Après 11 ans d’incarcération à la maison centrale de Conakry suite à condamnation à sa perpétuité dans procès sur l’attaque de la résidence d’Alpha Condé à Kipé, le commandant Alpha Oumar Boffa Diallo dit AOB a recouvré sa liberté le samedi 5 janvier dernier. 

C’est à son domicile de Dubréka où il savoure sa liberté après la grâce présidentielle qui lui a été accordée par le colonel Mamadi Doumbouya que l’ancien garde rapproché du général Lansana Conté a reçu un reporter de VisionGuinee pour un entretien. Extraits…

‘’Je suis croyant. Je n’oublierai jamais le seul cadeau que mon père m’a offert pour la première fois quand je suis venu lui dire en 1986 que je suis admis pour aller en France. Il m’a demandé ce que je veux ? Je lui ai dit ‘je veux que tu m’assistes financièrement’. Il m’a demandé de l’attendre dans sa chambre. Quand il est revenu, il m’a dit ‘je te recommande deux choses : Il faut prier tant que tu peux.  Deuxièmement, si tu touches à l’alcool, je prie Dieu que tu ne reviennes plus en Guinée. Et si tu restes là-bas, que Dieu ne t’accorde pas longue vie’.

Il [mon père] a bien fait de me donner ces deux conseils. Parce que là où on était,  les réfectoires où on mangeait, un hangar pouvait prendre 500 parachutistes. L’école forme plus de 15 000 parachutistes par an. Et c’est écrit devant le portail : ‘Un bon soldat, c’est celui qui a le ventre plein avec à l’intérieur, jus de fruits, ananas, citron, bière, vin rouge. Vous ouvrez, vous consommez à votre faim’. S’il ne m’avait pas alerté au début, j’allais toucher à l’alcool.

Il m’a dit ‘tant que tu pries, tu restes avec Dieu. Le jour que tu abandonnes la prière, c’est fini pour toi’. Donc, j’ai la foi et je suis l’un des hommes les plus avertis parmi les militaires. Pourquoi ? Après l’attaque du domicile d’Alpha Condé le 19 juillet 2011, on a jeté une sur dans ma voiture. C’était une grenade défensive. Normalement, elle est mortelle jusqu’à 35 mètres de rayon. C’est un miracle de dire que quelqu’un a eu la malchance de sauter sur une grenade et il en est sorti indemne. Quand je me suis vu à l’hôpital, après quelques jours, la jambe bandée, les éclats au niveau de l’abdomen, la jambe gauche fracturée à autres endroits, la droite à trois endroits et que par la suite, je retrouve ma santé, ma foi en Dieu s’agrandit.

Il y a un penseur qui a dit que dans la vie, il n’y a ni bonheur, ni malheur. Il n’y a que la contradiction d’un état à un autre état. Au moment où je sortais de la prison, je faisais 2 heures de sport. Vous pouvez aller demander à la maison centrale. Quand je partais à 7 heures, je revenais à 9 heures. Donc, la foi en Dieu et le courage m’ont permis de tenir bon en prison pendant 11 ans. J’ai considéré la prison comme mon domicile.  Vous pouvez demander, je partageais tout ce que je gagnais. Je tendais la main à tout le monde. C’était ça ma devise en milieu carcéral.

Je remercie tous les guinéens, pas seulement les jeunes. Parce que j’ai vu les réactions, après ma sortie, sur les réseaux sociaux, les déclarations dans les radios. Depuis que je suis sorti de prison, je n’ai pas eu la chance de dormir une heure qu’une seule fois après avoir pris des médicaments. Je reçois des visites.  Donc, je remercie tous les guinéens sans exception. Parce que j’ai vu les réactions des gens à l’intérieur, tout comme à l’extérieur du pays.

Je remercie mes parents et tous ceux qui m’ont assisté en prison. Parce que j’ai passé 11 ans en prison sans solde, sans ravitaillement. Dieu a fait que j’ai pu continuer à supporter ma famille. C’est moi qui donnais la dépense dans ma famille ici et à Boffa.  C’est Dieu seul qui peut faire cela. Mes enfants aussi étaient tous dans des écoles privées. Il fallait payer leur scolarité, leur transport et tout le reste. Durant les 11 ans, Dieu m’a toujours assisté. Je remercie Dieu et toutes les personnes de bonne volonté. Je ne suis l’ennemi de personne’’.

Par Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info

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