait, à mon sens, mesurer les dangers qui guettent notre pays et prendre les grandes décisions qui s’imposent.
Les courtisans du palais et de la grande sphère de l’Administration publique rassurent tout le temps le Chef que tout va bien et que tout ira bien même si l’on est au bord du gouffre. Hélas, nous n’en sommes pas loin.
Des actes ci-dessous me semblent inévitables pour sauver nos maigres acquis démocratiques
- Renvoyer le Gouvernement actuel en nommant un premier ministre compètent, doté d’une personnalité forte et d’un aura audible tant à l’interne qu’à l’international. Au sein de l’actuel Gouvernement, il y a certes des cadres compétents mais globalement la confiance et l’estime des citoyens sont irréversiblement rompues. Evidemment, ce premier ministre aura la charge de former un Gouvernement inclusif dont les premières missions seront notamment de négocier honnêtement et efficacement avec les enseignants. Les syndicalistes du SLECG ont démontré leur bonne foi et leur intégrité morale. Ils sont donc des interlocuteurs crédibles et incontournables.
- Mettre en place une enquête sérieuse pour identifier et traduire en justice tous ceux qui sont impliqués dans les morts lors manifestations sociales et politiques, ce, quel que soit leur bord politique ou leur statut. Si l’Etat guinéen ne le fait pas, il aura alors failli à sa raison d’être. Nous devons tous combattre les vendeurs de haine et de violence dans nos rangs.
- Confirmer pour l’opinion publique qu’il respectera la constitution et quittera donc le pouvoir dès la fin de son mandat actuel tel qu’il s’est engagé lors de sa prestation de serment en 2015. Son expérience politique, son passé d’opposant intransigeant et de grand syndicaliste méritent mieux qu’une dérive constitutionnelle dont personne ne peut mesurer les conséquences pour notre beau pays. Ceux qui encouragent le Président dans une aventure ambigüe n’aiment ni leur pays, ni le Président. Ils pensent à leurs privilèges du moment.
- Engager des véritables opérations de lutte acharnée contre les détournements des deniers publics par certains hauts placés au sein de l’administration publique. Dans un Etat toute richesse non justifiée est d’origine illicite, cela est encore plus vrai quand on est un agent public.
- Tenir dans toutes les circonstances des discours et des actes républicains. Les guinéens en ont vraiment besoin maintenant. Les grands dirigeants inspirent par leurs paroles et leurs actes. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Pourquoi poser ces cinq actes ? Ces actes lui permettront de bien finir son mandat et de laisser son propre pays dans des bons souvenirs de lui. Il restera, malgré tout, dans l’histoire de son pays comme l’ancien président qui a ouvert la voie à la vraie démocratie. Il sera utile à son pays et à l’Afrique comme le sont beaucoup d’anciens présidents partis démocratiquement du pouvoir. Un regard rétrospectif du président lui permet de poser ces actes, d’entrer grandement dans l’histoire de son pays et inspirer ainsi les nouvelles générations guinéennes et africaines.
Mamoudou BARRY
Chercheur, Université de Rouen Normandie
Bien dit mais aussi ajouté le résultat des audits , traduire en justice ceux qui organisent des manifs sans autorisation.
Ce n’est pas quelqu’un qui autorise les manifs mais plutôt la constitution du pays que personne ne peut changer alors détrompe-toi soit disant Sylla mais conseils à celui qui veut l’entendre et pas à celui qui fait le têtu