[dropcap]S[/dropcap]urclassé dans les grandes largeurs par la Mannschaft en demi-finale (1-7), le Brésil est sèchement éliminé de sa Coupe du monde. Plus qu’une déception, un traumatisme. Le rêve d’une sixième étoile à la maison s’est évaporé brutalement pour la Seleção ce mardi avec une claque historique subie (1-7) face à une Allemagne aussi efficace qu’impitoyable.

Ce tournoi, qui devait être une fête et une consécration pour 23 joueurs et 200 millions de personnes, a tourné au vinaigre en cinq petites minutes, le temps pour les Allemands de marquer 4 fois entre la 24e et la 29e minute, portant alors le score à 5-0.

Sonné, l’estádio Mineirão s’est partiellement vidé, tandis que les spectateurs restants s’observaient les uns les autres, les yeux écarquillés pour certains, les larmes sur les joues des autres. Ils assisteront à une deuxième période de même facture qui verra les Allemands répéter leurs gammes face à des joueurs assommés et ajouter deux autres unités. Nombreux seront les axes de réflexion pour tenter d’expliquer cette déroute, de la Neymar-dépendance aux choix de Luiz Felipe Scolari en passant par l’hyperémotivité des joueurs.

Klose dépasse Ronaldo

La vérité, c’est surtout que cette Allemagne était beaucoup trop forte pour la Seleção et qu’une fois évaporé ce supplément d’âme qui l’habitait et lui permettait de franchir les tours aux forceps la dure réalité est venue rattraper la troupe de Scolari. La première faille du soir a été cette erreur de marquage criante sur le corner de Kroos, qui a pu déposer un centre sur Müller (0-1, 11e).

Malgré une volonté évidente de bien faire, la Seleção va se livrer, trop vite, et offrir des espaces dans lesquels ses adversaires vont s’engouffrer avec délectation. Dans un instant figé, Klose s’est installé seul en tête des meilleurs buteurs de l’histoire de la Coupe du monde, après un redoublement de passes dans les 18 m auriverdes (0-2, 23e). L’attaquant de la Lazio culmine désormais à 16 buts en 4 Coupes du monde jouées.

La suite du match sera un long calvaire. Comme pour illustrer ce milieu ultra-dominateur, Kroos s’est offert un doublé, une demi-volée impeccable du gauche (0-3, 25e) et une combinaison avec Khedira (0-4, 26e). Le milieu du Real Madrid va donner des airs de débâcle au score avant même la demi-heure de jeu (0-5, 29e), scellant dès lors l’issue du match.

Sans pitié, l’Allemagne continue en deuxième

Revenus des vestiaires avec pour unique objectif de limiter les dégâts – sorties de Hulk et Fernandinho pour Ramires et Paulinho -, les Brésiliens ne verront pas la lumière bien longtemps. Neuer finira de les écoeurer en sortant un tir d’Oscar (52e) puis une double occasion de Paulinho, à bout portant (54e), se mettant au diapason de ses coéquipiers. La Mannschaft va continuer son oeuvre de démolition, le rentrant Schürrle y allant de son doublé, un plat du pied au coeur des 18 m (0-6, 70e) et un tir sans angle en pleine lunette (0-7, 80e).

La réduction du score anecdotique d’Oscar au bout du match, dans une ambiance irréelle de consternation, n’atténuera pas la douleur de le Seleção. Giflée, humiliée, elle quitte sa Coupe du monde sur une défaite historique. Stratosphérique, l’Allemagne jouera, elle, sa huitième finale dans un Mondial, avec l’ambition d’un quatrième titre. Que ce soit face aux Pays-Bas ou à l’Argentine, elle en sera, quoi qu’il en soit, l’immense favorite.

Par Tidiany M’Bo (in Le Point)