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Coup d’Etat au Niger : la CEDEAO est en train de jouer à sa dernière carte de crédibilité

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Le communiqué conjoint des putschistes, que faut-il comprendre ? Par-dessus le tout, mon angle de vue par rapport à ces communiqués de circonstance oscille autour de deux points : le rapport de force entre la CEDEAO et les quatre pays dirigés par les juntes militaires (1), et le risque d’une escalade des crises de nature multipolaires et multidimensionnelles (2).

D’abord, la CEDEAO est en train de jouer à sa dernière carte de crédibilité, c’est-à-dire son joker et son avenir quant aux respects des principes fondateurs de ladite institution.

La question qu’on se pose est la suivante : pourquoi l’institution semble être inaudible ?

Premièrement, elle avait non seulement fait preuve d’inaction face à la violation de certaines règles relatives au respect du nombre et durée de mandat présidentiel, mais aussi elle a manqué de stratégie visant à empêcher toutes formes de manœuvres (militaire ou constitutionnel) pour s’accrocher au pouvoir.

Deuxièmement, les chefs d’État qui portent la voix de l’institution ont pour la plupart perdu toute leur légitimité dans leurs pays respectifs.

Pour preuve, le président de l’institution Ahmed Bola a été élu sous fond de contestation. M. Alhassane Dramane Ouattara est en train d’exercer un troisième mandat largement boycotté par l’opposition et critiqué par une bonne partie l’opinion publique africaine. M. Umaru Cissoko a également été élu sous fond de contestation. Et, M. Macky Sall est critiqué pour avoir instrumentalisé la justice pour écarter son farouche opposant Ousmane Sonko.

L’autre variable explicative de la crise, c’est aussi le soutien probable des puissances occidentales (France) considérées par les masses critiques africaines comme le principal pays déstabilisateur de la révolution en cours contre la pensée unique et contre l’infantilisation de l’Afrique.

Est-ce que nous pouvons redouter un risque d’escalade ?

Sans doute, le risque d’une escalade est imminent dans la mesure où la CEDEAO tient mordicus à son opération militaire vu que la voie diplomatique semble échouée. Or, les putschistes comprenant le déséquilibre des rapports de force si de telle mesures est envisagée se sont rapprochés pour former un bloc stratégique militaire de 4 États : Mali-Burkina-Niger-Guinée. C’est trop malin en tout cas.

Maintenant qu’est-ce que nous redoutons de plus comme conséquences à court, moyen et long termes ?

D’abord, c’est le risque d’embargo de la CEDEAO, la confiscation du pouvoir par les putschistes et les opérations militaires de déstabilisation à travers l’instrumentalisation des branches radicales de l’opposition et certains acteurs de la société civile. Ce serait le chaos total. Prière de ne pas en arriver là.

Par ailleurs, nous ne devons pas perdre de vue l’intervention des puissances opposées sur le plan idéologique : Russie et France dans la crise qui se dessine sur le continent. En vérité, les tensions idéologiques version africaine seront bientôt inscrites dans le positionnement géostratégique et géopolitique des grandes puissances.

Comme disait l’autre, l’avenir se jouera en Afrique. Les populations civiles, soit dit en passant, seront les premières victimes, puisque c’est le combat des titans.

Redescendons sur terre !

Aly Souleymane Camara
Analyste politique et consultant média

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