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Crise en Guinée: Vers la sortie du chaos?

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Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? C’est l’une des questions que l’on se pose, non sans raison, face à la décrispation de l’atmosphère politique à Conakry. En effet, après l’annonce du pouvoir de désigner bientôt un médiateur en vue de permettre aux Guinéens de s’asseoir autour de la même table et de laver le linge sale en famille, l’opposition y est également allée de son geste d’élégance en suspendant la marche publique qu’elle avait prévue.

L’heure semble ainsi aux compromis et ce ne sont pas les populations guinéennes qui s’en plaindront. Bien au contraire. Comme on ne le sait que trop bien, la Guinée traîne une sale réputation en termes de qualité de sa gouvernance politique. Avec le règne de terreur du libérateur devenu autocrate, Sékou Touré, celui du non moins dictateur Lassana Conté, l’intermède chaotique du sulfureux capitaine Dadis Camara avec comme point d’orgue les tueries et viols de manifestants au stade du 28-Septembre, les Guinéens auront vu la cruauté militaro-politique dans tous ses états. Et, au regard du traitement infligé par le Professeur Alpha Condé depuis sa prise de pouvoir à ses contempteurs, on ne peut pas dire que le peuple guinéen qui en a vu des vertes et des pas mûres comme on l’a déjà souligné, est encore sorti de l’auberge.

Hier opposant légendaire, aujourd’hui chef d’Etat autoritaire, l’actuel chef de l’Etat guinéen a jusque-là montré à l’occasion qu’il savait avoir la main lourde dans la répression de ses détracteurs. L’opposition guinéenne de son côté est résolue à ne pas s’en laisser conter. Elle n’a de cesse de contester le manque de démocratie, de liberté de manifestation et d’expression réelles, et in fine, le déficit de légitimité de Condé. On se souvient en effet dans quelles circonstances s’étaient déroulées les élections qui l’ont porté au pouvoir. Bien des gens n’ont pas été convaincus de l’intégrité des chiffres « sortis des urnes ». Les violences communautaires de l’entre-deux-tours ont fait craindre le pire qui, visiblement, n’a été évité que grâce, entre autres, à l’élégance dont a fait montre le challenger d’alors de Condé, Cellou Dallein Diallo.

De toute évidence, ce contexte n’a pas manqué de ternir sa victoire et Condé n’a rien fait depuis lors pour redorer son blason. La grande méfiance entre les politiques guinéens s’est traduite par des manifestations de l’opposition sévèrement réprimées, avec à la clé, des macchabés sur le carreau. Avec Condé, la violence a donc continué à trôner au cœur de la gouvernance politique en Guinée au grand dam de ceux qui s’étaient pris à rêver de démocratie à la nouvelle du décès du grand timonier Conté.

Toutefois, on a l’impression que les lignes sont en train de bouger actuellement, les Guinéens semblant s’inscrire désormais dans une logique de pacification du jeu politique. On ne peut que s’en réjouir. Pourvu que ça dure, s’empresse-t-on de souhaiter, comme pour faire office d’exorciste. En effet, il faut maintenant croiser les doigts pour que ce ne soit pas juste le calme avant la tempête. Il appartient aux Guinéens, toutes tendances confondues, de saisir cette occasion pour briser le cercle vicieux de l’horreur, pour rompre la tryptique accalmie – manifestations – répression qui, depuis belle lurette, est une sorte de marque de fabrique de la politique dans ce pays. Le président Condé devrait saisir l’occasion pour respecter les engagements pris en faveur d’une Guinée démocratique avec ses fils et filles réconciliés entre eux et avec eux-mêmes. Il urge d’éviter les annonces non suivies d’effet et qui se révèlent de simples ruses du pouvoir pour reprendre la main quand les choses vont mal, pour gagner du temps. Les Guinéens gagneraient à sortir de cette sorte d’opéra où la bataille est ponctuée de quelques accalmies, le pouvoir ne lâchant du lest et l’opposition ne faisant de concessions que pour mieux reprendre chacun son souffle et repartir de plus belle. Il faut sortir de cette stratégie du chaos.

Pour le recours à un médiateur, ce n’est pas une mauvaise chose en soi. Mais il ne faut pas perdre de vue le fait qu’un médiateur, quelles que soient ses compétences, ne peut rencontrer de succès que si les parties en conflit sont disposées à dialoguer, que si elles se prêtent au jeu. Il faut espérer que les élites politiques guinéennes, le chef de l’Etat au premier chef, vont enfin changer leur fusil d’épaule pour que l’on puisse voir un autre visage de cet Etat aux potentialités non négligeables mais qui trône au panthéon des pays misérables du fait de l’attitude quasi-démentielle de ses élites.

Visionguinee.info avec  Le Pays 

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