[dropcap]A[/dropcap]près la prise du pouvoir par la junte militaire en décembre 2008 suite au décès du président Lansana Conté, le général Facinet Touré a rencontré le capitaine Dadis Camara et son compagnon d’armes le général Sékouba Konaté. Il était question pour le général à la retraite, ancien membre du Comité militaire de redressement national (CMRN) de prodiguer des conseils aux nouveaux hommes forts du pays.

Le 28 septembre 2009, 157 manifestants sont tués, plusieurs femmes violées. Le 3 décembre de la même, Dadis Camara fait l’objet d’une tentative de meurtre par son aide de camp, le lieutenant Aboubacar Toumba Diakité. Evacué d’urgence au Maroc, il poursuivra sa convalescence à Ouagadougou où le numéro 3 de la junte, le général Sékouba Konaté est désigné président de la transition guinéenne, après un accord obtenu sous l’égide de Blaise Compaoré.

Le général Facinet Touré qui a suivi de près Dadis et Konaté se souvient encore des conseils qu’il leur a prodigués. ‘’On dit toujours ‘Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait’. Pour nous, ce sont des bébés. Je ne parle pas tellement de Dadis, mais Sékouba, je l’ai pris dans mes bras quand il était bébé, dans ses langes. J’ai encore la photo d’ailleurs chez moi’’, explique-t-il dans le Grand débat sur Tamata Fm.

‘’A leur âge, on est idéaliste, on voit toujours le ciel bleu. On dit qu’à cet âge-là si on ne se comporte ainsi, on n’a pas de cœur. Mais si à 40 ans, on continue à se comporter ainsi, on est imbécile. Ils n’ont pas l’expérience’’, estime le médiateur de la République.

Dès la prise du pouvoir par la junte, se rappelle-t-il, ‘’je me suis assis devant ces deux [Dadis et Konaté]. Je leur ai dit ‘si vous réussissez, nous en serons fiers, vous nous auriez aidé là où on a échoué. Si nous, nous avions péché à certains endroits, vous, vous allez réparer, mais commencez par vous écouter, respectez-vous’’’.

‘’Je leur ai dit aucun de vous n’est venu pour se plaindre de l’autre, mais rien qu’à vous regarder, je vois que vous n’êtes pas d’accord’’, a-t-il dit à l’époque à Dadis Camara et à Sékouba Konaté avant de poursuivre : ‘’Il faut vous maintenir aussi à votre première déclaration. Il y a des groupes de soutien qui se forment, qui viennent vous raconter n’importe quoi, ne les suivez pas’’.

Le général Touré dit avoir l’impression de n’avoir pas été entendu. ‘’La jeunesse avec son tempérament les a permis de nous écouter, mais pas de nous entendre. On voyait la tension, c’est à peine si on ne disait pas il y a l’armée de Sékouba, Dadis et celle de Pivi. Les ingrédients d’un cocktail étaient en train de se réunir’’, assure-t-il.

‘’Quand je suis allé une fois au Burkina, je suis allé rendre visite à Dadis. Quand il m’a embrassé, il a parlé sur mon épaule comme s’il regrettait. Si tout était à refaire, il aurait écouté tout ce que je lui disais même si je crois que les erreurs commises sont inhérentes aux hommes de leur âge’’, relativise le doyen Facinet Touré.

Ciré BALDE, pour VisionGuinee.Info

00224 664 93 14 04/cire.balde@visionguinee.info