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Conakry, une capitale en péril !

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[dropcap]E[/dropcap]n raison des nombreux problèmes de congestion des voiries urbaines, de surconcentration dans la capitale d’activités politiques, économiques, administratives, voire industrielles; de carence chronique en infrastructures d’assainissement; de pollutions et d’absence d’actions (pas seulement de vision) à long terme en matière de planification et de restructuration urbaines, Conakry est aujourd’hui une capitale en voie de disparition.

Son expansion spatiale est sans précédent et se fait de manière horizontale, dans un désordre semblable à sa circulation automobile. On y assiste depuis le début des années 90 à une hausse soutenue de l’exode rural et des migrations régionales vers son centre et ses périphéries.

Ce phénomène a engendré une urbanisation de la pauvreté et accentué les inégalités sociales. C’est-à-dire qu’on assiste encore aujourd’hui et de plus en plus régulièrement à un déménagement de la pauvreté des campagnes vers la capitale. Les premières se vidant de leurs populations jeunes aux dépens des activités agricoles, tandis que la deuxième absorbant ce surplus d’individus sans être en mesure de les qualifier.

Cette surpopulation de la ville a accouché d’une prolétarisation croissante des quartiers urbains qui ont vu grossir leurs populations pauvres en quête d’emplois et d’une meilleure qualité de vie. Ceci a lourdement mis à l’épreuve les services urbains tels que l’eau potable, le transport, la gestion des déchets urbains, etc.

Par ailleurs, en tant que ville côtière, Conakry est également vulnérable sur plusieurs plans : d’abord à cause de la sursaturation de ses quartiers et communes et de la concentration en leur sein d’infrastructures et d’équipements en fin de vie; ensuite parce qu’elle s’expose aussi à la montée du niveau de la mer, à l’érosion et la submersion des zones côtières. Sans oublier les inondations, notamment en cette saison des pluies où l’on assiste régulièrement à des ruptures de canalisations et à des éboulements de terrains, provoquant parfois d’importants dégâts matériels et d’énormes pertes en vies humaines.

Par ailleurs, la densification des quartiers déjà surpeuplés et bâtis la plupart du temps sur des terrains sans reconnaissance géotechnique peut causer à long terme la subsidence du sol et conduire à des dégâts matériels et humains inattendus.

De même, la ville souffre de l’imperméabilité des sols et de l’absence de végétation, ce qui empêche souvent une évacuation naturelle efficace des eaux. Outre ces problèmes, on note aussi souvent la formation d’immenses îlots de chaleur dans les zones de forte concentration de populations, notamment en saison sèche, exposant ces dernières à un stress hydrique terriblement inconfortable.

Si rien n’est fait au cours des prochaines décennies pour pallier les effets néfastes de ces phénomènes naturels, notamment par le biais d’investissements considérables dans l’amélioration des infrastructures de transport et d’assainissement mais aussi au moyen d’une rénovation et d’une restructuration urbaines profondes, Conakry risquerait de se retrouver (comme Tombouctou au Mali), aux alentours de 2050 sur la liste des villes menacées d’extinction à cause du climat. L’ONU prévoit déjà que d’ici à 2050 près de 250 millions de personnes dans le monde pourraient être forcées à s’exiler à cause des effets néfastes du climat. C’est donc le moment d’agir avant qu’il ne soit trop tard.

Aboubacar Fofana
Ingénieur en Structure
Montréal, Canada

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