La condamnation à deux ans de prison ferme du président du MoDeL par le tribunal de Kaloum pour offense au chef de l’Etat suscite de l’indignation au sein de l’opinion. Mamadou Fadia Baldé, membre du Conseil national de la transition (CNT), dénonce une justice instrumentalisée au service de la junte militaire, décidée à faire taire toutes les voix discordantes du pays.

Ce conseiller national estime que la condamnation d’Aliou Bah par la justice prouve à suffisance le retour des anciennes pratiques combattues sous le régime d’Alpha Condé. ‘’Les autorités guinéennes ne se laissent pas instruire par les leçons de l’histoire, à mesure qu’elles se succèdent. Les attitudes et les comportements sont pires. Ce sont les individus qui changent, mais les méthodes restent’’, regrette Mamadou Fadia Baldé.

Il assure que cette décision de la justice contre le président du MoDeL s’inscrit dans une volonté de museler l’opposition et de faire taire les voix critiques.

‘’Quand est-ce qu’on peut s’attendre à un véritable changement si les autorités, qui ont pour mission de nous protéger, usent du pouvoir pour nous violenter, violer, emprisonner, séquestrer, enlever, tuer ? La justice qui a fait son mea-culpa, après la prise du pouvoir par le CNRD le 5 septembre, sert plus que jamais d’instrument de règlement de compte politique pour les nouvelles autorités. Comment peut-on croire à une telle justice, si toutes les condamnations servent à régler des comptes aux opposants ?’’, s’interroge le conseiller Baldé.

‘’On peut tout reprocher à Monsieur Aliou Bah, sauf sa communication. Malgré qu’il soit le plus jeune politicien, il est reconnu par ses pires ennemis, le jeune politique le plus coordonné dans sa communication. Heureusement que tout le monde sait que son procès est un procès politique et que lui-même, il était préparé à une telle chose. Surtout, étant ces derniers temps le rare leader politique qui dénonce les abus du CNRD’’, ajoute-t-il.

Appelant à une solidarité collective avec Aliou Bah et tous les prisonniers politiques, ce collaborateur de Dansa Kourouma exhorte le peuple guinéen à se mobiliser pour défendre les valeurs démocratiques et à exiger une justice équitable pour tous.

‘’Il n’y a pas longtemps, certains le traitaient de peureux, ils le comparaient à Sonko. Aujourd’hui, il est arrêté et condamné à tort, où sont ces personnes-là ? Au lieu de comparer un leader sénégalais à un leader guinéen, comparez les deux peuples. Au Sénégal, le peuple est exigeant vis-à-vis de ses autorités. En Guinée au contraire, le peuple est presque néant, la société est défaillante’’, déplore M. Baldé.

‘’Au lieu de s’occuper de l’essentiel, nous nous occupons des questions de communautés et d’ethnies. Alors qu’il n’y a qu’un groupuscule issu de toutes les communautés qui profitent et pillent nos richesses sous nos yeux impuissants’’, poursuit-il.

Pathé BAH, pour VisionGuinee.Info

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