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Coups d’Etat et récul démocratique : le grand mal qui ne finit pas de ronger !

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Le retour des coups d’Etat vient confirmer la fragilité des systemes de gouvernance politique appliqués dans certaines anciennes colonies francaises en Afrique Occidentale. Les conséquences de ces coups de force pour acceder au pouvoir constituent un obstacle majeur à une démocratisation normale, adéquate, civilisée, durable et moderne de nos societés respectives. 

En effet, nous assistons à du déja vu, car c’est dans les années 1960 et 1970 que les forces armées commencèrent à faire irruption dans l’arène politique pour s’emparer illégalement du pouvoir dans plusieurs pays Africains. Mais, les raisons utilisées pour renverser les regimes d’alors sont relativement differentes de celles poussant les néo putschistes de passer à l’action.

A l’époque, le phénomène, nouveau sur le champ politique entraîna brutalement une fin de règne de nombreux pères fondateurs qui furent pourtant, de vaillants et incontournables artisans de l’indépendance de leurs pays : au Togo, au Mali, au Dahomey (actuel Benin), en Haute Volta (actuel Burkina Faso), au Niger, en Mauritanie, pour ne citer que ces pays.

Les coups d’Etat militaires s’intensifiaient un peu partout sur le continent noir et devenaient quasiment un fait banal et une tradition dans plusieurs pays. Mais, apres la chute du mur de Berlin en 1989, l’Afrique n’était plus cette zone d’influence férocement convoitée par les blocs socialiste et occidental. Un nouvel ordre mondial sous la domination des pays à la culture démocratique et au systeme économique capitaliste s’imposait de façon universelle. Cette réconfiguration dans la sphère des rélations internationales fragilisait ainsi, sérieusement presque tous les regimes qui etaient sous la tutelle du camp de l’Est.

Au debut des années 1990, une vague de révolutions populaires citoyennes et de constestations sociales sont venues braver et déranger les regimes autoritaires. Des manifestations de plus en frequentes dans presque tous les Etats autocratiques, appellant au multipartisme et à l’organisation d’élections démocratiques pour determiner le libre choix des peuples ébranlaient des dictatures militaires jusque là inamovibles et solidemment assises.

Ensuite, dans la zone subsaharienne francophone du continent, certains despotes et anciens putschistes furent contraints a ouvrir l’espace démocratique dans leurs pays, compte tenu des nouvelles exigences d’assistance, de coopération, d’aide bilaterales et multilaterales imposées par la France à ses anciennes colonies au sortir du fameux sommet de la Baule.

Ironiquement cette fois, nous nous rétrouvons devant une nouvelle tendance plus ou moins ‘’légitime’’ pour accepter ou tolerer certains coups d’Etat qui ciblaient des regimes, eux mêmes issus de coups d’Etat. Desormais, on ose penser qu’une nouvelle géneration d’officiers militaires avertis, bien formés et non assoiffés de pouvoir seront des ramparts sûrs contre les dictatures et les ambitions de présidences à vie.

En temoigne, la prise du pouvoir au Mali par le Colonel Amadou Toumani Touré (ATT) en Mars 1991, pour mettre fin aux 22 ans de règne sans partage du Géneral Moussa Traoré. La conduite reussie de la courte transition malienne ayant permis l’arrivée d’un civil au pouvoir, en l’occurence Alpha Oumar Konaré, suiscita un énorme espoir de voir enfin, une gouvernance démocratique prosperer en Afrique Francophone sous l’œuil vigilant d’une armée « garante » de la stabilité politique.

Mais la chute et la mort de Kadhaffi en Lybie, suivies de la désintrégation de ce pays, entraînèrent la montée en puissance de mouvements indépendantistes et islamistes dans la bande sahelo saharienne. Cette nouvelle situation présentant une grave atteinte à la sécurité intérieure et à la stabilité socio-politique de nombreux pays, tels que le Mali, le Niger et le Burkina. Aujourd’hui, cette zone constitue une sorte d’épicentre de la résurgence des coups d’Etat qui deposent des présidents considerés démocratiquement élus, malgré une présence militaire significative de grandes puissances, notamment des Etats Unis, de la France et de forces multinationales.

Le Mali, où le capitaine Sanogo avait chassé bizaremment Amadou Toumani Touré en 2002, à 2 mois de son second et dernier mandat, s’illustre de nouveau. Ce pays donne encore le ton avec la nouvelle situation géopolitique et sécuritaire qui prevaut dans la région.

Ibrahima Boubacar Keita evincé par le Colonel Assimi Goita, en paye les frais, le premier. Au Burkina, Roch Kaboré est ecarté du pouvoir par le Colonel Damiba. Ce dernier aussi, quoique étant militaire est destitué par le capitaine Ibrahima Traoré. L’armée au Niger emboitant les pas de ses voisins en faisant tomber Bazoum, il ya quelques semaines.

Le dénominateur commun des arguments avancés par les putschistes étant les mêmes : dégradation de la situation securitaire, corruption, incapacité manifeste des pouvoirs civils a eradiquer les menaces que posent les mouvements terroristes…

En depit des condemnations et des sanctions émanant de la Cedeao, de l’union Africaine, de la France, des Etats Unis…ces coups d’Etat arrivent, tant bien que mal a trouver de l’echo et du support au sein des populations, déja profondement eprouvées, vulnérables et désesperées.

Paradoxalement, ces pays redeviennent le theâtre de convoitises, entre d’un coté la France et ses alliés et de l’autre la Russie de Vladimir Poutine. Une sorte de guerre de procuration que se livrent Russes avec Wagner, Francais, Americains et la Cedeao dans cet espace hautement stratégique qui risque de créer une dislocation grave de plusieurs Etats de la sous region.

En observant attentivement les évènements rocambolesques de toute cette saga Africaine, nous comprenons aisement pourquoi Barack Obama avait plaidé pour des « institutions fortes et non des hommes forts » pour l’Afrique.

Almamy Kemo

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